En 2012 sort un nouveau survival intitulé « Le territoire des loups », une communication catastrophique, un réalisateur (Joe Carhanan) jamais apprécié à sa juste valeur et comme acteur principal « Liam Neeson ». Non, ce n’est pas le héros de Taken qui affronte des loups à mains nues, je vous rassure.
Après les références que sont Delivrance, les dents de la mer et predator, Le Territoire des loups reprend le concept de la confrontation entre l’homme et la nature.
On suit une bande d'ex-taulards ouvriers, des êtres non civilisés, déchirés et sans avenir qui vont devoir faire face à la mort dans les montagnes enneigées dans un récit simple, noir et réaliste. Les rescapés se retrouve dans un no man’s land où la civilisation ne peut exister (températures épouvantables, blizzards abominables) ou seuls les loups sont présents et par conséquent la mort.
Le réalisateur brise la frontière entre les hommes et les loups, traitant les premiers comme une meute se cherchant un leader pour établir un semblant de société primaire. Le résultat est une claque dans la gueule surpuissante aux images incroyables (souffrance physique, corps accidentés et déchiquetés, le froid, la faim et la maladie). Ce n’est pas les loups, les morceaux de bravoure ou les antihéros qui impressionnent mais l’interrogation entre la vie et la mort. Joe Carnahan construit une réflexion sur le deuil et sur l'identité humaine dans ce qu'il y a de plus profond.
La mise en scène est brillante, on retrouve des plans qui déboitent, des cadres énormes, le réalisateur a compris l’effet produit par l’enchainement de deux plans bien réalisés. La mise en place des loups est étonnante et innovante puisque le réalisateur joue sur la suggestion, de manière surnaturelle (les yeux dans le noir) ou de manière plus originale (la buée).
Ce film est une expérience de cinéma qui parle à nos sens et qui appelle à quelque chose de profond en nous : comprendre la notion de survie via des décors immenses et une situation désespérée qui provoquent une sensation de peur.
Liam Neeson est gigantesque, dans un rôle d’homme au bord du suicide qui ne parvient pas à assumer la séparation d’avec l’être aimé (mélancolique et bouleversant, il nous livre sa meilleure prestation).
Survival, réflexion humaniste et mise en scène viscérale, le territoire des loups nous entraîne au bout du monde à la découverte de de nos sens les profonds.
Joe Carnahan ?
En 2002, il réalise le polar Narc, filmé caméra à l’épaule, brutal et irrespirable mettant en scene Jason Patric et Ray Liotta, ce premier film est déjà un bijou dans la lignée des films de William Friedkin. Il poursuit avec avec Mi$e à prix puis L’agence tous risques, maitrise technique ahurissante et généreux dans l’action, ses deux films sont jouissifs.