Un des meilleurs Chabrol : la réparation minutieuse et incidieuse du drame, un casting parfait dominé par une troublante Bonnaire et une époustouflante Huppert, encore subtile dans la vacherie.
Un des meilleurs films de Chabrol, dans la veine de " Poulet au vinaigre ", du "Boucher " de " Que la bête meure ". Ce Chabrol là, incisif et cruel campe son histoire au sein d'une famille bourgeoise, heureuse et sans histoire pour mieux souligner l'intensité de ce qui pourrait être un fait divers dont Chabrol était friand. L'opposition entre cette famille aisée d’intellectuels qui fait preuve de générosité maladroite mais sincère à l'égard de ceux qui ne font pas partie de leur milieu et la présence de deux psychopathes, met d'autant mieux en valeur le drame qui se noue insidieusement, progressivement, inexorablement. Chabrol décrit à merveille l'évolution des deux personnages marginaux notamment celui de Sandrine Bonnaire dont on devine la fragilité et la fêlure sous-jacente qui conduira à l'irréparable. Un grand Chabrol.
Le film est sans doute la satire de la bourgeoisie la plus insidieuse, la plus subtile que Chabrol ait jamais tournée. La plus dérangeante aussi parce chacun peut se retrouver dans le portrait de la famille Lelièvre, type-même des "bobos" de province. La plus subversive enfin parce que Chabrol ne vise pas les excès de la bourgeoisie mais sa nature même. Elle a pourtant l'air très sympathique la petite famille des Lelièvre; Sophie, la nouvelle bonne, est accueillie avec gentillesse, et tous semblent vouloir lui faciliter la tâche. Pour un peu -dans l'intention de Chabrol- on reprocherait à la bonne (Sandrine Bonnaire) sa froideur taciturne, son indifférence ingrate. Tout au long du film, Chabrol affine le portrait de Sophie, jeune femme énigmatique que la vie a probablement maltraitée et qui, par ailleurs, tente désespérément de cacher son analphabétisme. Sa relation avec les maîtres de maison se détériorera, et c'est là que la démonstration de Chabrol prend toute sa signification. La gentillesse des Lelièvre ne va pas jusqu'à la bonté vraie, incapables qu'ils sont de considérer leur domestique comme un vrai être. Leur générosité ressemble aux dons que l'on fait aux associations caritatives: du moment que ça ne coûte rien (ces vêtements usagés que l'on donne dans des sacs poubelles, joli symbole ironique). Chabrol dénonce la fausse charité, bourgeoise ou bigote. Avec Jeanne (I.Huppert), la postière du village, Sophie se lie d'amitié. Elles ont en commun d'avoir souffert et de n'avoir rencontré que l'indifférence ou le méprisspoiler: . Leur geste fou, tragique , accentué par l'immaturité (entretenue par la consomation de télévision, clin d'oeil du cinéaste) résonne comme une vengeance. Le dénouement, prévisible, spoiler: est d'une rare cruauté . Il marque dans son excès ce qui sépare encore et toujours les "pauvres gens" et les bourgeois. L'évolution progressive de Sophie et Jeanne, entre autres personnages, détermine le film le plus intelligent, le plus abouti de Chabrol. Bonnaire et Huppert en tête, l'interprétation est formidable.
Chabrol avait dit dans une interview que pour avoir un grand méchant, il suffisait de créer une situation attendue du spectateur et inéluctable, mais d'en retarder le moment le plus possible. C'est ce qu'il fait ici avec maestria. Plus que son habituelle lutte des classes, Chabrol oppose ici (mais est-ce vraiment différent ?) une lutte des cultures ; opposant l’analphabétisme et la bêtise (la folie) à la grande culture bourgeoise. Les acteurs (et surtout Bonnaire et Huppert) sont excellents.
On suit le chemin entre folie et bêtise humaine, emmenés par une garce un peu dingue et une simplette influençable... Mise en scène froide et juste, Huppert et Cassel sont particulièrement bons, les autres bof bof... A voir, mais à revoir? peut-être pas...
Un chef-d’œuvre de Chabrol ( pléonasme) le scénario est adapté d un célèbre fait divers qui a défrayé la chronique dans les années 30 : celui des sœurs Papin. Tout est magistralement orchestré, rien n est laissé au hasard par le maître. On en ressort grandi !
Pas convaincu par la morale (ou plutôt l'amoral); cf. : "on a bien fait". Puis la photographie des années 90, toujours cette satanée photographie ... "arf".
La cérémonie de Claude Chabrol. Le réalisateur nous fait du classique. Une famille bourgeoise aux personnalité différentes selon les individus donnent au spectateur une certaine vision de comment ces gens traitent leurs employés et montre aussi leurs façon de vivre sans la question d'argent. Chabrol montre une autre "sorte de gens" (le personnage de la postière) déterminée et prête à tout pour arriver à ses fins, même à tuer (plusieurs fois!). Une grande justesse dans l'enchaînement des événements, rien est laissé au hasard. On ne peut pas vraiment le classé dans la catégorie thriller, peut être drame lui convient mieux. Isabelle Huppert joue son rôle parfaitement bien, on apprend tout au long du film sur son personnage est sur la personnalité très influençable. C'est ce qui donne tout la vie à ce film. La bande son est excellente, elle nous entraine très bien dans les changements de scènes du film. A voir c'est du bon cinéma français.
Ce film, dès le début, installé une ambiance. J'ai été sensible tant au jeu d'acteur, excellent, qu'à l'esthétique. La plongée dans le milieu bourgeois s'avère très intéressante : Sophie, mystérieuse et répétant tout le long du film "Je ne sais pas" (que ne sait-elle pas?), contraste beaucoup avec la grandiosité apparente de la maison et de la riche famille. Jeanne, l'archétype même du trublion, se rapproche de Sophie. C'est saisissant de voir à l'écran la complémentarité évidente entre Sophie, qui (semble) douce et effacée et Jeanne, mordante et volcanique. La satire sociale que constitue le film, ainsi que le suspens lentement distillé contribuent à en faire un chef-d'œuvre.
j'ai adoré ce film que j'ai vu pour la première fois en 2024, je suis fascinée par Isabelle Huppert que je trouve fascinante et presque flippante, ça se voit dans ce film complètment incroyable où le suspen
Librement adapté d'un roman de Ruth Rendell la cérémonie est incontestablement une des pièces maîtresses du cinéma de Claude Chabrol mais si la réalisation est parfaite il faut insister sur la dimension apportée par le duo Huppert -Bonnaire. Elles sont toutes les deux époustouflantes dans des rôles totalement opposés la première dans un personnage (jeanne) culottée ,dévergondée et a la limite de la folie , la seconde (Sophie) inquiétante , toute en pudeur , en silences et en regards fuyants . Les deux comédiennes livrent ici une interprétation de très haute qualité (avec a la clé un césar amplement méritée pour Huppert) .Leurs scènes communes depuis leur rencontre ; l'amitié naissante , les secrets et le passé trouble de chacune d'entre elles tout ici nous entraîne minutieusement , implacablement vers une tragédie que l'on devine inévitable. Autour de ces deux actrices formidables les seconds rôles ne sont pas en reste (Virginie Ledoyen et jean pierre Cassel sont irréprochables mais Jacqueline Bisset par contre semble assez peu a l'aise ,elle est a mon avis la seule erreur de ce casting (presque) parfait . Malgré ce petit bémol, La cérémonie est de bout en bout un film envoutant et fascinant avec un final terrifiant ou plane l'ombre du grand Hitchcock.