Bien du monde pensait les espagnols exceller uniquement dans les films d’épouvante, et je faisais partie de ceux-là. Et mis à part le réalisateur Pedro Almodovar dont le nom a de larges consonances ibériques, j’ignore tout du cinéma hispanique. Alors comment ai-je découvert ce film ? Par l’intermédiaire de mon adolescente de fille, en quête de belles histoires qui font rêver. Au départ du film, j’ai eu un peur quand même, avec d’une part un doublage français un peu douteux aux paroles manquant par moments de maturité, et d’autre part avec cette romance à priori impossible entre deux êtres que tout oppose. Mais grâce à la qualité de la mise en scène, une formidable musique doublée de choix très judicieux concernant les morceaux préexistants, et une excellente interprétation de Mario Casas, le charme opère peu à peu pour vous envoûter jusqu’à la fin du film. D’ailleurs on croit à plusieurs reprises que nous arrivons à l’épilogue de "Trois mètres au-dessus du ciel", mais non : il y a toujours une petite rallonge qui ne manque pas de surprendre pour nous servir une chute bien différente de celle que le spectateur va imaginer. Bien sûr, il y a quelques petites choses ici et là qu’on voit venir gros comme une maison
(comme l’accident de moto)
, mais après tout… un peu de prévisibilité fait aussi du bien dans cette romance qui n’a à priori aucune raison d’être. Cette romance, on pourrait dire qu’elle s’inspire à la fois des sagas "Twilight" et "Fast and furious" de façon subtile. Mario Casas et Maria Valverde se donnent parfaitement la réplique, notamment à partir du moment où leurs personnages entrent en symbiose, tels deux électrons devenus libres. Résolument, ma mention spéciale va vers le jeune comédien masculin, tant il arrive à exprimer les différents sentiments qui animent son personnage. Habité par une rage de tous les instants, il est brutal, violent, arrogant, impétueux, présomptueux, pernicieux. Un vrai bad boy en somme, et pourtant… face à cette jeune fille de bonne famille, qui plus est aisée, il va s’habiller peu à peu de contrastes qui sont les exacts contraires de tous les qualificatifs que je viens de lui octroyer. Je ne serai pas étonné que Mario Casas embrasse une carrière internationale tant il parvient à exprimer avec autant de facilités la colère, la haine, le désespoir, et cette immense tendresse si mal cachée. Alors certes, je vous l’accorde, comme le dit l’internaute Khal Drogo, la petite bourgeoise qui tombe amoureuse du bad boy, ce n’est pas très original en soi, et c’est même assez cliché ; d’autant plus qu’avec un début un peu en demi-teinte pour les raisons que j’ai invoquées plus haut, on pourrait être tenté de ne pas suivre cette énième romance jusqu’au bout. Ce serait une erreur. Car cette histoire démontre que les vrais sentiments peuvent exister : on parle ici de sentiments si purs et si beaux que chacun peut y trouver son compte et se prêter à en rêver. Nous sommes d’accord, le scénario n’a rien de bien original, ce qui est le cas pour la plupart des romances. Mais il est bien écrit, bien rythmé dans son ensemble et très bien filmé par Fernando Gonzáles Molina, faisant de la première scène d’amour charnel un sublime tableau à l’esthétique visuelle confondante. J’ai aimé aussi l’apparition des deux de nos protagonistes lorsque ceux-ci sont chacun de leur côté. Ainsi, grâce à cette réalisation chargée de poésie et une photographie superbe, l’émotion monte crescendo tout au long du film. Les grands romantiques ne devraient d’ailleurs pas parvenir à retenir leurs larmes. Cependant j’aurai aimé que les parents de Babie (notamment la mère, qui paraît acariâtre alors qu’elle ne pense qu’au bien de sa fille) soient plus développés pour nous offrir plus de conflits, plus de combats, mais aussi plus de confrontations entre la raison et la passion.