Bouzi Bouzouf aime « Redacted » de Brian De Palma, son metteur en scène préféré juste après Kubrick. Mais Bouzi Bouzouf est un fan lucide et il reconnaît que la première décennie du troisième millénaire a été désastreuse pour le réalisateur de « Scarface », avec trois beaux ratages sur quatre films tournés : « Mission to Mars » (un nanar SF avec des cosmonautes qui se rendent sur Mars en faisant une partie du trajet à pied), « Femme fatale » (un thriller mal foutu où De Palma ne fait que reproduire, en moins bien, les morceaux de bravoure filmiques de ses oeuvres précédentes) et « Le Dahlia noir » (une adaptation ratée et mal castée du roman d'Ellroy où, la aussi, De Palma tourne en rond en s'auto-citant). Néanmoins, « Redacted » vient un peu sauver les meubles et prouve que le metteur en scène américain n'est pas complètement fini (en attendant la préquelle des « Incorruptibles » qui, apparemment, serait en production). Mais le problème de « Redacted », outre que son intrigue est un quasi copier-coller de « Outrages », le précédent opus guerrier de De Palma (celui-ci semble ne vraiment pas parvenir à se départir du passé), le problème du film, donc, est qu'il s'avère assez bordélique. Il commence comme un truc conceptuel à la Godard où deux regards sur la guerre d'Irak actuelle se chevauchent : un documentaire français obscur intitulé « Barrage » et un troufion américain qui se filme, lui et ses coéquipiers, sur le théâtre des opérations. Mais le docu va dégager pour laisser toute la place à l'histoire des soldats. Le film devient alors une charge hyper violente (et salutaire) sur l'occupation américaine de l'Irak (à coté, « Green Zone » est un épisode de « Barbapapa »). Ensuite, l'oeuvre réfléchit sur l'éclatement des points de vue dû aux technologies nouvelles, qui rend désormais délicat l'appréhension d'un fait précis. Enfin, est évoquée, avec une charmante punkette tatouée, la difficulté de tourner un film aux States dans lequel ceux-ci ne sont pas glorifiés.