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    James Bond 25 : Phoebe Waller-Bridge (Killing Eve) promet des personnages féminins mieux écrits

    Venue à la demande express et personnelle de Daniel Craig, la créatrice de Fleabag récemment adapté en France (Mouche) explique ce qu’elle a apporté à la franchise.

    2015 Sony Pictures Releasing GmbH

    Phoebe Waller-Bridge est probablement l’une des autrices les plus en vue à Hollywood en ce moment. L’anglaise est un peu une reine Midas qui transforme tout ce qu’elle touche en or (bon ok, elle n’a pas pu faire grand chose pour Solo : A Star Wars Story). Entre Fleabag unanimement salué par la critique et Killing Eve dont la première saison a su créer un joli consensus (mérité), l’anglaise incarne cette génération de femmes à qui rien ne fait peur et ne se prive d’aucunes casquettes (scénariste, réalisatrice, actrice, productrice, dramaturge). Ses oeuvres sont toujours inscrites dans une contemporanéité de circonstance, prenant la voix sur la représentation des femmes… et le féminisme (oui, le mot est lâché)

    « James Bond doit rester fidèle à qui il est »

    La voir intervenir sur un James Bond pouvait surprendre. On ne peut pas dire que le célèbre agent secret anglais soit un modèle de modernisme, le personnage étant plus facilement ancré dans des archétypes d’une autre époque, d’un autre temps. Est ce qu’il existe toujours une place pour ce mâle alpha ? Assurément révèle Phoebe Waller-Bridge pour Deadline : « Il y a eu énormément de discussions sur la pertinence ou non [de la franchise] aujourd’hui, notamment sur ce qu’il incarne et la façon dont il traite les femmes. Ce sont des foutaises ! Je pense qu’il est absolument pertinent. La franchise doit simplement grandir. Elle doit simplement évoluer et la chose la plus importante, c’est que le film traite correctement les personnages féminins. [James Bond] n’a pas à le faire. Il doit rester fidèle à qui il est ».

    De quoi taire certains fans à la vision étroite qui s’imaginaient déjà avec une révolution féministe de leur personnage très macho sur les bords. Non, l’autrice a bien cerné la nature du héros, particulièrement la version de Daniel Craig : « Quand j’ai découvert son James Bond, j’ai beaucoup aimé le côté un peu ironique de sa performance. Je suis très impatiente d’écrire des dialogues pour lui ». Et question ironie, l’anglaise maîtrise très bien le sujet.

    « Il y a des similitudes entre Villanelle et James Bond »

    Phoebe Waller-Bridge rappelle également qu’elle ne réécrit pas le scénario, elle se contente de le polir. Comprendre qu’elle ne touche pas à l’histoire mais peaufine les détails afin de rendre l’ensemble vraie : « j’ai toujours pensé que le test pour moi, en tant qu’actrice, quoique j’écrive est : est ce que j’aimerai jouer ce rôle ? J’ai donc entrepris l’écriture avec cette pensée, je veux être sûre que lorsque Lashana [Lynch], Léa [Seydoux] et Ana [de Armas] liront ces pages, elles se disent “j’ai hâte de jouer ça”. Comme actrice, j’ai rarement ressenti cela dans ma carrière. Cela me procure tellement de joie de pouvoir apporter ça à une actrice ».

    Evidemment, on imagine que son expérience sur la première saison de Killing Eve qui met également en scène les services secrets britanniques a pu lui être nécessaire pour composer ce 007 : « il y a des similitudes entre Villanelle et James Bond. Ce sont deux personnages que nous aimons, même à travers leur violence. Les motivations de la tueuse sont moins clairs que les siens. Elle veut de l’argent et des fringues. Lui essaie de protéger son pays. Mais ce côté borderline dans leur psychologie me semble intéressant. Quelqu’un qui peut tuer et ensuite devenir tout à fait affable. Il y a une façade séduisante. Mais l’esprit de James Bond est ce que j’apprécie le plus dans la franchise ».

    « Mes collaborateurs ne s’adressent pas à moi en tant que “scénariste-femme” »

    Finalement, cette façon très recentrée pour exprimer le travail de l’autrice, comme rédigé en introduction de cet article, ne limite-t-il pas la vision que l’on pourrait tenir de son oeuvre ? Comprendre que les réflexes qui voient dans sa venue sur la franchise britannique une façon de rendre le film plus féminin, voire féministe ne serait-il pas une autre façon de faire rentrer l’anglaise (et les femmes) dans une case ? « C’est un moyen de nous enfermer et de nous contrôler dans notre travail. Et immédiatement, être capable de mettre un noeud autour de notre production collective et la laisser là. “Ceci est le travail des femmes”, c’est un piège, parce que nous voulons en parler, parler de nos expériences, les partager et faire en sorte que notre voix soit correctement rapportée ». Elle poursuit en rappelant que son genre est uniquement évoqué par les journalistes, analyses ou critiques : « mes collaborateurs et collègues ne s’adressent pas à moi en tant que “scénariste femme” où ils me demanderaient “peux-tu m’envoyer ta dernière version féminine du scénario, s’il te plait ?” ».

    Ce n’est pas une surprise, on a toujours pensé que Phoebe Waller-Bridge était une talentueuse autrice et une femme intelligente. Ses notes d’intention concernant son travail sur James Bond sont intéressantes et prouvent qu’elle n’entend pas bouleverser la nature du personnage mais de jouer avec, d’offrir des rôles féminins plus variés, plus riches, plus complexes. C’est peut-être ce dont la franchise avait le plus besoins. Pas de réécrire son personnage-titre qui est qui il est mais de montrer autour de lui, un monde qui a évolué.

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