Si vous avez aimé la bande-annonce, n'allez pas voir le film.
Cette œuvre devait narrer le contraste entre un monde encerclé après les ténèbres qu'est le Japon de l'entre-deux-guerres, victime de la pauvreté, des épidémies, des catastrophes naturelles et d'une militarisation rampante de la société; et en opposition, un jeune homme ambitieux et prometteur, un génie avant-gardiste, cosmopolite, attaché au progrès et à l'humanité, porteur d'espoir. Il n'en n'est rien.
Pour son dernier film, Hayao Miyazaki déçoit profondément, en livrant un film qui cumule toutes les erreurs possibles dans une biographie.
Quand on adapte la vie d'un être humain, le spectateur doit être capable, après la projection, de répondre à la question "Pourquoi avoir fait un film sur cet homme?" Ce n'est pas le cas avec Le Vent se Lève. Je n'ai pas compris l'importance d'un tel homme, ni ce qui le rendait extraordinaire, singulier au point de lui consacrer un film.
La deuxième erreur est la manière dont le thème du film est abordé : la passion pour l'aviation de Jirô Horikoshi devrait être partagé avec le spectateur. Comme pour un film sur un pianiste, qui donnerait naturellement envie de jouer d'un tel instrument. Le film devrait donner envie de s'intéresser aux avions. Mais pas du tout.
Une erreur monumentale a été de découper le films en scènes indépendantes, sans lien entre elles. Le film n'a, dés lors, aucune progression, aucune cohérence, devenant une vulgaire compilation de scènes "avec Jirô Horikoshi". Point final.
Tout le travail du metteur en scène et du scénariste n'est pas de reconstituer des scènes passées à la postériorité, mais, au contraire, de raconter ce qu'il se passe entre ses différents évènements publiques.
À ce titre, le film ne raconte pas la vie de cet ingénieur aéronautique. Si vous pensez en apprendre plus sur sa vie en allant voir le film, autant vous enfoncer une baïonnette dans l'œil! Vous en apprendrez mille fois plus en regardant sa biographie sur Wikipedia. Rien n'est expliqué au spectateur, ni la famille d'où il vient, ni sa personnalité, ni ce qu'il aime ou déteste.
Ce japonais apparaît dans tout le film comme un homme distant et insensible, à l'égard du monde entier.
Le film ne développe pas non plus les créations à proprement parler des avions sur lesquels il travaille, s'exonérant de rentrer dans un quelconque détails technique, préférez voir un documentaire sur le sujet.
Par conséquent, le film brasse un vide monstre, sans implication émotionnelle pour le personnage principal, ni d'explications ou d'introductions aux différentes évènements de sa vie, arrivant brusquement et traités de manière le plus expéditif au possible.
On se dit que dès que Miyazaki commence une scène, il souhaite passer à autre chose tout de suite, ne s'éternisant jamais à créer un rythme au film, un suspense, une atmosphère quelconque, comme s'il avait une peur panique de s'appesantir sur un moment particulier.
La partie "rêve et poésie" est totalement déplacée et incongrue au vu du traitement général de la vie du héros dans tout le long-métrage.
Et si vous aimez le travail de Miyazaki et le thème de l'aviation, revoyez sa filmographie, qui en est remplie, et où cet élément est parfaitement incorporé au récit.