Bien sûr, le Vagabond des mers se laisse regarder, mais il n'arrive pas à la cheville des grands classiques du film d'aventure et de cape et d'épée l'ayant précédés (l'Aigle des Mers, Capitaine Blood, les Aventures de Robin des Bois). Tous les ingrédients pourtant étaient réunis : château en Ecosse, révolte, amour et trahison, galion espagnol, abordage et coffre au trésor. Pourquoi la mayonnaise ne prend-t-elle pas ? D'abord, n'est pas Michael Curtiz qui veut. Il manque à William Keighley la capacité qu'avait Curtis plus qu'aucun autre, d'insuffler à son récit un souffle épique, ce rythme exaltant qui anime "Capitaine Blood" ou "Robin des Bois", et entraine le spectateur à la suite du héros. "Le Vagabond" est bien filmé, mais sans feu, sans flamme, les combats manquent de brio, les dialogues sont plats, le scénario prévisible et facile, les personnages trop conventionnels et puis surtout Errol Flynn n'arrive plus à convaincre et n'est plus que le fantôme de ce jeune homme fougueux, flamboyant, bondissant et irrésistible d'effronterie et d'élégance qu'il était quinze ans plus tôt. De plus, la production n'a pas eu soin de l'entourer dignement : sa bien-aimée est balourde, son compagnon irlandais insupportablement bavard et son frère terne. C'est vraiment dommage d'avoir causé un tel gâchis d'autant plus que ce film était l'un des derniers feux du film de pirates avec "À l'abordage" et "Le Corsaire Rouge" (deux films largement meilleurs) avant que ce genre ne disparaisse des écrans pour ne revenir que la fin des années 1950 pour une dernière période florissante.