"Disparu", au sens de "cher disparu", puisque le corps de ce lycéen est retrouvé dans les bois par une de ses camarades de classe, et qu’on le voit, peu avant la fin, se faire poignarder par un individu dont on ne saura rien ("Un homme de 46 ans", dit la radio), et surtout pas le motif de son acte. Le film pêche donc gravement de ce côté, car il est universellement admis que, dans une histoire de meurtre, l’assassin ne doit pas être un personnage que le public n’a jamais rencontré dans le cours du récit.
Cette réserve faite, le procédé consistant à raconter une histoire quatre fois, en changeant de témoin, peut se révéler captivant, et a été utilisé assez souvent. Le tout est de trouver une histoire et des personnages intéressants... ce qui n’est pas le cas ici, puisque la totalité, sauf un, des lycéens montrés dans le film, brillent par leur médiocrité.
L’histoire n’est pas contemporaine (le dossier de presse dit "en mars 1992") : si on parle de sida, il n’y a en revanche ni téléphones portables, ni Internet, et la musique est écoutée à partir de disques vinyle 45-tours, ce qui serait très surprenant l’année susdite ! La réalisation est techniquement soignée, presque impeccable, même si on peut y relever un faux raccord, mineur mais criant : dans le premier récit, Ravier dit à Legrand "Elle est bonne, ta mère", et dans le troisième, "Elle est belle, ta mère". On a mélangé les pages du dialogue ? Et puis, le scénario parle de plusieurs disparitions, et oublie ensuite ce détail, qui n’est pas traité. C’est toujours pareil, dans le cinéma français, on escompte que le spectateur ne remarquera rien...
Enfin, rions avec "Télérama", qui qualifie le film de "polar". Cette manie de coller n’importe quelle étiquette, surtout inadéquates, sur les œuvres, devient risible, à la longue. D’autres parlent de "thriller", ce qui ne vaut pas mieux, puisque ce terme désigne un film qui fait frissonner... de peur. Que tous ceux qui ont eu peur dans la salle lèvent le doigt !