"Adieu Berthe – L'enterrement de Mémé" permet aux frères Podalydès de retrouver le cœur des spectateurs après leur véritable échec des "Bancs Publics". On se retrouve donc face à une comédie, semblant de drame qui n'en n'est pas un, avec ça, on n'aura jamais autant méprisé la mort. Devant la caméra, les acteurs ont l'air de bien s'amuser, ce qui ne peut être qu'un bon point pour le téléspectateur qui se sent vite dans le film, vite et bien qui plus est. Etsi l'on aime l'absurde, autant en profiter puisque de ce côté on est pas mal servi.
C'est l'histoire d'un mec, il tient une pharmacie avec sa femme. Seulement sa femme n'est pas la seule femme de sa vie et il passe son temps à la tromper et à chercher un petit soutien auprès de sa maîtresse, Valérie Lemercier. Sa mémé meurt et il est en charge de s'occuper des obsèques, son père étant atteint de l'Alzheimer. Il va donc voir les deux seules pompes-funèbres qui semblent s'être installé dans son village, et il "profite" de la mort de sa mémé et de l'approche de ses obsèques pour se poser des questions sur sa pauvre vie bordélique comme sa relation avec son fils (sans doute le passage le moins intéressant du film), la vie de sa grand-maman, ou encore son futur en tant que magicien. Au final, du début à la fin on suit une famille en deuil loin de la tristesse d'une perte, nous permettant de rire avec la chose la plus grave et la plus répandue au monde.
Niveau film sur la mort, en France on en est pas mal friand, ça devient plus facile de rire de la mort que du racisme en France et ça c'est attristant. Bref, avec "Adieu Berthe", on ne nous épargne pas les clichés immondes du cinéma sur les pompes-funèbres, d'un côté les véritables croque-morts anthropophages qui sont à la limite de prendre les mesures e chaque personnes qui franchissent le palier, de l'autre une pompe-funèbre totalement décalée et dépassée qui emmène la famille faire un petit tour de corbillard du genre ami-ami on est cool nous. Mais merde, même si ce sont des clichés, on en rigole bien puisque l'originalité est tout autre part, elle est dans l'écriture des dialogues et des scènes qui est juste brillante. Quand on voit Podalydès entrer dans la première pompe-funèbre, fixant un monolithe au milieu de la salle d'attente, on sait que l'ambiance va être humoristiquement noir.
Certes, on est loin de rire aux éclats à s'en péter les côtes et se fendre les zygomatiques, mais du début jusqu'à la fin on est porté par un humour construit, intelligent et réfléchi, tendre et efficace. Et pour les plus retissant qui n'oserait pas rire de la grande faucheuse en bas résille et thermolactyl Damart, ce film est parfait pour commencer à s'en moquer puisqu'on a jamais vu le sujet du deuil pris avec un tel détachement, digne d'un Bukowski nous narrant la poussée de son dernier furoncle au trou éjecteur d'excrément. Contrairement à moi, l'écriture du film est raffinée, et on en sent pas moins une certaine espèce e mélancolie régnant au dessus du personnage principal auquel on ne peut que s'attacher. D'ailleurs tous les personnages sont plus ou moins attachant à leur manière, excepté la belle-mère qui est le mal de tout homme, cet espèce de tue-l'amour qui, dans mon horizon printanier, a fait passer des nuages sexuels que je ne voudrais pas voir exploser au dessus de mon plumard … pouf, pouf.
Ma note n'est pas très objective, puisque ce genre d'humour, on en est friand ou on en a des nausées. C'est sûr qu'il est loin de l'humour américain (enfin le nouvel humour, là où une femme nue peut faire rire les plus jeunes étudiants), c'est pas l'humour anglais brillant ou à chier, ce n'est pas "l'humour" français des comiques adolescents qui font des films à bide du genre profs (hi kev, how are u ?), c'est un humour particulier séduisant mais malgré ça, on peut sentir une certaine lassitude pour certaines scènes et pour certaines idées. Par exemple, l'idée des SMS apparents n'est pas nouvelle mais elle est mal exploitée, et si elle se veut drôle, elle ne fera qu'engendrer une crise aux épileptiques. En tout cas on passe un bon moment devant un film qui nous montre ses imperfections mais sans nous faire bailler.
Bon Film :)