Critique:
Le jeune prodige québécois, Xavier Dolan, fait des émules à Cannes à nouveau. Pour cette année 2010, il revient avec son deuxième long métrage intitulé « Les Amours Imaginaires » qu'il a réalisé, mis en scène, habillé, monté, et produit. Ce surdoué raconte alors des amours contrariés, des amitiés déchues, des histoires brisées, et un amour inconditionnel pour le cinéma. S'il s'entoure de comédiens inconnues s'est pour les faire briller devant nos yeux, nous les présenter sous leurs meilleurs jours. On s'attache facilement à ses amis que tout rapproche et que tout sépare: l'âme sœur. D'un côté, une femme nerveuse (interprétée par la formidable Monia Chokri qui rayonne) et d'un autre un homme amoureux transi (Xavier Dolan, touchant, et juste). En se rapprochant du soleil, on se brûle les ailes, et ici les ailes sont le symbole d'une amitié qui se déchire, qui se déplume et qui se crashe. Dolan, dont le talent de mise en scène n'est déjà plus à 21 ans à prouver, s'inspire des grands de ce monde et déclare un hymne au cinéma: il base son esthétique sur des ralentis musicalisés par une chanson récurrente (la sensuelle, « Bang Bang » de Dalida) qu'il empreinte au Wong Kar-wai d'« In the mood for love » (avec un profond clin d'œil lors du passage dans lequel Marie tient son cadeau, qu'on rapproche facilement du subtil thermos du film qu'il copie), des personnages dont on suit les pas qu'il prend à Gus Van Sant et un photographie belle et douce qu'il transporte dans ce monde depuis la filmographie de Woody Allen. Et de Woody Allen, il prend également de Woody Allen, le scénario où parfois des répliques mordantes et cinglantes se succèdent, et où des scènes pathétiques et profondément touchantes arrivent à s'immiscer. S'il « copie », c'est pour mieux créer son propre univers et sa propre esthétique qu'il amène avec des plans portraits saisissants dans lesquelles il montre toute l'étendue et toute la complexité de la palette de sentiments humains. Mais, car il y a un mais, ce qui fait son charme le dessert également. Des ralentis prépondérants, il trop grande volonté de séduire par l'esthétisme et surtout une histoire coupé par des scènettes, certes intéressantes sur la souffrance amoureuse, qui stoppe l'avancé du récit, qui fait sortir le spectateur d'un monde qu'il avait réussi à créer, et du coup le retour dans l'univers de Dolan se refait avec le même besoin qu'au début du film: capter le spectateur pointilleux. Mais même avec ce bémol, le film reste un film sur une jeunesse amoureuse, sur les déceptions et sur la vie en général que Dolan décortique avec merveilles.