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    Les Bronzés font du ski : cannibalisme, scènes coupées, tournage piégé... 5 choses que vous ne saviez (peut être) pas
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 12 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    "Les Bronzés font du ski", comédie culte de Patrice Leconte, avec toute la bande du Splendid, est diffusée ce soir sur TF1. Dans notre vidéo Fun Facts spéciale, son réalisateur revient sur des anecdotes méconnues et sur le succès de cette trilogie.

    AlloCiné : A l'origine, vous ne vouliez pas faire de suite... 

    Patrice Leconte, réalisateur : Quand on a fait Les Bronzés 1, on a dit 'non, non, jamais il n'y aura un Bronzés 2'. Et quand on a fait le 2, on a juré qu'il n'y aurait jamais de 3. Donc quand on me pose la question : 'y aura-t-il un 4 ?', je suis incapable de répondre. 

    Le premier est sorti et il a eu un succès agréable, et on s'est dit qu'on serait quand même con de ne pas faire un 2, surtout qu'après le soleil, on allait aller à la neige. C'était amusant à faire, à écrire, à inventer, donc on s'est dit 'on va faire le 2'.  Mais on ne fera jamais le 3 ! (sourire)

    Le Splendid dit qu'il ne voulait pas se lancer dans une série à la manière des Charlots...

    C'était ça, le danger. On se sentait plus fort que ça, plus malin, plus intelligent, plus inventif. On se disait : on a fait Les Bronzés, ça a marché mais on a plein d'autres idées en tête. On ne va quand même pas commencer à faire Les Bronzés 1, 2... Le Fils des Bronzés, Le Retour des Bronzés... On ne voulait pas tomber dans cette espèce de travers de suite, de Fast and Furious n°12. Mais on aurait pu faire Fast and Furious fait du ski ! Ca aurait été pas mal ! (sourire)

    Il y a eu ce projet des Bronzés à New York

    Il y a eu un projet aussi de Bronzés aux Etats-Unis...

    En effet, après Les Bronzés 1 et après Les Bronzés font du ski, on s'était dit que dans le fond c'était agréable. Tous ces personnages, on les aime. Est-ce qu'on ne pourrait pas les emmener quelque part ? Il y a eu ce projet des Bronzés à New York, et là on entrait un peu dans le processus de suite. Je crois que Jugnot, Clavier, Lhermitte sont partis à New York pour aller respirer un peu l'air de la 5ème avenue et de Broadway, voir s'il y avait des trucs à faire. Il y a un bout de scénario qui a commencé à être écrit, puis ça s'est effiloché et ça n'a jamais eu lieu. Mais c'est peut être aussi bien d'ailleurs. Si on commence à rentrer dans ce processus de suite dans lequel on ne voulait pas tomber... Mais il y aurait eu des trucs à faire forcément. Mais ça ne s'est pas fait.

    Il y a eu un projet d'un Astérix que devait tourner Gérard Jugnot avec un peu tout le Splendid

    Les Bronzés 3, on l'a fait parce que depuis tant d'années, on a chacun mené nos vies séparément et on se disait que c'était quand même dommage qu'on ne se retrouve pas tous. Il y a eu un projet d'un Astérix que devait tourner Gérard Jugnot avec un peu tout le Splendid. C'était une occasion pour eux de se retrouver. Puis le film ne s'est pas fait. Et ils étaient déçus de ne pas se retrouver. C'est là qu'ils se sont dits, dans le fond, plus de 20 ans après, et si on se posait la question de 'que sont-ils devenus ?' C'est comme ça que le film est né, mais c'était au départ, vraiment, le plaisir d'être à nouveau ensemble. Sans doute avec moins d'insouciance qu'à l'époque des premiers Bronzés. Parce que là on risquait gros. Il y avait une telle attente sur Les Bronzés 3 qu'on ne pouvait pas faire un truc décevant ou qui ne marche pas. 

    40 ans après, que vous évoque le succès non démenti des Bronzés n°1 ?

    C’est un truc inouï quand même, cette aventure ! Jamais quand on a tourné Les Bronzés et Les Bronzés font du ski on ne pouvait s’attendre à ça. On ne savait pas qu’on était en train de faire des films inusables. C’est d’autant plus curieux que quand ces films sont sortis, ils ont eu un succès agréable mais ce n’était pas Star Wars ! Ca n’est qu’après, à force avec les passages et repassages et re-repassages à la télé, que les films sont devenus inusables, je n’ose pas dire éternels ! Ce qui est assez marrant, c’est qu’il y a des gamins qui aujourd’hui connaissent ces films par cœur, mais quand ces films sont sortis, même leurs parents ne se connaissaient pas. 

    Ces films ont eu un succès agréable mais ce n’était pas Star Wars !

    Un autre truc marrant, c’est que ces films sont sur DVD, et on pourrait imaginer que parce les gens les connaissent par cœur, quand ça passe à la télé, ils ne regarderaient pas. Et puis, ils se trouvent que quand ça passe à la télé, ils les regardent. Pourquoi ils le regardent à la télé puisqu’ils l’ont chez eux ? En fait je crois qu’il y a une espèce de machin étrange que je comprends assez bien qui est une communion virtuelle. On se dit qu’on regarde Les Bronzés font du ski sur la 2 par exemple, et en même temps, il y a d’autres gens qui rigolent au même moment. Alors que quand on regarde un DVD, même si on est avec des copains, c’est forcément plus limité. Je pense qu’il y a quelque chose qui s’apparente à ça : « ça passe ce soir à la télé. Plein de gens vont regarder donc je regarde aussi ». 

    On n’aimait pas le titre, on n’aimait pas l’affiche, on aimait rien… Comme quoi !

    J'aimerais à présent vous faire réagir à plusieurs choses, anecdotes, qui se disent au sujet du film. La première : le titre Les Bronzés ne faisait pas l'unanimité...

    On n'aimait pas ce titre. Le titre de la pièce de théâtre (Amours, coquillages et crustacés) était difficile à mémoriser. Mais Les Bronzés, ça nous énervait beaucoup. On n’aimait pas le titre, on n’aimait pas l’affiche, on aimait rien… Comme quoi ! 

    C'est le Splendid qui a fait front pour que vous réalisiez...

    Au départ, le producteur Yves Rousset Rouard n’était pas sûr que ce soit une bonne idée de me confier le film parce que je n’avais fait qu’un film avant qui n’avait pas marché très fort. Donc il voulait bétonner l’affaire avec un réalisateur un peu confirmé qui rassurerait tout le monde. Mais au Splendid, ils ont tenu bon parce qu’on s’entendait bien. Ils avaient aimé mon premier film et ils s’étaient dit qu’avec moi ce serait bien, parce qu’ils disaient ‘on est six Bronzés, Patrice sera le 7ème et au moins, le film nous échappera pas et on le fera vraiment ensemble’. Je ne les remercierai jamais assez parce que d’une certaine manière, oui c’est vrai, ils m’ont imposé sur le film.

    Je ne remercierai jamais assez le Splendid parce que d’une certaine manière, oui c’est vrai, ils m’ont imposé sur le film

    Il aurait été question que Coluche essaye de réaliser le film...

    Mon premier film qui s’appelait Les WC étaient fermés de l’intérieur, avec Jean Rochefort et Coluche. Coluche AURAIT dit au Splendid : Leconte, je le connais, il est naze, je vais faire le film plutôt moi. Au Splendid, ils se disaient que s’ils faisaient le film avec Coluche, il allait leur échapper, il allait les déposséder du film. Donc ils n’ont pas voulu. C’est bien, ce sont des gens tenaces, et je les remercie. 

    La scène des algues a nécessité une logistique particulière...

    Quand on a avait écrit la scène des algues, on retirait le maillot de Michel Blanc qui était obligé de se protéger avec des algues. On s’est rendu compte qu’en Côte d’Ivoire, là où on a tourné le film, il n’y a pas d’algues, mais pas du tout. Donc on a été obligé de faire venir de Bretagne ou d’un marchand d’huitre de Paris, je ne sais plus, dans une espèce d’emballage en polystyrène qui protège du froid et du chaud. Les algues sont arrivées mais on n’avait pas de quoi faire trois prises : on en n'avait pas une brouette,  juste un petit container ! Je disais à Michel Blanc : déconne pas, parce que si on n’a plus d’algues, on est foutus ! 

    On ne peut pas s’en plaindre, il y avait une ambiance très potache sur le tournage

    Le Splendid était farceur sur le tournage...

    On ne peut pas s’en plaindre, il y avait une ambiance très potache. Moi j’étais noué à l’intérieur car j’avais vraiment envie que le film soit réussi, mais il ne fallait pas que je montre que j’étais tendu comme une arbalète, donc j’étais assez rieur aussi.

    Sur Les Bronzés, en Côte d’Ivoire, j’étais là l’après-midi  en train de réfléchir à des choses, me reposer, et je vois débouler dans le bar Michel Blanc, le T-Shirt arraché, ensanglanté, le nez ouvert, me disant : « Patrice, je reste pas une minute de plus, je prends mon billet d’avion, je rentre ce soir à Paris ! » Un, il est dans un état épouvantable de colère. Contre qui il en a ? Je n’ai rien compris.   Je me dis : si j’arrive à le calmer, ça va être bien, mais de toute façon, on ne peut pas le filmer car il a le nez explosé. Quel comédien ! Et puis, quand il a vu que j’étais tout blême, parce que je me disais que mon film était à l’eau, ils sont tous sortis de derrière les buissons et il a retiré son postiche de faux nez éclaté. Et moi, j’ai marché comme un bleu quoi !

    Ce qui est drôle, c’est d’imaginer Michel Blanc en accord avec ses copains, qui dans la chambre du maquilleur se fait faire un faux nez, du sang… C’est Pim Pam Poum en fait !

     #Fun Facts - Les Bronzés 

     Propos recueillis le 5 janvier 2018 à Paris à l'occasion d'une projection anniversaire des Bronzés au Grand Rex

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