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    Cannes 2019 - John Carpenter : "Je fais des films parce que je n'ai pas le choix"
    Emilie Schneider
    Emilie Schneider
    -Journaliste
    Amatrice d’œuvres étranges, bizarres, décalées et/ou extrêmes, Emilie Schneider a une devise en matière de cinéma : "si c'est coréen, c'est bien".

    Lauréat cette année du Carrosse d'or, le cinéaste John Carpenter était l'invité de la Quinzaine des réalisateurs où il a donné une masterclass ce mercredi 15 mai. Morceaux choisis.

    Echo Lake Productions

    Depuis 2002, les cinéastes de la Société des réalisateurs de films remettent le Carrosse d'Or, un prix qui salue l'audace et l'indépendance d'un cinéaste. Après Martin Scorsese l'an dernier, c'est John Carpenter qui a les honneurs de la Quinzaine des réalisateurs. Les festivaliers ont eu ainsi l'occasion de (re)découvrir sur grand écran The Thing, huis-clos glacial porté par Kurt Russell et les saisissants effets spéciaux de Rob Bottin, puis d'assister à une masterclass du cinéaste animée par les réalisateurs français Katell Quillévéré (Réparer les vivants) et Yann Gonzalez (Un couteau dans le cœur).

    Dans une ambiance détendue, le réalisateur s'est prêté au jeu pendant plus d'une heure. Il est notamment revenu sur le succès inespéré d'Halloween qui lui a permis d'enchaîner avec son premier film de studio, The Thing, qui malheureusement est descendu par la critique et le public à sa sortie : "Je ne me rendais pas compte que Halloween avait cartonné à l’époque. Les premières critiques étaient mauvaises puis il y a eu un nouveau souffle quand le film est sorti à New York".

    Si The Thing est un échec, il lui a néanmoins permis de travailler avec Ennio Morricone. Il s'agit de l'une des rares fois où John Carpenter n'a pas signé lui-même la bande-originale d'un de ses films.

    Quand on lui demande s'il vaut mieux suggérer l'horreur ou la montrer, il plaisante : "du moment qu'il y a des cris, ça me va". Il poursuit : "Quand j'ai fait The Thing, j'ai senti qu'il y avait une règle tacite à Hollywood sur le fait qu'on ne devait pas montrer le monstre au cinéma. Mais j'ai décidé de briser cela, quitte à ce que ça déplaise à certains spectateurs". Lui qui adorait les films de monstre depuis l'enfance regrette désormais qu'il n'y ait que des films de super-héros.

    Mettant régulièrement en scène des personnages d'outsider, il affirme se considérer lui-même comme "un électron-libre [...]. Il faut se battre pour imposer sa vision quand on fait des films. […] Vous avez de la chance en France d'avoir le final cut". Évoquant ses collègues réalisateurs, il admire des "maîtres" comme George RomeroTobe Hooper et Dario Argento. C'est d'ailleurs sous l'influence d'Inferno, qu'il qualifie de "crazy shit", qu'il s'est lancé dans Prince des ténèbres, désireux d'atteindre la même liberté de ton et la même folie.

    Entre deux confidences, John Carpenter n'oublie pas de plaisanter ("Vous n’avez jamais entendu quelque chose d’aussi ennuyeux ? Ça vous intéresse vraiment ?") et lance aux spectateurs assis au balcon : "Vous êtes punis ?" Mais redevient sérieux quand on lui demande pourquoi il fait des films. Sa réponse est alors sans appel : "Parce que je n'ai pas le choix. Je fais des films parce que je le dois".

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