Piroska et sa vie, pas vraiment "glamour" : la quarantaine, mutique (ou peu s'en faut), obèse (et entretenant cette corpulence XXL surtout aux sucreries en tout genre, avec un goût particulier pour les gâteaux débordants de crème), infirmière de nuit (souvent, puis tout le temps) dans le secteur des "soins palliatifs" d'un hôpital de Budapest (en fait, une sorte de mouroir pour malades âgés et incurables : les descentes à la morgue sont quotidiennes, et font partie de la sinistre routine, au même titre que les soins, ingrats et répétitifs), sans famille et dotée d'un compagnon (inséminateur bovin !) souvent absent, avec lequel ne passe plus aucune communication (quand il est là, Kàlmàn consacre tout son temps à une interminable maquette ferroviaire ; quand il partira, c’est elle qu’il emportera en priorité). Le hasard met sur le chemin de Piroska une "entrante" (bien vite décédée) répondant au nom d'"Adrienn Pàl". La jeune femme se souvient alors qu'elle avait eu à l'école primaire quelque temps une "meilleure amie" s'appelant pareil, et, sortant de son apathie, elle entreprend de renouer les fils de son passé et part à sa recherche (tout autant qu’à sa propre identification). Ce deuxième long métrage de la jeune quadragénaire Agnes Kocsis est proprement stupéfiant de maîtrise technique (beaucoup de plans fixes, mais vraiment « habités ») et d’intelligence d’écriture (scénario coécrit avec sa complice habituelle, Andrea Roberti). Ce portrait atypique de femme, aliénée par sa familiarité avec la mort (18 ans dans le même service), tout autant que par son apparence physique hors normes, passionne (un exploit avec un matériau aussi peu engageant !) et émeut à tous les instants, grâce aussi à l’interprète exceptionnelle du rôle de Piroska, la non-professionnelle Éva Gábor. Diffusion hélas confidentielle de cet intéressant aperçu d’un cinéma hongrois peu connu (à noter cependant : le regret tenant aux sous-titres français émaillés de fautes grossières d’orthographe).