Le film de zombie, c’est dépassé. Rien de tel qu’une comédie parodique pour dépoussiérer le genre. Avec Bienvenue à Zombieland, Ruben Fleischer affiche clairement ses ambitions de remodeler le film de zombie pour construire un film culte à l’esprit barré et au caractère déjanté. Cela suffit-il à redéfinir le genre ? La réponse dans quelques lignes.
Soyons tout de suite clairs, le film tient des idées, parfois assez malines. En revanche, c’est le traitement de ces idées (parfois médiocre) qui ne donne aucune personnalité au film. J’en ai terminé avec ce film... non je plaisante. Bienvenue à Zombieland se veut être avant tout une comédie plus qu’une parodie (je cherche encore les éléments parodiques). Cependant, ce n’est pas une bonne comédie. Seuls les rares comiques de situation parviennent à nous arracher un sourire. Les différentes punchlines et autres phrases destinées à nous faire rire et qui sont trop forcées nous laissent finalement indifférents. C’est un des défauts de Bienvenue à Zombieland, se croire être une comédie déjantée, clairement affiché par une écriture bien trop forcée, des (rares) situations barrées très mal exploitées et très mal mises en scène. Le film tue ses propres aspects comiques et n’est ainsi jamais drôle, et rarement plaisant.
Et cette surenchère dont le film abuse se retrouve également dans le personnage interprété par Woody Harrelson, genre de space cow-boy délirant envers lequel on ne témoigne pas une once d’affection et dont les répliques sont fades. Mais il est surement le meilleur personnage du film, les trois autres étant tous au même niveau, que ce soit pour le développement psychologique ou l’attachement suscité. Et même si c’est Jesse Eisenberg qui a le plus de temps à l’écran, c’est lui qui laisse le plus indifférent. Emma Stone et Abigail Breslin campent des personnages un poil plus intéressant, mais qui laissent aussi globalement indifférent. Par ailleurs les relations (s’il y en a) entre ces personnages sont très mal mises en scène, ne nous font jamais ressentir ce qu’ils ressentent, ne s’intéressent jamais à l’aspect de survie (car c’est une apocalypse zombie tout de même, les humains ne se trouvent pas à chaque coin de rue). La notion d’entraide est également très mal portée à l’écran, heureusement qu’elle est énoncée car rien dans le film ne fait apparaître cette notion. Il est donc difficile de suivre cette histoire tant les personnages sont inintéressants.
Un des autres défauts du film est sa construction, son scénario. On a droit à un road movie qui introduit ses personnages au fur et à mesure et qui dévoile quelques péripéties…et c’est tout. Aucune de ces péripéties ne tiendra vraiment le spectateur en haleine et ne donnera une bonne scène d’action. Le rythme incroyablement soporifique reflète une inspiration faible et des intentions basses pour ce qui est du traitement de l’histoire : Il ne se passe rien ! Le traitement accordé aux zombies est lui aussi pitoyable, on en oublie par moment que c’est un film de zombie. Les scènes de défouraillage de zombies sont elles aussi très mauvaises, la faute à une réalisation sans goût et un sentiment de banalité des plus dérangeants. Très éloignés du défouloir, les (très rares) massacres de zombies se manifestent sans force et n’ont aucun impact sur le spectateur.
S’il est considéré culte par beaucoup (d’aveugles et sourds) ce film est très loin de l’idée qu’il fait passer. A mi-chemin entre la comédie ratée et le film de zombie vachement raté, il n’est que l’amoncellement superficiel de quelques situations qui se veulent déjantées, mais qui au rendu ne le sont pas du tout. Heureusement ce film a un point fort, il ne dure qu’une heure et vingt-quatre minutes.