Je n'ai pas vraiment été réceptif à ce scénario bizarre, ni été réceptif au message du film. Il me manque des éléments pour y croire et être vraiment dérangé par ce que le réalisateur montre à l'écran. Un peu plus de conviction et de charisme de la part des acteurs, peut-être...
On connait toutes les peines rencontrées par les rares réalisateurs français qui tentent d'exister à travers le cinéma de genre. Pascal Laugier fait partie de ces jeunes geeks qui après une expérience malheureuse dans l'hexagone se sont exilés Outre Atlantique pour vivre leur passion. Avec "The secret" Laugier qui est à l'origine du projet est parti tourner cette histoire de croquemitaine au Canada où il a eu la chance de diriger Jessica Biel, nouvelle égérie du cinéma de genre depuis son apparition dans le remake de "Massacre à la tronçonneuse" de Marcus Nispel (2003). Si son film révèle quelques lacunes dans l'agencement du suspense, le grand mérite du scénario est de réserver une fin tout à fait inattendue qui éclaire le film d'une coloration politique qui ne sautait pas aux yeux immédiatement. Les fans du genre horrifique sont en effet habitués à voir des pauvres bougres quasi analphabètes, laissés pour compte du système et reclus dans les campagnes reculées de l'immense pays, torturer de jeunes citadins venus s'oxygéner et folâtrer le temps d'un week-end chez les bouseux. Ce n'est pas ce schéma narratif habituel que nous offre Laugier qui s'interroge ici sur le droit des populations aisées à disposer des exclus tout juste bon par le don de leurs ouailles à venir au secours de leurs carences affectives . C'est sûr le garçon progresse et il est complètement habité par son art comme le prouve le making of très réjouissant proposé sur le DVD.
Un peu déçue par ce projet dont la bande-annonce était assez mensongère à mon humble avis. La complexité du film ne m'a pas dérangée. C'est plutôt la fin, expliquant toute l'intrigue, qui me laisse perplexe. Etait-ce dans le but de faire adhéré le spectateur, ou plutôt que ses sentiments par rapport à l'histoire restent indécis ? En tout cas, je ne pense pas avoir adhéré à cette morale.
Si seulement le scénario tenait la route et que tout les plans n'étaient pas que du remplissage ou des idées métaphysiques à la mords-moi le nœud (et d'une éthique douteuse..).. Pascal Laugier perd son film au bout d'1h et au final il n'a aucun intérêt. C'est bien dommage.
"Après "Martyrs", P. Laugier signe ce thriller en anglais, qui change subitement de sens - et même de genre - au milieu du récit. Une démarche originale, mais pas assez maîtrisée pour convaincre." (Les Fiches du Cinéma)
L'atmosphère glauque et oppressante est vraiment le seul attrait de ce film qui accumule les invraisemblances et les retournements de situations stupides. A l'image du dénouement ridicule et à la morale douteuse.