Il était une fois un (longtemps) benjamin d'une fratrie de 3 garçons (le dernier-né n'est pas en cause, plus jeune de 9 ans/lui, le récit ne l'évoque même pas) qui se rêvait en princesse. Une vraie, Sissi, devenue impératrice d'Autriche. Tant qu'à faire ! D'ailleurs, le jeune G. a du sang bleu (sa mère, Mellita, est issue d'une famille de la bonne noblesse russo-géorgienne). Bien différent de ses aînés, à l'image, eux, du père, très sportif, Guillaume, entretenu dans cette illusion par sa mère adorée, s'est donc construit en fille. Délicat, rêveur, intello volontiers, allant jusqu'à parler haut perché comme Mellita (abusant tout le monde, au téléphone par exemple), s'habillant au féminin (avec les moyens du bord), il est moqué par son entourage masculin (et même un peu plus, en pension pour garçons - les choses s'arrangeant cependant quand il va dans un internat mixte anglais), et sa préciosité semble lui assurer un avenir d'homosexuel - opinion générale. Mais les choses ne sont pas aussi simples !
Guillaume Gallienne fait le pitre à l'écran, comme déjà sur scène - mettant d'ailleurs la mouture initiale de cette singulière présentation de soi en perspective dans ce premier film : "Les Garçons et Guillaume, à table !". Mais sous le clown apparaissent en permanence les fêlures, voire les souffrances, d'un être hors-norme. Et l'on admire l'excellent comédien, autant que le conteur - tout en nuances.
Le ton est original, le point de vue inédit. Il y a des passages piquants, tordants, émouvants. Et de façon générale, une étude de milieu (la grande bourgeoisie) tendrement féroce - très réussie (y compris alors, voire surtout, dans le rendu des dialogues). Mais d'autres saynètes sont nettement moins bien venues, et même consternantes (le point d'orgue à cet égard étant le duo avec Diane Kruger, dans un centre de remise en forme de Bavière.. d'une lourdinguerie d'anthologie). L'exercice de style échappe au nombrilisme grâce à la distance mise par l'auteur/acteur, qui joue en double : son propre rôle à tous les âges (ce qui "passe" bien, car à 40 ans passés, GG a une allure lunaire très juvénile encore), et sa mère-modèle - jubilatoire ! En revanche, ces "Confessions", Guillaume Gallienne arrive-t-il à les rendre cinématographiques ? La mise en scène manque, elle, d'invention, quand le fond du propos est si atypique.
Si GG tente à nouveau la réalisation, il lui faudra affiner, et étoffer - mais ce premier essai est encourageant, assurément.