Pour commencer cette critique, je me dois de commencer par parler de la première version réalisée par Brian De Palma en 1976, que j’ai détestée au plus haut point. De mon point de vue, tout dans ce film sonnait faux, tout y était grotesque et risible-, le casting y compris, notamment Sissy Spacek qui m’a beaucoup fait rire avec ces grands yeux écarquillés, plus comiques qu’effrayants, -à l’exception de la scène du bal, véritable démonstration, assez impressionnante, de mise en scène. Et aussi fou que cela puisse paraître, je suis sorti très convaincu par ce remake, qui certes a son lot de défauts, mais qui a su faire des choix bien plus judicieux pour servir une histoire, qui même si je ne l’ai pas lue, me semble à la base très faible (et oui, j’ose remettre en cause le roman de Stephen King). Pourtant ce remake m’effrayait pas mal à la base, surtout vu les premiers retours qui étaient juste catastrophiques, notamment à cause du choix de Chloë Grace Moretz pour le rôle de Carrie. Je l’apprécie beaucoup, elle est très douée, là n’est pas le problème, seulement elle est beaucoup trop jolie pour un tel rôle. Difficile de croire qu’elle puisse être victime de maltraitances dans un lycée, et c’est effectivement quelque chose que je n’ai jamais pu m’enlever de la tête. Néanmoins, son charisme et son visage d’ange offrent beaucoup à son personnage, à savoir une bonne dose non négligeable d’empathie, qui, ajoutés au lissage de Kimberly Peirce qui la rend beaucoup plus humaine, en font un personnage moins détestable, et moins ridicule, un personnage auquel on s’attache. Et si on reprochera à la jeune actrice d’en faire souvent un peu trop, plus précisément lors des scènes de télékinésie durant lesquelles elle nous sert des expressions faciales plutôt coquasses, force est de constater qu’elle s’en sort à merveille et que ce rôle lui va finalement très bien. De l’autre côté, plus effrayante que jamais, Julianne Moore, dans le rôle de la mère de Carrie, dont l’extrémisme religieux est ici bien plus poussé et marquant, à l’image de sa scène d’ouverture, glaçante. Mais ce qui fait la réussite de ce remake, c’est son parti pris de s’attarder un peu plus sur la psychologie des personnages, et de développer avec plus de réussite les personnages secondaires. Ainsi, l’opposition entre Carrie et sa mère est plus puissante, les intentions des personnages secondaires sont plus claires, etc. Mais le point sur lequel on pourra attaquer Kimberly Peirce, c’est son manque total de prises de risques. Elle évite toutes les difficultés, soit à coup d’effets spéciaux qui font certes leur petit effet, mais qui sont aussi parfois légèrement ratés, soit en usant de ficelles et de clichés un peu faciles et bien pensants, dans l’air du temps. Le meilleur exemple étant la scène du bal, qui débute très bien et s’avère être un joli petit bout de teen-movie (avec l’excellente BO qui va avec), qui vire presque à la rom-com, mais qui enchaîne les mauvais choix au moment de passer dans la partie horrifique du film (le plan avec le sceau notamment, montré 4 ou 5 fois si je me souviens bien, qui perd beaucoup d’impact à cause de ce côté insistant), même si celle-ci offre pas mal de spectacle. Du coup, le résultat de tout ça, c’est que la mise en scène manque cruellement d’identité, de style, et de personnalité, et donne l’impression d’un film de commande. Mais le tout fonctionne assez bien, et je me vois mal critiquer et descendre un film qui arrive à faire fonctionner son histoire, et qui m’a convaincu, même si c’est par la facilité. Carrie la Vengeance, version 2013, est donc loin d’être mémorable, et souffre d’un gros manque de prises de risques de la part de la réalisatrice, qui fait uniquement dans la facilité, ainsi que de son enfermement dans un classicisme un peu lourd, qui enlève tout charme, toute personnalité, et tout style à l’ensemble de l’oeuvre. Mais étrangement, les défauts du film deviennent aussi parfois des qualités, et apportent beaucoup au fonctionnement de l’histoire, et aux personnages, notamment dans leur traitement. Un remake assez maladroit et un peu hésitant donc, mais qui se rattrape par quelques fulgurances (son excellente scène d’ouverture), et son casting assez solide, avec une Chloë Moretz qui en fait trop, mais qui est touchante, et une Julianne Moore qui semble véritablement possédée. Un film pas indispensable, mais tout à fait défendable, et divertissant.