Scénariste inspiré de son compatriote Inarritu, réalisateur de "Babel" et "21 grammes" entre autres, Guillermo Arriaga passe à son tour derrière la caméra. Nous retrouvons dans ce premier film sa technique narrative si particulière où les époques, les lieux et les péripéties s'entrelacent, tissant peu à peu une histoire qui dévoile lentement sa complexité. Nous suivons ici le destin tragique de trois générations de femmes : Gina, la mère (Kim Basinger, à qui la maturité va si bien), Mariana, sa fille adolescente (Jennifer Lawrence, au talent prometteur) puis adulte sous l'identité de Sylvia (Charlize Theron, splendide en femme blessée et désemparée) et enfin Maria, la petite fille, butée et tendre. Entre les Etats-Unis et le Mexique, entre l'amour et la haine, entre la vie et la mort, entre le bonheur d'aimer et la douleur de l'abandon, le réalisateur nous fait passer derrière le miroir de ces vies aux apparences trompeuses, avec pour centre flamboyant, l'amour à la Roméo et Juliette de Mariana, l'Américaine et de Santiago, le Mexicain, réplique de celui de leurs parents, Gina et Nick. Arriaga est un cinéaste baroque qui restitue la richesse de la vie, soulève le voile des secrets, suit le fil des causes et des effets et pousse ses personnages à laisser tomber le masque derrière lequel ils dissimulent leur détresse. La double identité de Mariana/Sylvia symbolise ce jeu de reflets, de situations qui se répètent et se répondent, de tentatives désespérées de survivre à ce qui blesse et fait souffrir. Malgré une action plutôt dramatique, ce film a un caractère solaire, avec ses paysages désertiques et âpres et son dénouement qui laisse, malgré tout, place à l'espoir et brise la chaîne des malheurs, revisitant la tragédie shakespearienne (pièce baroque s'il en est!) : Roméo et Juliette se retrouvent enfin et même, ils ont une fille!