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    Solaris
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    109 critiques spectateurs

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    scorsesejunior54
    scorsesejunior54

    139 abonnés 694 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 25 janvier 2009
    L'inconscient est probablement l'un des thèmes les plus récurrents de l'histoire du cinéma. Usé jusqu'à la corde, il donne souvent lieu à de pesantes réflexions paradoxalement peu approfondies dans la mesure où leurs auteurs n'ont jamais pris le risque de s'y engouffrer réellement. La peur de tomber dans le film-dossier ? Sans doute. Toujours est-il qu'en 1972, Andreï Tarkovski n'avait pas pris de gants en réalisant "Solaris", ne permettant aucune ambiguïté quant aux objectifs de son travail. Une idée de génie (et pourtant simple !) piquée dans un bouquin (ce long-métrage est adapté d'un récit de Stanislav Lem) donnera ainsi le feu vert à une remarquable introspection aux résonances autobiographiques. Le cinéaste développe et approfondit (sans évidemment trouver de réponse) les traditionnelles questions existentielles, leur donnant une intensité toute particulière dès lors qu'il y inclut nos pulsions cachées. Un travail en somme impressionnant qui ouvre en plus l'oeuvre vers de passionnants sujets, prenant le spectateur à parti pour lui obliger à se formuler à lui-même de nouvelles interrogations. Ou quand le coeur rejoint l'esprit... Dans le fond, c'est-à-dire psychologiquement, philosophiquement et sociologiquement, la réussite est indéniable. Sur la forme, ce qu'exécute Tarkovski est là encore formidablement inspiré. Narrateur hors-pair, il fait avancer son intrigue dans un impressionnant souci de rythme, révélant les points importants de l'intrigue après avoir embarqué son public dans une autre direction. La main-mise sur nous, il a cependant l'honnêteté de ne pas nous manipuler, préférant le bout de sa logique à de trop grosses surprises. Techniquement, on pourra peut-être lui reprocher une surabondance de zooms et de panoramiques ; n'empêche que le reste est d'une rare propreté (pas léché) et que son film laisse visuellement pantois. Oeuvre mémorable, "Solaris" fait partie de ces très rares créations qui vous transportent ailleurs le temps de leur vision.
    Julien D
    Julien D

    1 104 abonnés 3 461 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 6 juin 2013
    Bien que n’étant pas du tout tenté par la science-fiction, Andrei Tarkovski accepta, de la part des studios Mosfilms qui produire ses deux films les plus personnels (Andreï Roublev et Le miroir) d’adapter le roman de Stanislas Lem pour en tirer la réponse cinématographique que se devait de faire la Russie au 2001 de Kubrick. Ce qu’il fit de cette aventure fut à la hauteur des exigences car, en tant que maitre du cinéma d’auteur philosophique russe, Tarkovski a rendu époustouflante de beauté et d’intelligence cette réflexion sur l'inconscient humain qui oppose les recherches scientifiques aux doutes spirituels. La photographie épurée du réalisateur rend aussi émouvant qu'enivrant ce voyage métaphorique vers une planète que certains considèrent comme le paradis et d'autres comme l'enfer mais le regard sur le passé est présenté comme un passage obligée à l’évolution autant individuelle que collective. Complexe mais hermétique, hypnotique mais lent, cette petite perle n’était pas vouée à rassembler le grand public mais saura réjouir les amateurs de philosophie filmique.
    stebbins
    stebbins

    458 abonnés 1 747 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 5 décembre 2011
    Un film brillant aux longueurs hypnotiques et fascinantes. Solaris est un film de science-fiction hors norme, car il s'agit moins de filmer des vaisseaux spatiaux que d'établir une réflexion sur le sens de la vie, sur l'amour perdu et finalement retrouvé, sur les tourments que peuvent provoquer le passé chez l'Homme. Andreï Tarkovski filme le silence ( un peu comme Kubrick avec son 2001: L'Odyssée de l'Espace, bien que les deux films n'aient pas grand chose à voir ), la végétation, les visages en sueurs et la pluie torrentielle. Le personnage de Kris Kelvin est remarquablement bien interprété par Banionis, sobre et imposant. Solaris est en fait le lieu de l'inconscient collectif, l'endroit propice à la réincarnation ou encore celui destiné à offrir à Kelvin la rédemption, ou plus généralement une sorte de transcendanse ( la fin du film est on ne peut plus optimiste ). Ce qui fait la force de Solaris, c'est qu'il propose au lieu d'imposer, qu'il suggère au lieu de démontrer. Ainsi, le film de Tarkovski laisse libre cours à de multiples interprétations. Qui plus est, le prélude de Bach est somptueux et la photographie est très soignée. Un bijou esthétique et philosophique à ne pas manquer...
    GabbaGabbaHey
    GabbaGabbaHey

    185 abonnés 1 583 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 22 novembre 2010
    Excellent... Un film qui laisse sans voix. Andrei Tarkovski signe un film subversif, tres puissant et tres intelligent. Une analyse du monde, de l'espace, de l'homme... Une œuvre d'une intensité incroyable, qui propose des idées et des images fascinantes et tres intrigantes. Une réflexion sur la vie qui ne laisse pas indemne, la mise en scène est de qualité et le scenario superbement maitrisé. "Solaris" est bien plus qu'un film de science-fiction, c'est une des références les plus notoires en matière de métaphysique au cinéma.
    QuelquesFilms.fr
    QuelquesFilms.fr

    225 abonnés 1 597 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 20 novembre 2013
    Lent et contemplatif. Fascinant et probablement déroutant pour qui n'a pas lu le roman source de Stanislaw Lem. Complexe, donc, mais globalement moins hermétique que bien des films de Tarkovski.
    Le genre de la science-fiction semblait a priori éloigné de l'univers du cinéaste qui avait signé précédemment L'Enfance d'Ivan et Andreï Roublev. Mais voici ce qu'il en disait : "En une époque aussi dépourvue de spiritualité que la nôtre, c'est un substitut valable, qui peut jouer un peu le même rôle que l'art religieux en d'autres temps." Au final, avec 2001 : l'odyssée de l'espace, Solaris apparaît comme l'un des fleurons de la SF métaphysique. C'est aussi, en quelque sorte, la réponse russe au film américain de Kubrick, sorti quatre ans auparavant, en pleine période de conquête spatiale et de tension internationale.
    Tarkovski adapte assez fidèlement le bouquin de Lem, à l'exception notamment du prologue (situé dans la propriété familiale de Kelvin, alors que le roman commence par le voyage spatial), de la première apparition d'un "visiteur" dans la station (une fillette au lieu d'une grande femme noire) et de la scène d'anniversaire dans la bibliothèque (contemplation d'un tableau de Bruegel et moment d'apesanteur ne figurant pas dans le livre). Le discours scientifique est synthétisé et sert de tremplin à une réflexion sur le rapport de l'homme à l'inconnu. "L'homme et la conscience humaine rencontrent dans l'espace des phénomènes inconnus, disait Tarkovski. Mais quelle est la mesure de la morale pour définir le visage humain dans ce nouveau système de coordonnées ? Comment rester un homme dans une situation inhumaine ?" Parmi les phénomènes rencontrés sur Solaris, il y a l'apparition de ces "visiteurs", matérialisation des souvenirs que les hommes gardent de personnes connues, vivantes ou mortes, projections de leur mauvaise conscience ou de leur inconscient. Ainsi le personnage de Kelvin retrouve-t-il à ses côtés sa femme, qui s'était suicidée dix ans plus tôt. Cette belle idée dramatique accouche de quelques scènes illustrant l'opposition entre raison et sentiment, le poids de la culpabilité, les forces de l'inconscient. Face à l'inconnu et à l'incompréhensible, il est aussi question du savoir humain et de ses limites, de la prétention des hommes à vouloir tout maîtriser (y compris ce qui les dépasse), de leur volonté d'étendre les limites de la Terre à l'immensité du cosmos.
    En matière de style, le réalisateur joue la carte d'une austérité symbolique, à mille lieues des canons spectaculaires du genre. Le résultat est d'une beauté singulière. Rythme envoûtant, filtres de couleur, images quasi abstraites de liquides et brouillards en mouvement. Tout cela sur une musique empruntée à Bach, avec quelques références picturales (Bruegel) et littéraires (Faust, Don Quichotte ; Dostoïevski, Tolstoï).
    Le film a connu un accueil réservé en URSS à sa sortie, mais fut récompensé à Cannes du Grand Prix spécial du jury en 1972. Une autre adaptation du roman de Stanislaw Lem a vu le jour trente ans plus tard, réalisée par Steven Soderbergh, avec George Clooney dans le rôle principal.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 17 décembre 2013
    Avec "Solaris" Tarkovski répond en 1972 à "l'Odyssée de l'espace" de Kubrick ainsi que l'atteste la référence au nouveau-né long de 5 mètre présent dans l'espace sidéral. Mais derrière ce clin d'oeil amusé à la fin assez absconse de "l'Odyssée", se cache un film à l'opposé de celui de Kubrick. Ici, le recours à la SF et au sous-genre "film spatial" est surtout un prétexte au développement low cost d'une méditation esthétique et ontologique centrée sur la thématique des amours mortes. Chez le maitre russe, la scène attendue des mouvements en apesanteur devient un sommet de romantisme servi par le choral de Bach "ich ruf zu dit Herr Jesu Christ" au cours duquel Chris, le héros apparemment cartésien du récit, fusionne avec son amour ressuscité dans l'espace des possibles que constitue la base stellaire. Ainsi, c'est avant tout la conscience du héros qui s'ouvre dans l'inquiétante étrangeté de la SF, et, en filigrane, celle du spectateur. Un chef d'oeuvre élégiaque à voir et revoir pour tous les amoureux pensifs du cinéma.
    Arthur Debussy
    Arthur Debussy

    128 abonnés 675 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 23 avril 2017
    Se contenter de comparer «Solaris» à «2001 : L'Odyssée de l'Espace» serait bien réducteur, d'autant plus que le premier excède largement le second quant à sa subtilité, sa poésie ou sa profondeur. Le problème (si c'en est vraiment un), c'est que contrairement à Kubrick, Tarkovski ne s'est pas attaché à la perfection des effets spéciaux, il sera donc déroutant pour le spectateur actuel de se plonger dans «Solaris», surtout s'il s'attend à un long métrage spectaculaire qui lui en mette plein la vue. «Solaris» est avant tout un film introspectif, qui comme toute l'oeuvre de Tarkovski nous invite à la réflexion tout autant qu'à l'abandon des sens. Il serait en effet malvenu de ne considérer Tarkovski que sous le prisme de l'intellectualisation de l'art, c'est même avant tout un cinéaste de la sensation et de l'émotion. Comme d'habitude, Tarkovski se sert de la science-fiction et d'un scénario émouvant (quelle belle histoire d'amour!) pour évoquer l'homme, la vie, le rêve, le divin, la mort, bref les grandes thématiques artistiques et philosophiques qui de tous temps ont bercées l'humanité et l'imaginaire collectif. Oui, rien que ça. Même s'il ne paye parfois pas de mine avec ses allures de série B fauchée, «Solaris» regorge de passages magnifiques, de plans sublimes, de dialogues intelligents et d'images inoubliables. Tarkovski a porté le 7e art au plus haut, et «Solaris» est comme chacun de ses longs métrages un chef-d'oeuvre absolu d'une richesse intarissable et d'une beauté envoutante. Quand Kubrick nous propose une oeuvre certes recherchée, mais finie, avant tout esthétique, à l'étroit dans ses contradictions et sa relative vacuité, Tarkovski nous propose un poème cinématographique d'une profondeur abyssale et d'une humanité bouleversante. Le film de Tarkovski est donc d'autant plus remarquable, surtout quand on connaît les difficultés extrêmes de travail dans lequel il était vis à vis de l'URSS, profondément hostile à son art. Incontournable. [4/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
    fade_away
    fade_away

    16 abonnés 119 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 3 novembre 2007
    c'est certes assez lent, et la fin est assez déroutante car ça s'accélère brusquement et certaines scènes sont assez surprenantes ( du moins, moi, je ne les ai pas comprises ). Je vais pas dire que ce film mérite d'être vu pour sa dimension métaphysique ou philosophique, même si c'est vrai, mais pour sa dimension poétique, qui elle, est inaltérable et bien plus facile à sentir
    Kill-Jay
    Kill-Jay

    60 abonnés 928 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 13 novembre 2012
    C'était l’œuvre que Tarkovski avait le moins en estime dans sa filmographie ? Je le comprends largement ! Je suis désolé si je n'ai pas compris la beauté et la subtilité de ce film, mais franchement je me suis ennuyé pendant une heure... Pour ensuite quitter la salle de cinéma d'où il était projeté. Peut-être aurais-je dû faire l'effort de la regarder jusqu'à la fin mais je n'ai pas pu. Pour la première fois de ma vie devant un film, je me suis demandé ce que je faisais là, et un sentiment d'incrédulité m'a envahit. C'est long, c'est soporifique, ça tourne autour du nombril. Bref ça m'a suffit amplement, le seul petit point positif que je trouverai à dire c'est que les acteurs sont plutôt bons.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    2 809 abonnés 3 956 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 31 mai 2008
    Tout simplement magnifique, nettement supérieur au remake, bien que le film ait un peu beaucoup vieillit, le film est plus qu'un simple film de SF. Bien qu'il ne dépasse pas 2001, ça reste un pur chef d'oeuvre. Il faut maintenant que je lise le livre.
    Redzing
    Redzing

    922 abonnés 4 296 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 31 août 2012
    Quelques années après le succès de "2001", l'URSS réplique avec ce "Solaris", où Tarkovski met en scène des scientifiques faisant face à une force inconnue et incompréhensible. Si l'on y retrouve des passages contemplatifs, et le thème de l'homme rencontrant une intelligence extra-terrestre, la comparaison entre les deux films s'arrête là. "Solaris" insiste sur la personnalité du héros, psychologue troublé par le suicide de sa femme, et soumis à des choix sentimentaux cornéliens. Mais le film est extrêmement lent, les mauvaises langues pourraient dire que Tarkovski se regarde filmer. Pour comparaison, Soderbergh a réalisé un remake en 2002, racontant la même histoire et durant 1 heure de moins. Néanmoins, cet original se veut indéniablement soigné. Les références culturelles abondent (dont une explicite à Peter Bruegel), les quelques acteurs sont très convaincants, et la mise en scène est très inspirée. Très intéressant sur le fond, mais peu facile d'accès.
    Acidus
    Acidus

    620 abonnés 3 648 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 9 mars 2014
    Avant même "Stalker" (1979), Andreï Tarkovski avait déjà abordé l'univers de la science fiction avec ce "Solaris". Pas de doute à avoir, "Solaris" est du pur Tarkovsky dont on retrouve la manière de faire, son style cinématographique lent et hypnotique. Pourtant ici, cette lenteur se traduit parfois par des longueurs. Effectivement, si le rythme lent adopté par le réalisateur soviétique peut sublimer, accentuer une atmosphère envoutante et perturbante, il peut également provoquer un effet soporifique. Cette limite est malheureusement dépassée assez souvent et nuit à un scénario travaillée et une réflexion poussée. "Solaris" plaira surement au adeptes du cinéma de Tarkovsky et aux personnes à la recherche d'un film de SF sortant de l'ordinaire.
    Ricco92
    Ricco92

    175 abonnés 2 085 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 10 octobre 2017
    Souvent considéré comme une espèce de 2001, l’Odyssée de l’espace soviétique, Solaris d’Andreï Tarkovski est pourtant très différent du film de Stanley Kubrick en dehors de sa lenteur et du fait qu’il se veut un film intellectuel. En effet, alors que le cinéaste américain essaie d’être le plus réaliste possible d’un point de vue technologique, le réalisateur russe n’en a que faire de la science-fiction et ne se préoccupe en aucun cas de rendre son univers crédible (les décors sont complètement irréalistes pour se situer dans une station spatiale, aucun plan ne montre réellement le vaisseau ni la planète Solaris autrement qu’en plans tellement rapprochés qu’ils auraient pu être filmés n’importe où), chose peut-être due en partie à une réduction de budget de 50% peu avant le tournage. Tarkovski cherche avant tout à faire de son film une réflexion métaphysique en éliminant tout spectacle. Il en résulte un film ayant un petit côté envoutant mais étant tellement lent et bavard qu’il emmène facilement à penser à autre chose (au point de ne pas toujours comprendre le passage en noir et blanc de certaines séquences) et à créer l’ennui. À voir au moins une fois vu sa réputation auprès de l’intelligentsia cinéphile pour se faire un avis mais en sachant qu’il y a de fortes chances d’y trouver le sommeil.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 1 février 2017
    Une oeuvre de Science-Fiction qui porte la marque des grands, tant son scénario est profond, nébuleux, et enrobé par une réalisation qui accuse certes son age (1972), mais qui ose aussi transgresser les habitudes visuelles avec de nombreuses scènes étranges, étirées en longueur ou incompréhensibles au premier abord mais qui distillent un vague sentiment d’étrangeté et de poésie, et des effets franchement osés. Sur le fond, il y a encore plus à dire sur ce séjour dans une station spatiale qui, par des manifestations surnaturelles, repousse les limites de la science, et qui offre un terrain de jeu parfait pour Andrei Tarkovski, entre mystère et dialogues philosophiques bien sentis. L’ensemble monte en puissance au fur et à mesure que les minutes passent, et se révèle particulièrement fascinant !
    Misoramengasuki
    Misoramengasuki

    54 abonnés 399 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 7 octobre 2009
    Presque trois heures de Tarkovski, c’est sûr, il faut être prêt à assumer. Mais le film le mérite bien. Comme "2001, l’odyssée de l’espace", "Solaris" aborde la conquête spatiale en la plaçant en parallèle avec l’exploration intérieure de l’homme. Monolithe ici, Océan de Solaris là : l’infini du cosmos est d’abord celui de ses abysses personnelles, une rencontre avec le mystère, avec l’insondable. Les hublots de la station spatiale sont des miroirs qui renvoient aux personnages leurs propres fantasmes, leurs interrogations, leurs douleurs. Pour Chris Kelvin, le personnage principal, la quête scientifique incarnée par ses collègues Slaoute et Sartorius s’efface vite devant la quête du sens de la vie et le regret de sa femme disparue, que l’Océan lui renvoie dès son arrivée. Plus sobre que Kubrick (ses moyens sont aussi bien moindres), Tarkovski n’en est pas moins un maître. Caméra souveraine dans la lenteur de ses déplacements, beauté des décors y compris dans les détails des accessoires, utilisation magistrale de la musique et des bruitages (la traversée en voiture de "la ville", Tokyo), ellipses et enchaînements inattendus... Bien plus qu’un trip intello-spatial, "Solaris" est une expérience sensorielle planante, à l’image du choral-prélude de Bach qui le scande: intimidant par la rigueur de sa composition, sa hauteur de vue et son apparence lisse et géométrique, mais d’une humanité poignante et d’une indicible mélancolie. Une leçon, à côté de laquelle le remake récent de Soderbergh, pourtant pas honteux, fait pâle figure.
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