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    Hal Hartley : redécouvrez sa trilogie Long Island en salles !
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Le cinéaste Hal Hartley ressort en salles trois de ses longs métrages, que l'on surnomme la "Trilogie Long Island" : "L'Incroyable vérité", "Trust Me" et "Simple Men". Une autre facette du cinéma indépendant américain.

    Les Films du Camelia

    Trois films du réalisateurs américain Hal Hartley ressortent ce mercredi. Situés à Long Island, ces films se sont faits rebaptisés la "Long Island Trilogy", et dressent des portraits de personnages d'une incroyable modernité. Voici les trois titres actuellement dans les salles :

    Josh Hutton, après un séjour en prison pour meurtre, retourne dans son village natal. Il rencontre Audry, toute jeune fille avec laquelle il sympathise. Elle lui propose de travailler pour son père qui tient un garage. Excellent mécanicien, il l'embauche, mais il voit d'un mauvais œil Josh tomber peu a peu sous le charme de sa fille.

    Un mois avant que Sexe, mensonges et vidéo de Soderbergh ne lance au Festival de Cannes ce que l'on a appelé le renouveau du cinéma indépendant américain, Hartley propose un film d'une surprenante modernité, très influencé par le style de Jean-Luc Godard. Cependant, Hartley apprend son métier et ne va pas expérimenter à outrance pour ce premier opus. Il choisit donc pour chaque scène de poser sa caméra dans le décor, et de laisser les comédiens libres de jouer leur partition avec le plus de naturel possible. Ce sont eux qui dictent l'énergie du film. On peut alors voir L'Incroyable vérité comme une succession de tableaux, chacun avec une intention et un rythme différents. Dicté par des contraintes budgétaires, ce choix de mise en scène ne pénalise pas le film car les comédiens (menés par Adrienne Shelly et Robert John Burke) sont à leur meilleur, avec des dialogues qui sonnent justes. Notez qu'à titre anecdotique, on peut voir dans le film Edie Falco, alias Carmela Soprano de la série éponyme.

    Maria est enceinte mais son petit ami préfère pratiquer le football que de l'aider . Lorsqu'elle apprend à ses parents qu'elle va quitter ses études pour élever seule l'enfant, son père meurt d'une attaque. Sa mère la juge responsable du drame et la chasse, et Maria va faire la connaissance de Matthew, un homme ténébreux qui va la prendre sous son aile.

    Nouvelle thématique pour Hartley, qui cette fois décide d'aborder le sujet de la monoparentalité et -encore une fois- de mettre un personnage féminin en tête d'affiche. Mais surtout, alors qu'on pourrait penser que Matthew soit le sauveur de la jeune femme en détresse, il n'en est rien, et le film prend justement le contre-pied de cette situation car si Maria a besoin de Matthew, ce dernier a lui aussi un grand besoin de se faire aider. Lui aussi fuit un parent oppressif et se trouve dans un état émotif assez délabré. Avec Trust Me, la caméra d'Hartley est plus assurée, elle se déplace, saisit d'avantage de moments "sur le vif", ce qui rend le film plus moderne encore, car le style s'adapte aux errances de Maria et aux accès de violence du père de Matthew.

    Dennis et Bill McCabe sont deux frères totalement différents : si le premier est un étudiant timide, le second est un petit délinquant qui sort d'une relation compliquée ayant juré sa vengeance sur les femmes après que sa petite amie l'a quitté. Dennis propose à Bill de partir à la recherche de leur père, un révolutionnaire disparu une vingtaine d'années auparavant.

    Présenté en compétition au Festival de Cannes, Simple Men est le premier film de Hal Hartley à toucher un public international. Comme dans les deux films précités, Hartley s'attache à des relations : de fils à père, d'homme à femme, de frère à frère, qui toutes vont amener les personnages à se remettre en question. C'est notamment le cas de Bill (Robert Burke), qui de mysogyne va faire évoluer sa mentalité au contact d'une femme mature. De façon générale, les héroïnes féminines du film lui montreront -notamment par la force- qu'il doit les considérer et leur accorder le respect qu'elles méritent. Le film est célèbre pour sa scène de danse, qui fait référence à celle de Bande à part de Jean-Luc Godard, lorsqu'Anna KarinaClaude Brasseur et Sami Frey se livre à une petite chorégraphie dans un café. Par ce clin d'oeil, Hartley ancre un peu plus son cinéma dans celui de la Nouvelle-Vague tout en le modernisant et en lui donnant une actualité folle. Pour cela comme pour toutes les raisons susmentionnées, la "trilogie Long Island" d'Hartley mérite qu'on la reconsidère d'urgence.

     

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