Remake du film culte d’Yves Robert, "La Guerre des boutons" version Yann Samuell restera surtout dans les annales pour son affrontement aberrant avec "La Nouvelle Guerre des boutons", l’autre remake signé Christophe Barratier sorti 1 semaine après ! On ne dira jamais assez de mal de cette situation grotesque (due à une guerre entre producteurs suite à l’entrée du roman d’origine dans le domaine public) qui, en outre, n’a profité à aucun des deux films qui n’ont pas obtenu les scores espérés au box-office. Mais, plus grave, il y a fort à parier que la course entre les deux projets pour sortir en premier sur grand écran se soit fait au détriment de la qualité du film. Car, "La Guerre des Boutons" de Yann Samuell, qui paraissait pourtant plus prometteuse que son rival (avec des bandes-annonces amusantes et un casting un peu plus hype), s’avère particulièrement inégale. On passera gentiment sur la mise en scène, qui ne se risque pas à la moindre innovation formelle (ce qui parait invraisemblable de la part du réalisateur de "Jeux d’enfants"), et sur les gags, tous plus inoffensifs les uns que les autres quand ils ne sont pas carrément maladroit (la séance de torture de Papier Mâché fait tâche). Concernant l’interprétation, on aura du mal à se contenter des prestations livrées par les acteurs. Chez les adultes, si Eric Elmosnino assure en prof attentif et Fred Testot amuse en curé énervé, on ne peut qu’être déçu par la sous-exploitation d’Alain Chabat et par le jeu prévisible de Mathilde Seigner. A l’inverse, on ne peut pas reprocher grand-chose aux gamins du film (qui sont les vrais héros de l’intrigue), si ce n’est qu’ils ne marqueront pas les esprits que ce soit le chef Lebrac (Vincent Bres), le méchant Aztec (Théo Bertrand) ou le culte Tigibus (Tristan Vichard), dont on attendait beaucoup plus mais qui souffrent d’un manque de mise en valeur par le réalisateur. Seule Lanterne (découverte de la jeune Salomé Lemire) tire un peu son épingle du jeu, sans plus. Difficile, dans ces conditions, de prétendre également ou, à tout le moins, approcher la place du film d’Yves Robert dans la culture populaire. Le comparatif entre les deux films démontre d’ailleurs que les temps ont bien changé (voir, par exemple, le scène où les enfants attaquent leurs ennemis complètement nus, et qui est filmée ici avec beaucoup de "précaution") et oblige à se poser la question de l’intérêt de faire le remake d’un film appartenant à une époque révolue et qui ne correspond plus franchement aux goûts du public actuel. Car on ne retrouve jamais vraiment la nostalgie qui aurait pu permettre au film d’être une réussite (la faute à la photo pas assez travaillée et au manque d’immersion de l’intrigue dans son époque, sans doute). Dans un registre similaire, "Le Petit Nicolas" avait bien mieux réussi son coup (grâce à d’excellents dialogues et à une mise en scène travaillée), preuve que l’exploit est possible. Encore aurait-il fallu mettre un grand réalisateur (et surtout, un grand directeur d’acteurs) aux manettes de ce remake qui se regarde sans déplaisir mais qui s’oublie très rapidement.