Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en voyant Suspiria n'ayant jamais vu de Dario Argento. Il faut dire que mon rapport avec le cinéma italien d'horreur est un peu limité à Bruno Mattei, quelques mauvais Mario Bava et Joe D'Amato (pas vraiment une référence), j'ai plus exploré la sphère nanar donc.
Et c'est donc très attentif que je lance Suspiria, que j'ai vraiment aimé. J'aime cette manière, sans doute un peu lourde, de venir nous mettre dans l'ambiance dès le début, avec cette musique incessante, nous mettre ainsi mal à l'aise jusqu'à la première mise à mort, où l'on entendra enfin le silence.
Suspiria est le genre de film qui se veut être une expérience à part entière, qu'elle soit visuelle, auditive, ou bien tout simplement sensorielle. Parce que c'est ça qui est proposé, un film qui va jusqu'au bout de ses idées cinématographiques, de son envie de faire un film qui visuellement soit magnifique et en même temps assez dérangeant.
J'aime d'ailleurs le fait que l'on ne sache pas réellement ce qui se passe, qu'on soit dans le flou, que la mise en scène nous fasse sans arrête sentir qu'il se passe des tas de choses étranges, mais sans qu'on ne puisse réellement les saisir. Par contre, tout ceci a des limites, notamment à la toute fin, où tout ça semble se conclure un peu facilement, sans forcément tout expliquer (ce qui n'est pas un mal), mais surtout sans que l'on comprenne pourquoi cette "américaine" pose tant de problèmes et qu'est-ce-qu'ils peuvent bien avoir contre elle.
Mais à part ça, j'aime vraiment la manière avec laquelle tout est amené, que ça soit les meurtres, les moments de suspens, Argento prend le temps de faire monter la tension, on voit que c'est inquiétant, l'image est rouge vive, la musique s'emballe, on comprend petit à petit que tout ceci est sans issue heureuse, que la porte salvatrice, par exemple, ne sera jamais atteinte, renforçant l'angoisse par rapport au destin tragique promis aux personnages.
C'est un film qui se sert des archétypes du cinéma avec la jeune fille naïve qui débarque dans un lieu nouveau où règne la bizarrerie, avec une foultitude de personnages plus inquiétants les uns que les autres et qui va mener l'enquête. Ici on ne peut pas dire que les personnages soient très travaillés outre leur fonction et pourtant, le film n'en a limite pas besoin puisqu'il propose un cadre, un univers sensoriel à ses personnages. Le fait que l'on connaisse immédiatement le personnage, rien qu'en le voyant, permet de multiplier les scènes angoissantes sans passer par trop d'exposition, d'être immédiatement dans le vif du sujet, dans ce qui est fascinant et intéressant : le mystère.