Casting grand luxe, mise en scène nerveuse, il ne manque somme toute pas grand-chose à Triple 9 pour conquérir un public en manque de nouveaux polar chocs. John Hillcoat, lui-même, avec les succès de La route et Les hommes sans loi, avait d’ailleurs le pédigrée pour parvenir à tourner un film qui n’aurait pas à se cacher derrière toutes ses références. Et pourtant. Tout était donc prometteur, dans ce projet, de l’intrigue sombre à la capacité du metteur en scène à nous faire vivre de vrais instants de cinéma policier. Alors que l’affiche francophone du film, entre autres, nous vend le nouveau Heat, qu’en est-il réellement de Triple 9?
Eh bien nous retiendrons de positif, mais du négatif, aussi. En effet, dans sa furieuse envie de livrer un film choral, un film de braquage dans la lignée des plus grands du genre, Heat notamment, John Hillcoat omet parfois d’insuffler suffisamment de profondeur à son film. On survole d’avantage que l’on s’y imprègne, du fait, peut-être, de la démultiplication des personnages, de faits difficilement crédibles, et j’en passe. Il semble donc qu’à trop vouloir en faire, Hillcoat ne soit pas parvenu à donner une réelle âme à son projet, se contentant de dérouler, avec une certaine maestria, certes, des faits musclés. Ne se contentant pas, en effet, de soigner une confrontation entre braqueurs, en partie flics, et forces de l’ordre, le film nous fait étalage d’une puissance de feu pas toujours tangibles entre flics, flics ripoux, mafia russe ou israélienne, on ne sait pas trop, narcotrafiquants mexicains, sans oublier des ex membres des forces spéciales. Un sacré mélange, me direz-vous. On apprécie, certes, ce portrait noir et violent des bas-fonds d’Atlanta, mais nous aurons parfois tendance à nous y perdre un peu.
Coté casting, puisqu’il s’agit là d’un réel argument en faveur du film, aligner quelques têtes d’affiches de séries glorieuses, Aaron Paul et Norman Reedus, aux côtés de pointures tels que Woody Harrelson, Casey Affleck et quelques autres, relève d’un certain coup de pub marketing. Il est pourtant surprenant de découvrir ici Kate Winstlet dans un rôle caricatural qui ne lui convient que très peu. Dommageable. 14/20