Il est impératif de se remettre dans les Fifties, l'après-guerre (une vraie guerre où on se foutait sur la g...), que je n'ai pas connue moi-même mais que je peux imaginer grâce aux images d'archives, aux fictions et aux témoignages parentaux. La Fureur de Vivre, c'était donc en plein baby-boom. Bref, loin de la dureté des temps de mondialisation 2008 : on émergeait du pire, on sortait de LA grande calamité, il fallait reconstruire d'urgence un monde axé sur le matérialisme, le milieu décrit est plutôt aisé (la grande trouille de cette époque restait, aux USA, le communisme) : période d'ennui assuré pour les ados avides d'authenticité morale par nécessité de se construire. Désir du jeune homme de se colleter à Papa, qui ne sait plus quelle idée avoir au juste, avec Maman qui le contredit puis se contredit ! Voilà qui donne un révolté admirablement incarné par James Dean, il est tout simplement ulcéré par la surprotection de sa molle famille. Du côté de la jeune fille (Natalie Wood, très glamour), relation trouble avec Papa, assez bel homme, le film laisse entendre que le petit dernier l'a supplantée, mais on n'en sait pas davantage, elle aime qu'on se mette en danger pour elle, la mère semble équilibrée mais la brave bonne femme passive. Bref, une bande se forme, qui joue à se pousser dans ses limites. A bien y regarder, est-on si éloigné de ce genre de délire si on pense par exemple au jeu du foulard des écoliers actuel ?... La civilisation a engendré la crise adolescente dans les pays industrialisés occidentaux, et chaque époque propose son illustration du phénomène. L'avantage ici est l'accent mis sur l'autorité ET l'éducation. On parlemente, les insultes faciles sont absentes... A cent lieues du bras de fer actuel entre jeunes et policiers, moi ça m'a fait plaisir.