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    Room 104 sur OCS : 3 bonnes raisons de rattraper cette série anthologique inclassable
    Julia Fernandez
    Julia Fernandez
    -Journaliste Séries TV
    Elevée à « La Trilogie du samedi », accro aux séries HBO, aux sitcoms et aux dramas britanniques, elle suit avec curiosité et enthousiasme l’évolution des séries françaises. Peu importe le genre et le format, tant que les fictions sortent des sentiers battus et aident la société à se raconter.

    Diffusée depuis le 10 novembre sur OCS City en US+24, la saison 2 de la série des créateurs de "Togetherness" continue d'explorer les recoins de l'imaginaire au sein d'un unique décor de chambre d'hôtel, et se dote d'un casting cinq étoiles.

     Parce qu'à l'heure de la "Peak TV", ça fait du bien de pouvoir regarder une série de façon sporadique

    Pas le temps ni la motivation de rattraper les trois derniers épisodes de 52 minutes de cette série commencée un mois plus tôt ? Avec Room 104, pas de problème : un épisode, une histoire. Seule la chambre d'hôtel sert d'arène commune. Aucun rapport entre les intrigues, toutes situées à des périodes différentes et ne respectant aucune chronologie. Idem pour le ton de la série : tantôt intimiste, tantôt horrifique ou frisant avec le surnaturel, et basculant parfois carrément dans l'expérimental, on ne sait jamais ce qui nous attend dans la chambre 104. 

    Volontairement inclassable, la série porte l'empreinte de la mouvance mumblecore de ses créateurs, Jay et Mark Duplass, figures de proue de la production audiovisuelle indépendante aux Etats-Unis. Découverts à Sundance en 2005 avec leur film Puffy Chair, ces touche-à-tout de la création ont notamment créé les séries Togetherness et Animals, et produit et/ou réalisé plus d'une vingtaine de films, dont le remarqué Tangerine. Egalement comédiens, on a pu les apercevoir dans Transparent, The Mindy Project, Tully ou encore Search Party.

    Le format 26 minutes de la série représente par ailleurs une prouesse en matière d'écriture : l'épisode Red Tent ("L'Attente explosive", saison 1) est un véritable sommet de suspens, tandis que d'autres épisodes sont des tire-larmes inattendus. Les rapports familiaux y sont souvent abordés, ainsi que le deuil, l'absence et la gestion de ses propres désirs. Chaque épisode, indépendant, se suffit à lui-même, et nous livre une histoire poétique et fascinante, comme suspendue hors du temps.

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    Parce qu'elle est rafraichissante en termes de casting

    Dans la première saison, petit budget oblige, aucune grosse star ne volait la vedette en devenant le guest phare d'un épisode. Tous les acteurs, pour la plupart issus de la télévision, sont au diapason. On y aperçevait notamment Keir Gilchrist, la révélation de Atypical sur Netflix, et Amy Landecker, actrice de la série Transparent dans laquelle Jay Duplass interprète son frère cadet.

    Dans cette saison 2 au casting bien plus impressionnant, on croise sur un même pied d'égalité et dans des rôles souvent à contre-emploi, Rainn Wilson (légendaire Dwight de The Office), Mahershala Ali (House of Cards, Moonlight,True Detective), Brian Tyree Henry (Atlanta), ou encore Michael Shannon (Take Shelter, Boardwalk Empire), qui livre une performance de rap pour le moins inattendue...

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    Parce qu'elle rend hommage au format anthologique

    Aujourd'hui, on parle souvent de série anthologique à l'échelle d'une saison entière : American Horry Story, Fargo, True Detective... Or les premières séries anthologiques, dont la plus ancienne remonte à Alfred Hitchcock présente dans les années 1950, étaient une succession d'histoires courtes avec pour seul point commun leur genre : outre le crime et le thriller, on y trouvait de la science-fiction avec La Quatrième Dimension, du fantastique avec Au-delà du réel, et de l'horreur avec Les Contes de la Crypte et Chair de Poule. Toutes étaient souvent réalisées dans une grande économie de moyens, avec peu d'effets spéciaux, en ayant beaucoup recours au hors-champ et aux ellipses pour suggérer les scènes de violence.

    Dans Room 104, on revient donc au format anthologique dans son sens traditionnel, comme le fait par ailleurs Black Mirror dans la science-fiction et la dystopie, mais à une échelle beaucoup plus modeste et ingénieuse, à travers un style et un ton hybrides difficile à catégoriser. Si tous les épisodes ne se valent pas (on se demande parfois jusqu'à quel stade de crédulité les créateurs cherchent à nous embarquer) et si certains épisodes se terminent sur un final parfois déceptif, on ne s'ennuie jamais, émerveillés par tant d'ingéniosité et d'imagination développés dans un cadre aussi limité que celui d'une banale chambre d'hôtel. Catalyseur de nombreux récits et faits divers américains sordides, souvent symbole de solitude, elle incarne un lieu où tout est éphémère et transitoire. La série explore l'envers de ce lieu où mille destins se croisent, dans toute sa banalité et sa richesse. Après avoir vu Room 104, votre chambre d'hôtel ne vous laissera plus jamais indifférent.e...

    Retrouvez la série le jeudi à 23h15 et en replay sur OCS City !

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