Après « The Room » « l’un des pires films jamais réalisés » de Tommy Wiseau, relaté par James Franco dans son film instructif et jubilatoire « The disaster Artist », j’avais une grande envie de revoir « Ed Wood » de Tim Burton. Je dois avouer que je l’avais vu au cinéma et en étais ressorti quelque peu frustré. C’était après « Batman, le défi ». Je m’étais habitué à un Tim Burton fantastique, sombre et poétique, de « Beetlejuice » à « Edward aux mains d’argent ». Je ne m’étais pas préparé à ce « Ed Wood ». Combien j’étais ravi de revoir Tim Burton avec « Mars Attacks ! » et « Sleepy Hollow ». Avec l’âge, j’ai apprécié ce « Ed Wood ». Non seulement c’est un bel hommage au cinéma de genre, cinéma qui a toujours séduit le réalisateur, un cinéma d’une époque particulière, mais c’est un hommage aussi aux acteurs et aux doux rêveurs, à ces passionnés sincères qui ne vivent que pour réaliser leurs rêves. Ed Wood était un doux rêveur. Ed Wood était un passionné. Et plus tard, Tommy Wiseau. On ne peut pas reprocher à ces hommes leur immense sincérité. Leurs talents est sans doute mauvais (je n’ai vu aucun de leurs films) mais leur sincérité est indéniablement indiscutable. Une sincérité qui flirte nécessairement avec une certaine forme de naïveté, laquelle leur a permis de réaliser leurs rêves. « Ed Wood » c’est Johnny Depp. Remarquable avec son visage toujours béa. « Ed Wood » c’est un sourire de façade lequel constitue une force pour lutter contre le découragement, les revers, les railleries. Même s’il a eu des moments de doutes, de questionnements, ce qui prouve au passage qu’il n’est pas si naïf que ça, il affiche un optimisme à toute épreuve. Johnny Depp nous rend attachant ce Ed Wood ». Quant à Martin Landau, l’acteur nous livre une incarnation de Bela Lugosi magistrale. Il a amplement mérité son Oscar. Il est méconnaissable. Attachante la relation entre Ed Wood et Bela Lugosi. Attachante cette galerie de personnages qui s’agglomèrent autour d’Ed Wood (Bela Lugosi, Criswell, Vampira). C’est un film esthétique en raison de son noir et blanc bien léché ; ce n’est un secret pour personne, Tim Burton a un sens affûté du cadrage et de la lumière. Sa mise en scène est toujours aussi inventive. Je repense à cette séquence du train fantôme ; le wagon qui transporte Ed Wood et sa nouvelle compagne Kathy (Patricia Arquette) s’arrête juste devant une guillotine. Ed Wood déclare son amour à Kathy tout en lui avouant qu’il aime s’habiller en femme, secret qu’il n’avait jamais dit à sa première conquête Dolores (Sarah Jessica Parker) qui après l’avoir appris l’a mal pris ; Kathy n’y voit rien de pervers dans cet aveu à partir du moment où Ed Wood lui assure d’aimer les femmes. La guillotine s’efface et le wagon reprend sa route. Evidemment, la guillotine se serait effacée quoi qu’il arrive, mais dans cette scène, Tim Burton joue avec cette composante ; la guillotine qui se retire soulage Ed Wood. Sa confession est acceptée. C’est un peu comme si Kathy avait en main cette guillotine. En se retirant, la guillotine permet à Ed Wood et à Kathy de s’aimer pleinement. Enfin, la relation entre Ed Wood et Bela Lugosi c’est celle de Tim Burton et de Vincent Price. A voir en V.O pour l’interprétation de Johnny Depp et de Martin Landau, impeccables.