Une petite merveille, le film est une vraie réussite. Jonathan Demme (Le Silence des Agneaux) a la bonne idée de filmer un mariage entre une blanche Rachel (Rosemarie DeWitt) et un noir Sidney sans poser de questions d'ordre racial. D'ailleurs cette union est placée sous le signe de plusieurs cultures (Américaine, Africaine, Indienne avec les demoiselles d'honneur en sari). Mais l'héroïne, c'est Kym (Anne Hathaway), jeune femme fragile et impulsive, sortie de désyntox. La réunion familiale se transforme vite en règlement de compte lorsque Kym commence à sortir les vieux démons du placard (rivalité entre les deux soeurs, mort accidentelle du petit frère). Cette histoire pourrait être pleine de clichés, tomber dans le pathos, les personnages pourraient être formatés, coincés dans leur rôle, mais grâce au réalisateur et aux acteurs, elle atteint le sublime. La composition d'Anne Hathaway est merveilleuse, d'une grande justesse, à la fois énergique, agaçante et touchante. Cette histoire de règlements de comptes familiaux au cours d'un mariage fait penser au film Festen, quand même en moins "hard"!! Comme dans ce dernier, Demme reprend la bonne idée de filmer cette réunion familiale caméra à l'épaule, au plus près des acteurs. Les images sont souvent belles, douces et poétiques. Certaines scènes du film sont filmées avec une petite caméra et avec une mauvaise définition. Il ressemble donc souvent à un film amateur, tourné dans le sein familial, et parfois presque à un documentaire, comme dans cette longue et belle scène de danse apaisant les âmes de nos protagonistes. Ce qui ne rend le film que plus vrai et touchant. La scène de danse est une transition entre la violence puis le calme serein de la fin du film. Au cours de l'histoire, les personnages gagnent en maturité. A la fin, pas de happy-end comme dans tant de films hollywoodiens. Cette transfiguration morale et sentimentale est magnifique à suivre et rend le film bouleversant.