Il faut attendre un petit peu avant que ce huit-clos dans une grotte soit pleinement angoissant, ce qui est à la fois un défaut (car c'est un peu ennuyeux au départ juste après l'accident) et une qualité (cela retranscrit ce que ressent le personnage, pas encore à bout et suffisamment sûr de lui et confiant). Néanmoins, assez vite, Danny Boyle parvient à susciter une grosse palette d'émotions en alternant les plans larges (témoignant de la petitesse de l'être humain face à la nature) et les plans serrés (pour témoigner au plus près des difficultés du personnage), le tout en utilisant une technique variée et efficace (à l'exception du côté publicitaire un peu lourd), avec des appareils photos, des caméras embarquées et des angles complexes, sans parler des exercices de style claustrophobiques (la caméra au fond de la gourde par exemple), des variations sonores et d'une musique soignée et puissante. Côté scénario, le film montre bien la nature disons positive du personnage (aventurier, sûr de lui, gentil avec les femmes) et bascule avec maîtrise, par le biais de la tragédie, vers un questionnement existentiel du grimpeur (ses rêves, ce qu'il aurait pu vivre pendant qu'il est coincé, ses hallucinations, sa prise de conscience de ses erreurs, de son égoïsme, un peu à la manière d'Into The Wild), tant est si bien que l'expérience non souhaitée tourne à une possible rédemption et une amélioration de la vie du protagoniste, une sorte de mal pour un bien. James Franco est excellent dans le rôle, il a le charme du personnage et incarne parfaitement les différentes facettes de sa personnalité (voir la séquence talk-show hallucinante où comédie et drame se mélangent habilement, ou bien la scène fatidique très rude à observer). Au final, le film bénéficie d'un très bon casting, est touchant, poignant et suffisamment stylisé et créatif pour tenir la distance et mettre le personnage en face de ses erreurs, tellement créatif d'ailleurs que je regrette la fin plus classique et cette notion irresponsable de destin, aux antipodes du message laissé par le film, à savoir l'apprentissage de la vie en digérant les échecs, pas en acceptant tout ce qui arrive comme si c'était prévu depuis longtemps.