Un individu adulte qui retourne, par l'intermédiaire d'un phénomène fantastique, à l'époque de son enfance/adolescence est un concept vu, revu et archirevu. Généralement, le registre du film se veut plutôt humoristique avec une pointe nostalgique. Dans "Quartier lointain", c'est l'aspect dramatique qui prédomine. Si le concept n'est pas nouveau, il est bien exploité et nous sert une histoire touchante et triste. Le rythme est globalement assez lent mais l'on ne s'ennuie pas. A voir.
Revenir à un moment fondamental de son adolescence. Qui n'en a pas rêvé? Thomas se retrouve, sans comprendre, à l'âge de 14 ans, l'âge de tous les possibles. Traitée souvent sur le thème de la comédie un peu idiote, notamment par les américains, cette métamorphose est ici bien étudiée et presque « réaliste ». Tout se passe lentement, parfois trop, avec le jeu cadavérique de Pascal Grégory. Le jeune Léo Legrand est parfait dans ce rôle d'adulte qui revit. Un beau film malheureusement oublié...
Transposition plutôt convaincante du fameux manga de Jiro Taniguchi paru en 2002 dont il faut accepter le postulat de départ : un homme, dessinateur de bandes dessinées en manque d’inspiration, réintègre son corps d’adolescent de 14 ans et tente de changer le cours du destin (le départ inattendu et soudain de son père). Cette pirouette fantastique toujours délicate à négocier (anachronismes et hiatus entre passé et présent) donne surtout l’occasion ici d’interroger la possible intervention d’une personne sur les décisions d’une autre. Un adolescent portant en lui une grande partie de son existence, fort de son expérience, tente rétroactivement d’infléchir une décision dont il ne connait trop bien les ravages qu’elle va impliquer dans sa vie. Quartier lointain, troisième long-métrage de Sam Garbarski, fonctionne beaucoup sur la nostalgie de la fin des années 60 : la France gaullienne où l’autorité de l’enseignant, qui peut même fumer en cours, n’a pas encore été bafouée, où les femmes sont cantonnées au foyer occupées aux taches ménagères. Ce n’est pas le plus intéressant du film, qui se singularise davantage par son atmosphère douce et apaisante. Loin du Japon, les paysages montagneux de Nantua (Ain) tracent des lignes claires et construisent un cadre protecteur aux tourments des personnages. Sans éclat de voix, sans révolte, le mal-être palpable et mystérieux s’exprime par la tristesse des regards et la rareté des échanges. L’ambiance mélancolique est renforcée par la bande-son signée du duo français Air – un choix initié par le dessinateur nippon – et par la grande justesse de l’interprétation, avec en tout premier lieu celle du jeune Léo Legrand, sensible, à fleur de peau. Quartier lointain est donc un beau conte, une jolie parabole toute en finesse et délicatesse sur le temps passé et surtout le temps qui passe, montrant le changement de regard que l’on peut porter sur quelqu’un sachant ce qu’il va arriver. Cela pourrait sembler d’une nostalgie facile et d’une sensiblerie consternante ; le traitement épuré et sensible éloigne le film de ces écueils grossiers et des clichés éculés.
Une atmosphère étrange émane de ce film, qui ressemble à un long rêve a demi éveillé grâce à la musique de Air principalement, la réalisation étant quant à elle souvent plus proche du téléfilm de France 3 que du cinéma contemplatif d'un Kitano... On passera rapidement sur la fin ratée et le manque d'émotion tout au long pour retenir quand même la présence d'un jeune garçon très prometteur et bien dirigé.
Avec son adaptation de l’œuvre culte de Jiro Taniguchi, Sam Garbarski a réalisé un film à l'atmosphère assez singulière et agréable. Malheureusement, il n'évite pas les clichés de carte postale dans sa reconstitution.
Adaptation osée et plutôt réussie du manga, "Quartier lointain" se laisse voir avec plaisir. Une fois passé le premier quart-d'heure pantouflard pour ne pas dire soporifique, on plonge avec délice dans l'atmosphère 70's proposée par Sam Garbarski. Le jeu des acteurs s'avère juste voire touchant, il constitue l'autre point fort du film. Car pour le reste on retrouve les mêmes défauts qu dans le manga, à savoir une intrigue rachitique et une fâcheuse tendance à enfoncer des portes ouvertes du genre "avec le temps qui passe on vieillit", "j'étais plus jeune avant" etc.
Agréablement surpris par ce long métrage à l'histoire plutôt touchante et originale. Le style est efficace et l'ambiance est très intéressante. Les acteurs, jeunes ou plus vieux, sont tous convaincants et les personnages attachants. On pourrait penser que le scénario est un peu tiré par les cheveux mais j'ai trouvé que le réalisateur avait plutôt bien tourné le sujet en quelque chose de simple et sans prise de tête. La photographie m'a particulièrement plu et pourtant ce n'est pas là que les français brillent. Cependant je vois que ce film est destiné aux plus jeunes d'entre nous, je suis pas convaincu mais bon. Ce n'est pas parfait mais c'est une bonne surprise à laquelle je ne m'attendais vraiment pas. 13/20.
"Quartier lointain" est l'un de ces films indépendants qui nous emmènent loin, très loin dans notre mémoire. C'est un film nostalgique avant d'être un film fantastique. La bande originale est envoutante. L'idée scénaristique est intéressante, mais malheureusement le film reste plat, ne décolle pas, n'est jamais bouleversant, poignant, ou touchant. Tout reste à la surface, et c'est dommage, d'autant plus que le casting est bon. Beaucoup trop de longueurs, pas assez de répliques "coup de poing" qui nous aideraient à être captivés par cette oeuvre de Sam Garbarski. Et la scène entre Thomas et son père à la gare est très décevante, j'en attendais bien plus ! Bref, une bonne idée de départ qui finalement aura été mal exploitée et aurait pu être géniale.
Agréable moment de cinéma que ce film, avec une bande son top et une reconstitution des années 60 particulièrement soignée. Ce voyage dans le passé d'un dessinateur de BD qui a vécu à 15 ans un drame familial a quelquechose de troublant par son réalisme qui nous transporte en enfance. Une réussite à voir.
Un homme dans la cinquantaine se retrouve projeté en 1963 dans son propre corps, alors qu'il avait 14 ans, c'est l'occasion pour lui de découvrir pourquoi son père a disparu à cette époque.. Cette adaptation d'un manga est à 1000 lieues de ce que l'on a l'habitude de voir dans les films ayant pour cadre le voyage dans le temps, "Quartier lointain" est un film poétique et un brin philosophique mais un peu trop fade pour en faire une oeuvre marquante ! Sinon c'est un film peu connu à découvrir.
Le retour à l’enfance si souvent chanté par Jacques Brel est un rêve secret enfoui en chacun de nous qui s’incruste dans nos pensées quand ballotés par les aléas de nos vies trépidentes on se prend à regretter cet océan de mystère dont on a souvent du mal à retrouver les parfums . L’enfance n’est pas seulement la formidable aventure de la découverte de la vie à travers l’observation de ce monde des adultes qui nous paraît alors bien étrange. C’est aussi l’origine de blessures profondes qui nous marquent pour la vie bien que l'on tente en vain de les enfouir au plus profond de nous-mêmes et qui ressurgissent souvent sans crier gare. C’est ce que tente de nous raconter Sam Garbarski de la manière la plus poétique qui soit. L’adulte qui est sans doute en train de reproduire inconsciemment ce qu’il a vécu de manière traumatique dans son adolescence s’endort et se téléporte à l’époque de cet évènement marquant en conservant bien sûr ses facultés d’adultes pour tenter de comprendre ce qui c’est passé et pourquoi pas, comme tout voyageur du temps, tenter d’inverser le cours des choses. On accompagne donc Thomas dans ce retour aux années 60 au fin fond de ce petit village de l’Ain, peu de temps avant que son père ne l’abandonne lui, sa soeur et sa mère le jour même où sa famille s’apprête à lui fêter son anniversaire. Bien sûr malgré toutes ses tentatives pour déjouer le sort, le jeune Thomas se heurte à l’incompréhension de ceux qui avancent dans un autre espace temps que le sien. Il devra donc se contenter d'essayer de comprendre son père et les raisons de son geste désespéré, ce qui lui permettra sans doute de ne pas reproduire à son tour la même erreur alors qu’il doit affronter la crise de la cinquantaine. Au passage il aura pu concrétiser ce premier amour qu’il n’avait oser entrevoir lors de son premier passage dans l’enfance. Il faut dire qu’il est plus facile d’affronter l’hardiesse d’une jeune fille de 14 ans quand soi-même on a une expérience d’homme mûr solidement caché derrière une apparence juvénile. On peut y voir une sorte de message de sagesse envoyé par Garbarski à tous ceux qui perdent leur âme dans les perversions pédophiles. Le film tiré d’un manga diffuse une ambiance éthérée qui en fait tout le charme mais qui rebutera sans doute ceux qui attendent plus de rebondissements d’un tel sujet. On n’est pas chez Christopher Nolan et dans "Inception" où les neurones doivent circuler à toute vitesse pour suivre les contorsions imposées à l’idée originelle du scénario. Touchant, gracieux et remarquablement interprété
Le manga original de Jiro Taniguchi était une oeuvre sublime et poétique sur le temps qui passe et sur ce que l'on en fait, nostalgique et mélancolique, empreinte d'une zenitude absolue. Cette adaptation n'en retrouve jamais la force ni l'émotion, même si l'ensemble n'est pas foncièrement mauvais. Si le passage du Japon des 60's à la France de la même époque n'est pas dérangeant, grâce à l'universallité du propos, l'absence de véritable empathie pour les personnages l'est déjà plus, tout autant que la froideur ambiante et la mise en scène un rien fadasse. Agréable à suivre mais autant relire le manga.