Il arrive parfois de l'autre côté de l'Atlantique un objet inclassable, ni vraie comédie romantique, ni drame larmoyant, ni critique sociale appuyée, ni film d'auteur plébiscité par la presse bobo occidentale. Greenberg bénéficie d'une tête d'affiche bankable (Ben Stiller himself) et présente par ailleurs un portrait en creux de ce qu'est l'Amérique aujourd'hui.
Le tableau n'est pas rose, il est gris, voire gris noir, et même peut-être anthracite foncé. Le personnage joué par Stiller est en dépression, il est maniaque (s-ces courriers : extraordinaires !), new-yorkais, quarantenaire célibataire, a séjourné en hôpital psychiatrique, et ne fait rien : bouh.
Lorsque que son frère part au Viet Nam en voyage (pour affaire, pas pour dégommer du Viet-Cong), il vient occuper sa maison en Californie. Il séduit (si on peut dire) la femme à tout faire (assistante !) de son frère : nunuche sexy et gourdasse, jouée par une formidable Greta Gerwig poupée désarticulée, dévertébrée ?
Le sexe entre eux est pitoyable, un soutien gorge qui ne se dégraffe pas, un cunnilingus interrompus, c'est à en pleurer, un curetage entre deux portes, et cela fournit deux des plus belles scènes de Greenberg.
Tout dans le film, sous des dehors doucereux, respire l'échec, le ratage complet, l'incommunicabilité profonde. Du Woody Allen période September, ou une sorte de Breat Eaton Ellis sans l'aspect trash. La Californie, sa jeunesse dorée, ses villas avec piscine apparaît comme l'enfer à l'envers, Mullholland Drive sans génie et sous Prozac.
Résumons nous : un film fondamentalement, paisiblement triste, à ne pas voir si on l'est (triste), sous peine de tentative de suicide par défaut, aux wee-wee hours. Même le nom du chien (l'être envers lequel les humains du film arrivent - un peu - finalement - à être humain) est triste : Mahler. Malheur ? D'autres critiques sur Christoblog : http://chris666.blogs.allocine.fr/