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    L'empreinte d'Enrico

    En disparaissant à 69 ans, le cinéaste Robert Enrico laisse des succès comme "Les Grandes Gueules", "Les Aventuriers". Et surtout "Le Vieux Fusil".

    C'est dans une clinique parisienne que le cinéaste Robert Enrico a tiré sa révérence, dans la nuit de jeudi à vendredi, des suites d'une longue maladie. Il avait 69 ans.

    Cinéaste populaire de "films qui sont toute la gloire du cinéma français", comme l'a souligné Pierre Arditi en lui rendant hommage, Robert Enrico faisait partie de ces réalisateurs solides qui affectionnait les sujets sociétaux et historiques. Des sujets forts, humains, bouleversants, souvent difficiles et sensibles, mais que le public appréciait à leur juste valeur.

    Avec trois César obtenus en 1976 (année de la première cérémonie) pour le magistral et traumatique Le Vieux Fusil (Meilleur film – Meilleur acteur à Philippe Noiret – Meilleure musique à François de Roubaix), Robert Enrico s'était hissé au rang d'un "des grands poètes du cinéma français (...) qui avait fait de chacun de ses films des films qui ont fait date", comme l'a ponctué le président Jacques Chirac lors d'un hommage rendu au cours d'un déjeuner de travail, où le chef de l'Etat recevait des représentants de la production cinématographique française.

    Des débuts prometteurs : Cannes et Hollywood

    Né à Liévin (Pas-de-Calais) le 13 avril 1931, Robert Enrico (de son vrai nom Gino Robert Enrico) a passé sa jeunesse dans le Var, du côté de Toulon, où ses parents tenaient une boutique de motos et de cycles.

    Après avoir obtenu son baccalauréat en 1949, il décide de monter à Paris pour y suivre des études à l'IDHEC, section réalisation. Quand il en sort, major de la promotion, il débute comme assistant réalisateur, et monteur sur des films publicitaires. Il collabore sur maints courts et moyens métrages à vocation industrielle, agricole ou encore médicale. Ce qui lui vaudra une réputation de technicien hors pair.

    Une fois son service national effectué, entre 1956 et 1959, au sein du service cinématographique des Armées – où il a comme compagnon de chambrée Claude Lelouch – ce fils d'immigrés italiens va alors se consacrer à la préparation d'oeuvres personnelles. Il se fait remarquer en 1961 par un court métrage fantastique : La Rivière du hibou où les rêveries d'un homme condamné à la pendaison durant la guerre de Sécession. Court métrage qui sera multiprimé à travers le monde, notamment par une Palme d'or (1962) et un Oscar (1964).

    Cette réussite lui ouvre alors les portes du long métrage en 1962 : Au coeur de la vie, où il réunit au sein d'une "novelette" trois de ses courts métrages adaptés des nouvelles d'Ambrose Pierce. Un an plus tard, il réalise La Belle Vie, qui dépeint les difficultés de réinsertion à la vie civile d'un jeune démobilisé de la guerre d'Algérie (Frédéric de Pasquale). Malgré des ennuis avec la censure (la France sort à peine du conflit), le film, simple et dramatique, remporte le Prix Jean Vigo 1963.

    Un cinéma viril et populaire

    Après ces deux semi-échecs, Robert Enrico s'engage alors vers un cinéma plus classique, mais énergique et spectaculaire. Il signe son premier succès, critique et public, en mettant en scène Bourvil et Lino Ventura dans Les Grandes Gueules (1965), d'après le roman de José Giovanni. Une sorte de "western vosgien" dans le milieu des gangsters et de la scierie.

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