Après un Alice au pays des merveilles au succès mondial (plus d’un milliard de dollars de recettes) mais pourtant échec total, Tim Burton, le génie créatif revient, auréolé de gloire par son armée de moutons, …euh de fans pardon. Essaye-t-il de nous montrer avec ce film qu’il reste encore un réalisateur talentueux capable de nous transporter dans son univers ? La réponse dans quelques lignes.
Après une intro trop explicative qui suggère que le spectateur ne peut rien comprendre par lui-même, on comprend que le film va se concentrer sur la famille Collins, qui vit à Collinsport (qu’ils ont construit) et a fait fortune dans le domaine de la pêche. Une fois échappé du tombeau où une sorcière l’avait enfermé deux siècles auparavant après l’avoir transformé en vampire, Barnabas Collins, arrière petit cousin de la famille que nous suivons, débarque à Collinsport, qui est soi-dit en passant une ville très intéressante car elle comporte deux usines de pêche (les gentils et les méchants) et un bar…vive la créativité. Il est donc très difficile voire impossible pour le spectateur d’identifier l’ancienne dévotion aux Collins et le dégoût qu’ils inspirent à présent, ce qui est rappelé pourtant toutes les quinze minutes. Et il est donc très difficile de s’ancrer dans cet « univers » (un village avec deux bateaux et un bar, faut pas abuser !) très peu travaillé et nullement riche.
Au niveau des personnages, là aussi on reconnaît que c’est un film de Burton…puisqu’il y a Johnny Depp et Helena Bonham Carter. A l’image des personnages d’Alice au pays des merveilles, ils ne sont aucunement intéressants et très mal (et peu) développés. A commencer par Johnny Depp, qui n’arrive même plus à faire vivre son personnage tant il est mal mis en scène et tant ses dialogues tombent à plat. On a aussi droit à une Michelle Pfeiffer totalement inutile et à une Chloe Moretz qui joue une parodie d’adolescente rebelle. Et que dire du pauvre Jackie Earle Haley, si touchant dans Watchmen, qui est réduit à un valet ivrogne jamais drôle…Merci Tim Burton. Eva Green livre elle aussi une interprétation fade qui montre que Tim Burton est un excellent directeur d’acteurs. Enfin ce ne serait pas un bon film de Burton sans…Helena Bonham Carter ! N’ayez crainte, elle a su conserver son talent pour donner des interprétations insupportables, qui nous donnent envie de la tuer (TUER !) à chacune de ses répliques. Il est donc inutile de préciser que ces personnages sont loin d’être attachants, à des kilomètres d’être intéressants et qu’ils handicapent grandement notre capacité à rentrer dans l’histoire.
Le spectateur ne manifeste ainsi aucun intérêt pour les personnages et aucun attachement pour l’histoire, ce qui se remarque encore plus lorsque les événements s’enchaînent lors d’un clipshow, aussi riche que les scènes interminables auparavant. Cela n’empêche toutefois pas le film de demeurer extrêmement long et laborieux. Les scènes paraissent être des supplices tant leur traitement est lamentable et tant leur déroulement n’amène à rien. Ajoutez à cela des dialogues écrits avec les pieds par un phacochère tanzanien et un humour tellement poussif qu’il fait pleurer et vous obtiendrez la copie parfaite de l’ambiance d’Alice au pays des merveilles : un film pour gamins de cinq ans avec l’humour idoine. La blague la plus recherché étant celle sur le prénom d’Alice Cooper, d’ordinaire donné aux filles… cela reflète un niveau qui chatouille le néant des abîmes infernaux.
De ce fait, on ne rentre jamais dans le film, car nulle invitation n’est formulée, et qu’il est impossible de croire en une histoire si banale et en des personnages si creux que l’écho résonne à des kilomètres lorsqu’on les tapote. Le principal sujet de notre intérêt, si le film n’était pas si raté, serait Barnabas, or le personnage est très peu travaillé et sa personnalité est mal affichée. Il sert juste à psalmodier des expressions moyenâgeuses à but comique. Rassurez-vous, ça ne fonctionne pas une seconde…Merci Tim Burton.
Au visionnage de ce film, on fait également le constat que Burton n’arrive plus du tout à se renouveler. Il ne parvient même pas à créer un univers plausible en accord avec son style, qui est pourtant l’utilisation abusive de choses déjà faites (il nous ressort le cliché du vampire en toute honnêteté). On sent vraiment qu’il n’essaye plus de créer quelque chose et que prendre des risques en innovant ne lui apportera guère plus que les succès que lui accorde déjà son énorme troupeau de fans. Comme si avant de faire son film il disait : « Tiens, je vais foutre un loup-garou ici et tout le monde sera content » (par « le monde » comprenez ses fans). Ces films ont perdu toute profondeur et deviennent de purs produits Disney pour enfants débiles, comme Alice au pays des merveilles…Merci Tim Burton.
Pour le moment, Tim Burton se repose tranquillement sur ses lauriers. Il livre un film tellement banal, avec tellement peu d’idées et d’originalité, qu’il reste ardu de trouver quelque chose de bien dans celui-ci. En somme, un film presque aussi mauvais que Transformers 3.