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    Nos frangins : pourquoi les bavures policières ne sont pas montrées ?
    Laurent Schenck
    Laurent Schenck
    -Journaliste rédacteur base de données
    Passionné par les films qui traitent de la criminalité au sens large, Laurent Schenck travaille sur la base de données cinéma du site. Ses missions sont les suivantes : la rédaction de biographies et secrets de tournage, l'enrichissement de castings/fiches techniques et la revue de presse.

    A l'occasion de la sortie de "Nos frangins", voici cinq choses à savoir sur ce drame choc qui revient sur les tragiques affaires Malik Oussekine et Abdel Benyahia.

    2022 3b Productions - France 2 Cinéma - Le Pacte - Wild Bunch International

    Nos frangins de Rachid Bouchareb

    Avec Reda Kateb, Lyna Khoudri, Raphaël Personnaz...

    Nos frangins
    Nos frangins
    Sortie : 7 décembre 2022 | 1h 32min
    De Rachid Bouchareb
    Avec Reda Kateb, Lyna Khoudri, Raphaël Personnaz
    Presse
    3,4
    Spectateurs
    3,0
    louer ou acheter

    De quoi ça parle ? La nuit du 5 au 6 décembre 1986, Malik Oussekine est mort à la suite d’une intervention de la police, alors que Paris était secoué par des manifestations estudiantines contre une nouvelle réforme de l’éducation. Le ministère de l’intérieur est d’autant plus enclin à étouffer cette affaire, qu’un autre français d’origine algérienne a été tué la même nuit par un officier de police.

    Le choix de Rachid Bouchareb

    Guy Ferrandis

    Rachid Bouchareb n'a pas voulu montrer le matraquage de Malik ni la bavure policière à Pantin pour Abdel. Le metteur en scène explique : "Dès le départ, je ne voulais pas. Si on peut garder dans l’imaginaire du spectateur comment le deuxième garçon Abdel a été tué, cela sera plus intéressant."

    "Pas la peine de faire la scène. Au spectateur de faire lui-même le travail. Beaucoup de gens ne connaissaient pas l’affaire d’Abdel à l’époque et aujourd’hui encore. Je voulais rééquilibrer tout cela, en l’intégrant au film, tout en montrant le déséquilibre et l’effacement dont elle a fait l’objet."

    L'inspecteur Mattei

    Guy Ferrandis

    Le personnage de l’inspecteur Mattei de l'Inspection Générale des Services de Police (qui fait le lien entre l’affaire Malik Oussekine et la mort du jeune Abdel Benyahia tué à Pantin par un policier ivre), a été créé par Rachid Bouchareb. Ce dernier explique : 

    "Enfin, même si je l’ai créé, ce n’est pas pour autant qu’il n’existe pas car si on a décidé de cacher la mort d’Abdel, c’est bien parce qu’une décision a été prise et que ces deux affaires, survenues la même nuit, ont dû être gérées par la police des polices."

    "Comme l’affaire de Malik et d’Abdel concerne des policiers, je peux créer pour le film un personnage qui passe d’une affaire à l’autre. Pour raconter cette histoire, j’ai pris cette liberté d’inventer ce personnage tout en restant dans une réalité plausible."

    Naissance du projet

    Guy Ferrandis

    Rachid Bouchareb appartient à la génération qui a grandi avec l’affaire Malik Oussekine, survenue en décembre 1986. Le réalisateur explique : "Nous l’avons tous traversée à cette époque, juste après les larges mouvements dont celui de SOS racisme fondé en 1984."

    "Je venais de faire en 1985 mon 1er film, Bâton rouge, et ce drame est arrivé quelque temps après. Il a embrasé toute la France, des centaines et centaines de milliers de personnes. J’étais parti avec ce mouvement de SOS racisme, et l’espoir qu’on allait changer la société car on y croyait beaucoup."

    "On a d’ailleurs fait avancer les choses. Toute la génération des étudiants de cette époque a été très touchée par ce qui s’est passé cette nuit-là. A l’époque, on se demandait ce qu’allaient devenir tous ces enfants nés de l’immigration, la place qu’ils allaient avoir dans la société."

    "Le débat de l’intégration a été posé pour la 1ère génération, la 2ème génération, la 3ème génération... On voit bien qu’entre 1985 et aujourd’hui, rien ne bouge vraiment."

    Le choix du titre

    Guy Ferrandis

    Le choix du titre, Nos frangins, est inspiré de la chanson de Renaud "Petite", que l'on entend à la fin du film, où le célèbre chanteur parle de Malik et Abdel "nos frangins qui tombent" : "Quand nous avons fait des recherches, on a retrouvé cette chanson. Dans les années 80, avec l’arrivée de Mitterrand au pouvoir, on vivait avec l’espoir que la société allait changer."

    "On était tous des frangins, on partait sur cet enthousiasme à construire une fraternité, qu’elle allait se solidifier, qu’elle avait un avenir surtout. Le titre, outre la référence à Malik et Abdel, englobe ce moment", confie Rachid Bouchareb.

    Images d'archives

    Guy Ferrandis

    Rachid Bouchareb a utilisé beaucoup d’images d’archives liées aux manifestations étudiantes contre la loi Devaquet, favorable à une sélection à l’entrée à l’université, et à l’affaire Malik Oussekine. Le cinéaste développe : "Je voulais raconter la deuxième histoire politique avec le mouvement populaire, très fort, la colère des jeunes quand ils apprennent cet événement, l’enterrement."

    "Il est important de rappeler que la France de l’époque, dans de nombreuses villes, est sortie et n’acceptait pas ce qui s’était passé. Je tenais à ce que le film se nourrisse de ces archives qui nous rapprochent d’aujourd’hui. Le film est contemporain, toujours d’actualité. Je n’ai pas ressenti le besoin de marquer les années 80 dans le film car ce qui se passe aujourd’hui est aussi fort qu’à l’époque."

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