Avis : Lili Marleen - Page 2

Willie, une chanteuse de cabaret de seconde zone, doit quitter la Suisse pour retourner dans son pays natal, l'Allemagne, et laisse derrière elle un amant juif. Une fois rentrée en Allemagne, elle devient vite la coqueluche des soldats allemands et d'une partie des dirigeants nazis.
Inspiré d'une histoire vraie, Lili Marleen donne encore une fois l'occasion à Fassbinder de revisiter la période nazie. Son approche est toutefois étonnamment consensuelle ici, insistant sur le pouvoir rassembleur et subversif de l'art populaire, et sur la façon dont l'amour peut transcender la haine - des thèmes bien sages pour le réalisateur du très trouble et ambigu Berlin Alexanderplatz, auquel Lili Marleen fait d'ailleurs référence. On pourrait dire ainsi que Lili Marleen est la plus évidente tentative de Fassbinder de faire du cinéma simple et populaire, quelque chose que l'on pourrait rapprocher notamment des derniers Truffaut, avec leur classicisme assumé. Cela donne ici un film plaisant, mais qui ne suscite aucun élan particulier.

Moyennant quelques libertés prises avec les faits historiques, Fassbinder tisse une intrigue assez convenue mais prenante autour de la naissance d'un classique de la chanson allemande et de son destin si particulier. Se livrant à un jeu de parallèles entre l'amour et la guerre, la beauté de l'art et les horreurs du conflit (un contraste très appuyé dans sa mise en scène), le réalisateur allemand entraîne ses personnages au cœur de la barbarie, dans des jeux subtils de manipulation. Les interprètes ne sont pas tous au diapason, mais l'esthétique impeccable du film en fait un spectacle à la fois mélancolique et amer.

Ultime collaboration entre Rainer Werner Fassbinder et de sa muse Hanna Schygulla, Lili Marleen s’inspire de la vie de la chanteuse allemande Lale Andersen (1905-1972), qui créa cette chanson mythique sur un poème de Hans Leip (1893-1983), quelques années avant la célèbre version de Marlène Dietrich. Ce film au budget conséquent est surtout l’occasion pour Fassbinder de raconter le destin d’une chanteuse de cabaret amoureuse d’un compositeur juif, qui va connaître la gloire suite au succès fulgurant d’un tube largement relayé par la propagande du Troisième Reich. En cela, ce mélodrame flamboyant est une belle réflexion sur le statut et le rôle des artistes dans le contexte des régimes autoritaires. Un film puissant, qui raconte l’histoire romancée de l’une des chansons allemandes les plus connues du XXème siècle.

Avec « Lili Marleen », Fassbinder a livré son film le plus « commercial », vu les moyens mis en œuvre et les choix narratifs effectués. L’esthétique est soignée : avec des décors chargés, des contrastes de couleurs criardes, un éclairage théâtral, le film se situe entre le kitch et l’expressionisme. Cet effet est amplifié par une mise en scène presque affectée, avec force zooms censés renforcer la dramaturgie. Le résultat est un mélo qui se laisse suivre, mais manque à la fois de réflexion (l’utilisation par le régime nazi du « factice » pour fasciner les foules n’est qu’effleurée) et d’émotion, celle-ci n’affleurant que rarement, comme avec ces plans de soldats en plein désarroi qui trouvent quelques instants de rêve et d’espoir en écoutant une chanson (la répétition de la scène étant par contre inutile). On peut préférer d’autres films plus personnels et plus sincères de ce cinéaste.

Rainer Werner Fassbinder, héritier de-. De Douglas Sirk dans «Angst essen Seele auf» (Allemagne, 1974), c’est de Josef von Sternberg qu’il s’agît pour «Lili Marleen» (Allemagne, 1981). Davantage qu’un héritage de von Sternberg, c’est de Marlene Dietrich que «Lili Marleen» tire sa force cognitive. Bien qu’implicite, la correspondance entre Hannah Schygulla et Marlene Dietrich n’en est pas moins évidente, ne serait-ce que par la chanson Lili Marleen (initialement interprétée par Dietrich). Toutefois ce serait faire tort à Fassbinder que de n’y voir qu’un hommage abscons (a contrario de ce dont sont friands les cinéastes américains contemporains). Cinéaste du politique, Fassbinder met en scène une critique de l’Allemagne nazie parmi un mélodrame romantique. Si le traitement narratif et esthétique de cette critique demeure classique au sens où le détachement brechtien semble visuellement exempt de ce film, le contre-point du son relève la tiédeur des images et vitalise le sens du film. Sujet à des pointes musicales angoissantes qui reposent sur des stridences ponctuelles, la musique là se révèle bien souvent plus intéressante que l’image. Par ailleurs, l’image ne se manifeste fondamentalement intéressante que lorsque la musique de Lili Marleen vient s’assujettir aux affres de la guerre. A la douceur de la mélodie se superposent conflits d’ivrognes, bombardements meurtriers puis parterre nazi fanatique. Chacune des interventions musicales de la chanson forme un point cardinal de l’œuvre. Et entre ces points résident un certain flegmatisme, une dénonciation trop évidente pour être honnête. Tendant inconsciemment vers la fin du cinéma fassbinderien, «Lili Marleen», postérieur à l’œuvre somme qu’est «Berlin Alexanderplatz», n’est pas une trace de confort mais un traitement qui à se fonder sur la bande-sonore s’attiédit par une plastique et une narration des plus classiques, d’autant plus impertinente au cinéma de Fassbinder.

Par où commencer d'après le titre de ce film je m'attendais à un certain degré d'authenticité mais au final j'ai été sévèrement déçu. Il ne s'agit pas de l'histoire de Lili Marleen ou de la chanson Lili Marlene mais plutôt d'une histoire hollywoodienne vaguement basée sur des personnages réels. La trame de l'histoire est artificielle Lili n'a pas été piégé par les parents de Rolf Liebermann en Suisse il n'y a aucune information selon laquelle Liebermann a aidé à faire passer des Juifs d'Allemagne la chanson originale a été enregistrée hors du contrôle du régime nazi et non pendant qu'il était sous contrôle le disque joué à la station a été récupéré à Vienne alors qu'un lieutenant était en permission. Les costumes du film sont médiocres et inadaptés à l'époque ou les uniformes noirs des SS étaient utilisés partout des gardes-frontières aux postes d'état-major ils ont cessé d'être utilisés quotidiennement lorsque la guerre a commencé. Les personnages de cette histoire sont des stéréotypes des brutes des SA dans un club une fois qu'ils n'avaient plus de pouvoir. Un film a moitié audacieux dans les années 80 mais le summum de l'ennui aujourd'hui...

"Lili Marleen" traite de l'improbable histoire d'amour entre un grand compositeur juif et une chanteuse allemande. L'actrice principale, Hanna Schygulla est formidable et touchante. Les plans, la lumière et surtout cette musique.. Splendides! Je continue d'explorer le cinéma de Fassbinder et je dois dire que ce dernier m'émerveille. Enième chef-d'oeuvre.

2 étoiles - Lili Marleen

Histoire intéressante, mais qui aurait pu être beaucoup mieux scénographiée !! Musique mauvaise (nunuche à souhait ...), images platement photographique (dignes représentation d'un feuilleton des années 80), scénario parfois elliptique ... Bref, film intéressant parce qu'il touche à un mythe ; mais film sans dimension psychologique et sans intelligence cinématographique. Enfin, pour la véritable histoire de cette chanson et de son interprète Lale Andersen, il vaut mieux se documenter ailleurs ...

La musique m'a toujours donné les frissons.
Grand film.

Il y a dans ce film une sorte d'hyper-sensibilité de la part du réalisateur. Bien que cela conduise à quelques défauts (certains effets de style sont un peu trop appuyés, et trop souvent répétés), on se laisse porter par cette très belle histoire. Certaines scènes sont même particulièrement réussies. Ce qui me gène un peu plus, c'est que soient prises certaines libertés historiques. Sur cette période, ce n'est pas forcément bienvenu...

Je trouve que Fassbinder était bien meilleur sur des thèmes historiques-fictionnels que sur des thèmes contemporains-réalistes. Sa réalisation est maniérée, un peu caricaturale; Dans Lili Marleen elle est alliée à une fiction volontairement rétro kitsch, donc ça fonctionne très bien. Probablement son meilleur film.