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    Syndrome E sur TF1 : les secrets de fabrication de la série avec Vincent Elbaz
    Jérémie Dunand
    Jérémie Dunand
    -Chef de rubrique télé / Journaliste
    Bercé dès l’enfance au rythme de Sous le soleil, de P.J., ou des sagas de l’été, il se passionne de plus en plus pour les séries françaises au fil du temps. Et les dévore aujourd’hui (presque) toutes, de Balthazar à Scènes de ménages, en passant par Hippocrate, Candice Renoir, Ici tout commence.

    Alors que la diffusion de "Syndrome E" prend fin ce soir sur TF1, la réalisatrice Laure de Butler, qui avait déjà travaillé sur la série à succès "La Promesse", nous dit tout sur la fabrication de ce polar sombre et audacieux avec Vincent Elbaz.

    AlloCiné : Après La Promesse, la proposition de réaliser Syndrome E est-elle vite arrivée ? Et qu'est-ce qui vous a attiré dans ce projet de polar très singulier ?

    Laure de Butler (réalisatrice) : La proposition est arrivée peu de temps avant la diffusion de La Promesse, en décembre 2020. Je venais de terminer la post-production de la série, et c'est Anne Viau, la directrice de la fiction de TF1, qui a glissé mon nom aux producteurs Sophie Révil et Denis Carot.

    Denis, je le connaissais déjà, car j'avais travaillé avec lui sur des projets dans mon ancienne carrière d'assistante réalisatrice. Et j'avais également déjà travaillé avec Mathieu Missoffe, le créateur et scénariste de Syndrome E, donc c'était rassurant de partir dans cette aventure avec eux.

    J'ai tout de suite eu un coup de coeur pour Syndrome E parce que ça me permettait de rester dans le genre du polar et du thriller que j'adore. Et en même temps il y avait ce petit amusement, où on poussait un peu le curseur du genre. Et une impression d'amplitude. Il y avait quelque chose d'un peu grand qui se tramait dans ce scénario. C'est une histoire qui est au-delà d'une petite enquête de voisinage (rires). Du coup il y avait une dimension assez nouvelle qui me plaisait.

    Quel était le principal défi pour vous en tant que réalisatrice sur cette série ?

    La difficulté était vraiment dans le dosage du genre. Il fallait flirter avec le fantastique tout en restant en réalité dans le réel et en ne tombant justement pas dans le fantastique. Puisque finalement tout ce qui se passe est réel, tout est scientifique, appuyé par des éléments concrets et réels. Il fallait donc arriver à s'amuser avec ça sans en faire trop.

    Syndrome E
    Syndrome E
    Sortie : 2022-09-29 | 52 min
    Série : Syndrome E
    Avec Vincent Elbaz, Jennifer Decker, Kool Shen
    Presse
    3,8
    Spectateurs
    2,5
    Voir sur TF1+

    Avec la contrainte aussi de ne ne pas pouvoir aller trop loin dans le genre et le gore sur une chaîne comme TF1 en prime ?

    Oui, bien sûr. On en a beaucoup parlé avec Anne Viau. C'est une chaîne que je connais bien, je connais leurs limites. Après, on a toujours envie de pousser les curseurs. Mais je n'avais pas envie d'aller dans du gore pour du gore. Il y avait des moments qui nécessitaient d'être ce qu'ils sont, assez extrêmes. Mais c'est un ensemble.

    J'avais envie de faire de cette série un conte. J'ai beaucoup travaillé sur cet aspect-là, avec la musique, le montage. J'avais vraiment envie de basculer le téléspectateur dans un univers fictif. Et de lui dire "On va vous raconter une histoire, ça va être un peu fou, ça va être génial, mais c'est une vraie histoire, venez". C'est un peu comme du Disney, avec des grands monstres, des grands méchants, mais ça passe.

    Quelles étaient vos influences, vos inspirations ? On pense à Ring lors des séquences qui mettent en scène ce film étrange des années 60 qui provoque des réactions extrêmes sur ceux qui le regardent...

    C'est drôle, on me parle souvent de Ring mais je n'ai jamais vu ce film (rires). Même si je sais évidemment de quoi ça parle et à quoi ça ressemble. En fait, pour définir l'univers visuel, je travaille avec énormément de références, que ce soit des films, des séries, des tableaux, ou juste une image qui va déterminer une colorimétrie, une palette de couleurs.

    Et ensuite, la vraie vision artistique elle se fait à travers le regard que je pose sur le scénario, plus que des références. La mise en scène vient vraiment du scénario et du regard que j'ai sur cette histoire.

    CAROLINE DUBOIS/ESCAZAL FILMS / TF1

    Justement, comment s'est passée la collaboration avec Mathieu Missoffe, le scénariste qui a créé la série à partir du roman de Franck Thilliez ?

    On a passé beaucoup de temps tous les deux à travailler sur le scénario, notamment pendant les phases de casting. Dès que j'avais des interrogations je lui en parlais. C'était souvent lié à des histoires de rythme, j'avais la sensation qu'il fallait parfois resserrer ou étirer certaines choses. Et puis on a beaucoup échangé sur les personnages. Et une fois qu'on avait nos comédiens on a refait des lectures pour affiner les dialogues. C'était un travail déjà très collaboratif sur l'écriture.

    Et ensuite, ça a continué à l'être tout du long. On a fait les repérages ensemble. On a été assez rapidement d'accord sur les décors. Tout s'est vraiment fait d'un commun accord.

    Franck Thilliez, l'auteur des romans centrés sur Sharko et Henebelle, a-t-il été beaucoup impliqué dans la série ?

    À l'origine, Franck avait tenté d'adapter lui-même à l'écran Syndrome E. Et très vite il s'est rendu compte qu'il fallait quelqu'un d'extérieur. C'est là que Sophie Révil a proposé Mathieu Missoffe, qui est rentré dans la boucle. Je sais qu'il y a eu un ping-pong assez léger qui s'est fait entre Franck et Mathieu. Mais très vite Franck a fait confiance à Mathieu.

    Et Mathieu avait de toute façon besoin de s'approprier le roman, de choisir des axes bien précis. C'est une adaptation libre, il y avait des choix à faire. Il y avait tout un tas de contraintes qui faisaient qu'il fallait penser le livre en série. Tout ce travail c'est Mathieu qui l'a fait, mais Franck a assez facilement adhéré à tout ça.

    Après, Franck est passé sur le tournage. Je ne l'avais jamais vu pendant la préparation, c'est vraiment sur le plateau que je l'ai croisé pour la première fois. Il est venu en fin de première semaine de tournage, pour rencontrer surtout nos Sharko et Henebelle, Vincent Elbaz et Jennifer Decker. Et il a suivi de manière très respectueuse notre proposition. Il est très content du résultat. Il est hyper fier de la série, ce qui était un ravissement pour nous.

    La réussite de la série tient aussi à son casting. Vincent Elbaz en Sharko ça a tout de suite été une évidence ?

    Quand je suis arrivée sur le projet, Vincent était déjà là, il avait déjà été choisi. Mais ensuite le nerf de la guerre ça a été de trouver la Lucie Henebelle parfaite. Jennifer Decker a assez vite convaincu tout le monde, elle a fait des essais vraiment super. Il fallait quelqu'un qui a cette rigueur je pense. Jennifer a une vraie précision, c'est une actrice extrêmement technique. Et en même temps elle a ce petit grain de folie, cette poésie, qui était nécessaire pour équilibrer la noirceur du personnage d'Henebelle.

    Une fois qu'on avait le duo, on a créé autour, soit avec des propositions fermes, soit par voie de casting. Ça dépendait un peu des rôles, mais ça a été un travail de longue haleine. On avait envie de quelque chose de nouveau sur cette série. Assembler des gens qui venaient d'univers différents et sortir un peu des cases. Je déteste les cases.

    CAROLINE DUBOIS/ESCAZAL FILMS / TF1

    Est-ce qu'il y a une scène que vous retenez, qui a été plus compliquée à tourner que les autres ?

    Il y a des journées qui sont plus compliquées que d'autres, de manière totalement concrète et pratique, car on a beaucoup de décors, beaucoup de déplacements. Ce sont des journées un peu stressantes quand on réalise car on sait qu'on a beaucoup de déplacements. Et c'est du temps de travail qu'on a de fait en moins. On sait qu'il va falloir aller vite mais faire bien.

    Et ensuite, il y a une scène à laquelle je pense dans l'épisode 6, avec des enfants, mais on ne peut pas trop en parler sans spoiler. Il y a eu quelques scènes comme ça un peu délicates. Mais il y avait des enjeux tout au long de la série. Des rencontres émotionnelles et narratives qu'il ne fallait pas rater.

    On sait depuis la présentation de Syndrome E à Séries Mania qu'il y a une volonté du côté de TF1 de faire une saison 2, d'adapter un autre roman de Franck Thilliez en cas de succès. Cela signifie que vous rempileriez à la réalisation ?

    Je ne sais pas. Je ne lis pas dans les cartes (rires). C'est une équipe avec qui j'ai adoré travailler. Mais j'ai besoin aussi d'aller ailleurs, de m'essayer à d'autres aventures. Après, tout dépend de quand, de comment. Mais en général, dans mon travail, je n'aime pas me reposer sur mes acquis. J'ai une passion pour les défis, pour la nouveauté. Mais on verra.

    Vous auriez envie de sortir un peu du polar et d'aller vers d'autres univers ?

    Peut-être, oui. J'aimerais bien, encore une fois, ne pas être mise dans des cases. Je débute, j'ai commencé en tant que réalisatrice dans le polar, j'ai fait des projets dont je suis hyper fière. J'ai une passion pour le polar, pour tout ce que ça permet de raconter sur la société. Mais c'est certain que je n'ai pas envie de faire que ça dans ma vie. J'ai envie d'essayer d'autres genres, pour voir si je peux m'amuser ailleurs et si je pourrais être à peu près correcte ailleurs (rires).

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