Mon compte
    Décès du réalisateur Claude Sautet

    Le réalisateur Claude Sautet est décédé samedi d'un cancer à l'âge de 76 ans. Il laisse derrière lui une filmographie courte mais soignée.

    Agence / Bestimage

    Le cinéma français vient de perdre un de ses personnages mythiques. Le réalisateur-scénariste Claude Sautet est décédé samedi d'un cancer du foie à l'âge de 76 ans. En une quinzaine de réalisations, il s'est imposé dans le paysage cinématographique français comme un cinéaste de grand talent, qui a toujours privilégié la qualité à la quantité. Le 7e Art perd son "filmeur entre les lignes", comme il avait été qualifié par l'acteur Patrick Dewaere.

    Sans doute Claude Sautet aura-t-il été un des premiers réalisateurs à gravir différentes marches de la fabrication d'un film avant de passer lui-même derrière la caméra. Son savoir-faire, il l'a acquis en étant d'abord monteur, assistant puis scénariste. Pour les professionnels du cinéma il sera alors l'homme de la dernière chance, celui à qui on peut confier le sauvetage d'un scénario brinquebalant ou d'un montage déficient. Un véritable maître de cérémonie de ce "jeu – un peu privilégié – qui se joue à plusieurs (quelque chose comme le rugby), avec des règles incontournables - plus ou moins perceptibles – et destiné à cet autrui monstrueux, le public, ce partenaire sans visage." (interview donnée à Libération en 1987).

    Bien avant de devenir ce génie du celluloïd, Claude Sautet a été sculpteur, peintre de décors, comédien, étudiant aux Beaux-Arts, critique musical à Combat. Jusqu'à ce que perce cette cinéphilie que sa grand-mère lui avait mis dans le berceau à sa naissance le 23 février 1924. C'est pendant la guerre que s'est joué le sort de Sautet. Il rencontre un monteur de film qui lui offre son premier stage de montage. Les postes d'assistant suivront, peu après sa sortie de l'IDHEC en 1948.

    En 1951, Claude Sautet réalise son tout premier film, Nous n'irons plus au bois. En attendant le succès, il continue à se faire la main en tant qu'assistant et scénariste. Pendant quelques années encore, le public ignorera les films de Sautet. Son nom est surtout associé aux scénarios de Symphonie pour un massacre, Maigret voit rouge ou Borsalino. Ce n'est qu'en 1969, avec Les choses de la vie, que le public et la critique reconnaissent enfin le talent de Sautet. Il reçoit le prix Louis-Delluc en 1970 pour ce film tourné avec Romy Schneider et Michel Piccoli.

    A partir de là, Claude Sautet trouve son public, avide de la touche personnelle que le réalisateur donne à sa peinture de la société française contemporaine. Passionné par ses acteurs, il révèle les comédiens dans ses films : Jacques Dutronc (Mado, 1979), Arlette Bonnard et Eva Darlan (Histoire Simple, 1978). Les rôles qu'il leur offre sont comme taillés sur mesure pour représenter une génération, un milieu, une classe moyenne qui cherche à préserver sa récente réussite sociale.

    Après Un mauvais fils (1980) et Garçon (1983), Claude Sautet réalise quelques spots publicitaires et se consacre activement à la défense des droits des cinéastes à la tête de la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques). Il ne reprendra la caméra qu'en 1988 avec Quelques jours avec moi. Il faut attendre quatre nouvelles années avant qu'il ne gratifie son public d'Un coeur en hiver avec Emmanuelle Béart et Daniel Auteuil. En 1995 enfin sort son dernier film. Avec Nelly et Monsieur Arnaud, Sautet séduit public et critique à l'unanimité. Pour ses deux derniers films il reçoit le César de Meilleur réalisateur. C'est le moindre des hommages à ce grand homme de cinéma comme on dit d'autres qu'ils sont des hommes de théâtre.

    Sa disparition laisse un tout aussi grand vide dans le 7e Art français.

    M.C.B.

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top