Depuis l'échec non mérité de la Chute de l'Empire de Romain en 1964, les studios américains n'osent plus se lancer dans la production coûteuse de péplums monumentaux. Les italiens prennent la relève, mais, leur vague de péplums contant les aventures de Maciste et d'Hercule étant épuisée, ils choisissent de surfer sur la vague des films érotiques ou porno des années 1970 pour réaliser des productions à faible budget, le plus souvent dénuées d'intérêt, où la décadence de Rome n'est qu'un prétexte pour accumuler les séquences de sexe et de violence. Caligula se rattache à cette vague. Toutefois, là où il se démarque de cette branche, est qu'il respecte assez scrupuleusement la réalité historique en se basant sur les écrits de Suétone : la mort de Tibère, la relation incestueuse entre Caligula et Drusilla, les phrases provocatrices de Caligula et bien sûr sa folie. En ce qui concerne le contenu sexuel du film, on peut contester certains passages pornographiques inutiles (coupés dans certaines versions) rajoutés par le producteur Bob Guccione (auteur d'un magazine érotique Penthouse) malgré le désaccord du réalisateur Tinto Brass. Cependant, ce qui diffère une fois de plus Caligula aux autres péplums sulfureux de l'époque, le sexe ici est employé sans réelle complaisance (sauf sans doute dans la version non censurée), dévoilant de manière réaliste les orgies que Rome connaissant durant sa période de décadence. Sexe ou pas, le film dispose d'acteurs prestigieux, à savoir Malcom Macdowell, Peter O'Toole, Helen Mirren, John Gielguld, de décors impressionnants et de costumes flamboyants. Pourtant, qu'est-ce qui empêche Caligula d'atteindre ses promesses ? Tout d'abord une mise en scène un peu molle, pas suffisamment soignée : le jeu de la caméra ne permet pas de savourer assez le jeu des acteurs et le faste des décors, se limitant surtout à des gros plans répétés, trop peu variés, et à des zooms inutiles.
Malcom MacDowell est remarquable en Caligula, même si la folie de son personnage n'est pas toujours suffisamment retranscrite. Peter O'toole est tout à fait crédible en Tibère. Helen Mirren par contre se révèle trop rigide, pas assez expressive. Le scénario lui même n'est pas assez entraînant et le film avance assez lentement sans vraiment parvenir à passionner. Inclure la musique Spartacus de Khatchaturian n'était pas une mauvaise idée, mais elle ne colle pas toujours bien au film. De plus, certaines scènes ne sont pas assez bien traités sur le plan dramatique comme la mort de Caligula. Et il est dommage que le physique du futur empereur Claude ne respecte pas la physionomie du personnage en question d'après les bustes. Caligula est donc un film inégal, pas indispensable, qui aurait nécessité plus de soin et de sérieux dans la réalisation, mais qui demeure quand même une oeuvre intéressante dans l'histoire du péplum.