« Bienvenue à Suburbicon » est une fable amère et macabre, totalement folle et décalée, assumée comme telle par un George Clooney épatant !
C’est en effet tout simplement excellent d’avoir su trouver ce ton faussement tranquille au départ pour nous embarquer dans un tourbillon de folie familial en presque huis-clos, alors qu’en toile de fond et à deux pas de là, le racisme bat son plein !
C’est un cinéma qui sent la patte des frères Coen et pour cause (!), et dont le cynisme, doublé d’une escalade dans l’horreur nous est servi dans un contexte qui en apparence est en total décalage...
Un véritable pied de nez à l’American Way of Life, dont cette satire se moque à travers une sombre et caustique affaire qui va prendre une ampleur incroyable !
De plus, le spectateur est bien loin de pouvoir prévoir les rebondissements tant tout part dans tous les sens, ou « à vau l’eau » comme dirait notre Matt Damon dépité, complètement inattendu et à contre-emploi ici !
Julianne Moore, assez écervelée (dixit son propre frère !) et franchement hilarante, en nous offrant un numéro tout sourire, et pas trop futée comme jamais.
Certaines scènes où le petit Nicky/Noah Jupe est pris au piège, sont stupéfiantes et nous renvoient au film « la Nuit du Chasseur », alors que son jeu vaut vraiment le détour dans ce sac de nœuds peu commun dont il fait les frais !
Tout est dans ce film extrêmement bien fichu afin de nous perdre dès le début en conjectures à propos de telle ou telle situation, et rétrospectivement on se met même à réfléchir aux quelques détails qui avaient tous leur sens et donc toutes leurs explications, et peut-être même plus si on cherche bien !
La violence verbale et physique est totale, et va dans des extrémités insoupçonnables en étant mêlée à un humour noir grinçant à souhait !
Si on y ajoute des seconds rôles aux petits oignons plutôt originaux, qui se télescopent et interviennent sans s’y attendre, on est comblé !
Alors que tous ces acteurs sont filmés soit en très gros plan, ou sous des angles surprenants et plutôt nouveaux, ce qui leur donnent le plus souvent une dimension angoissante à la présence étonnante...
L’esthétique de ce film en est alors encore plus remarquable, parmi une Amérique des années 50 reconstituée avec finesse, tout cela pour un plaisir des yeux évident !
Franchement bravo pour cette réalisation haut la main, qui pourra sans doute déplaire à certains, mais dont la presse fait la fine bouche sans comprendre vraiment tant ce film est pétri de qualités à tous niveaux...
À découvrir évidemment !