Un thème courageux et sujet à de nombreuses controverses. Bravo d’avoir osé et d’avoir réussi à en faire quelque chose de pas trop moralisateur, manichéen, moderne (comprendre violent et sexuel) ou versant dans le pathos à l’excès. Pour une fois l’Oscar est mérité.
On a tout ça mais en quantités raisonnables, puis c’est du Tarantino alors le sang on ne peut le zapper, tout comme le petit rôle du réalisateur. L’histoire est d’un côté trop rare, encore plus amenée ainsi, mais la trame elle est des plus classiques, même si le thème est encore : la vengeance. Si elle nous introduit complètement dans le monde de l’esclavagisme et ses tourments, aussi malsain que ce soit, elle traîne trop à cause de longueurs inutiles. En cela Quentin colle à l’ambiance western qu’il veut donner, louchant du côté spaghetti donc. On trouvera des références aux 7 salopards ou à Once upon a time in the West, notamment avec la musique qui s’inspire complètement de Morriconne (faut avouer que c’est vraiment dans le ton) mixé avec du rap et du hip hop. Les acteurs se sont mis au diapason de l’ensemble, Waltz devient récurrent et Léo s’en sort très bien.
Par contre j’ai l’impression que Tarantino tombe dans le sensationnalisme américain. Si ne pas aller dans la critique d’une époque est bien, il semble parfois à peine l’effleurer, on est en pleine guerre de Succession mais elle est à peine évoquée, finalement on parle peu d’esclavagisme, on voit les horreurs qu’ils ont subis mais pas tant non plus, on sait leur travail mais sans pouvoir se douter de la dureté… Même Fox est soit trop terne soit trop dans le paraître (clope et façon de flinguer). La fin, devinable, est symptomatique de cette faiblesse, c’est plus fade alors. Puis l’histoire est trop « facile », les chasseurs de primes chassaient plus souvent les esclaves en fuite qu’ils ne les croyaient, même si historiquement parlant je n’ai pas relevé de fautes. En plus, ici, les motivations du dentiste arrangent bien le récit
(ok je t’entraîne et je t’aide pour faire un truc super dangereux qui me coûtera finalement la vie, alors que j’ai pas dépensé mon pognon si durement gagné, tout ça parce que tu m’aides sur un coup afin que j’en ramasse encore pour rien…).
Du reste c’est un Tarantino honnête, avec une VF moyenne (des accents étranges), un montage bien fait, des FX qui s’insèrent sans se voir, des décors sympas, moins de sang que dans Kill Bill et des textes inspirés. Néanmoins l’ensemble demeure moyen à mon goût, trop ou pas assez, des manques et des longueurs à zapper, au contraire du film qui à le mérite d’aller dans des directions que peu de réalisateurs connaissent…