Octubre est le premier long métrage à être réalisé par les réalisateurs Daniel et Diego Vega.
"Le film s’appelle Octubre car il se déroule en octobre et qu’à Lima, c’est un mois important d’un point de vue religieux et historique", expliquent Daniel et Diego Vega. En effet, à cette époque de l'année a lieu depuis 1687 à Lima la fête du Seigneur des Miracles. En signe de foi envers l'icône du Christ, qui sauva à l'époque une maison d'un redoutable tremblement de terre, les gens prient, chantent, décorent les maisons et s'offrent des fleurs. La fête donne également lieu à de longues processions et à des feux d'artifices.
Les deux réalisateurs du film, qui sont frères, ont également moins d'un an d'écart. "C’est facile de travailler ensemble, il n’y a ni heurts, ni ego, nous nous comprenons bien. Nous divisons le travail en deux parties, le scénario et le tournage. Nous nous organisons de la façon suivante : j’écris la première version du scénario après en avoir parlé longtemps ensemble et Daniel réécrit ensuite. Pendant le tournage, Daniel travaille les aspects visuels et moi, avec les acteurs," explique Diego Vega.
Les couleurs (qui caractérisent les personnages) et la composition de l'image, sont des aspects essentiels du film. "Daniel est obsédé par la symétrie. Pendant que nous tournions, il plaçait les chaises 1 mm à droite et je ne le comprenais pas du tout. Par la suite, j’ai compris qu’il essayait de trouver la beauté (et pas seulement la symétrie) dans chaque cadre parce qu’il espérait à travers cela, raconter une histoire rigoureuse et laconique", témoigne Diego Vega.
Octubre, qui aborde des thèmes particulièrement difficiles (la solitude ou le désespoir), mêle des scènes relativement dures à un humour noir pour le moins singulier. De l'aveu des deux réalisateurs, il s'agit d'une manière plus légère de traiter de sujets dramatiques.
Plusieurs éléments du film ont une signification symbolique. Les deux réalisateurs ont apporté quelques éclairages sur ces détails qui ont leur importance. Le nougat, par exemple, est une friandise que l'on s'offre beaucoup à Lima en octobre. Il symbolise une offrande à la figure du Christ. De même, la couleur violette est également associée à la fête du Seigneur des Miracles. Clemente, prêteur sur gages, est quant à lui aux antipodes de cette image christique qui donne sans attendre quoi que ce soit en retour.
Tous deux cinéphiles, les frères Vega ont puisé leur inspiration chez de nombreux réalisateurs aux origines variées. "... les films de Bresson, Kaurismäki, Jarmusch ou certains films argentins ou uruguayens de ces dernières années comme L’Autre ou Whisky ont été nos références. Je crois qu’ Octubre est notre interprétation singulière du cinéma", expliquent les deux cinéastes.
Octubre a reçu le prix du jury au Festival de Cannes 2010 dans la catégorie Un Certain Regard. Le Pérou n'avait pas eu l'occasion d'y participer depuis Sin Compasion de Francisco J. Lombardi en 1994.
Après une période plutôt difficile, le cinéma péruvien semble à présent connaître un nouvel essor. A la suite de Francisco J. Lombardi (référence au Pérou en matière de 7ème art), plusieurs réalisateurs de talents commencent à apporter leur pierre à l'édifice, de plus en plus aidés financièrement par l’État. "...suite aux violences des années 1980 et 1990, le pays traverse une période de réflexion et lorsque le pays le fait, le cinéaste aussi, il ressent le besoin de raconter ce qu’il a vécu, ce qu’il pense des choses, ce qu’il a traversé", expliquent Daniel et Diego Vega.