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Dora M.
49 abonnés
479 critiques
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4,0
Publiée le 8 mai 2020
Jean-Louis (Jean-Louis Trintignant) habite en Province et croise un ancien camarade qui l’invite chez une amie à lui, Maud (Françoise Fabian). La neige l’oblige à passer la nuit chez elle, l’occasion de discuter de divers sujets. Le lendemain, il croise une autre jeune femme qu’il avait repérée à la Messe, Françoise (Marie-Christine Barrault). Il ne se passe pas grand chose mais c’est pourtant captivant. Les personnages discutent beaucoup entre eux, abordant plusieurs thèmes. Par exemple, les échanges autour des probabilités et de la théorie de Pascal sur le pari sont très intéressants, notamment en ce qui concerne l’espérance et le gain possible : même si un événement a peu de chance de se produire, le gain possible est tel qu’il vaut le coup de se tenter. Que la vie ait un sens ou non, on est obligé de croire qu’elle en a un car si on part de l’autre postulat, on a tout perdu si jamais la première hypothèse se réalise. Les échanges sont une bonne façon d’apprendre des notions philosophiques, ce n’est pas pompeux, je trouve que cela fait naturel. C’est profond. Divers autres thèmes sont abordés comme la religion, l’amour, le pardon. C’est vraiment l’occasion de réfléchir, certes il faut rester bien concentré, mais on est face à différents points de vue. Il se passe très peu de chose mais les échanges maintiennent le rythme car ils sont très intéressants. J’ai trouvé Françoise Fabian captivante, elle a beaucoup de charisme et la nuit chez elle semble rapide, on ne s'ennuie pas à suivre toutes ces discussions. En revanche, j’ai trouvé que le rythme retombait avec Marie-Christine Barrault, beaucoup plus discrète, un peu ennuyeuse. Heureusement, elle arrive quasiment à la fin du film.
quelle esprit d'indépendance ce film à contre-courant en pleine vague soixante-huitarde; film culte à l'époque notre jeunesse, parler d'infidélité, de religion beaucoup, de marxisme toute la nuit dans une ville de province sans saveur. Un regard sur nous-même, des dialogues de haute tenue. La photo est sans intéret, la mise en scène statique, pourtant on ne s'ennuie pas sans tomber à genoux. TV - janv 10
Un des plus beaux films de l'histoire du cinéma, beau, subtil, complexe et touchant... Rohmer parvient a filmer l'invisible: un instant prècis, la naissance d'un sentiment, la tension dans l'air entre les deux etres qui ne savent pas quoi en faire. Jean Louis Trintigant est excellent dans le rôle du catholique un peu coincé qui justifie son manque d'assurance par la culture, et Francois Fabian est tout simplement superbe en femme libre et cultivée. Rohmer au sommet de son art..
Incroyable mais vrai, ce film parvient à accomplir l'exploit d'être à la foi drôle, intéressant et ennuyeux; du jamais vu. En tout cas il ne laisse pas indifférent. On peut adorer ou détester, personnellement je suis plutôt partagé en ce qui concerne ce film.
A travers une réflexion existentielle empreinte d'une sensualité toute rohméreinne, le cinéaste parvient à instaurer une très belle harmonie de tons Les interprètes sont excellents (Trintigant, Fabian, Vitez...) et la longue séquence centrale (qui donne son titre au film) constitue un véritable moment de grâce !
La soutenable pesanteur de l'être: on est, on s'attache, on se detache. Le dieu n'est jamais la, la grâce oui. Et la reflexion, toujours a double sens, toujours double: philosophique (quoi somme nous et nos amours?) et optique (Maude qui regarde Trintignant qui la regarde). Il y'a une telle profondeur, dans chaque personage, et un simplement humain qui font que ce film est à la fois grave et leger, une somme des tous les contraires, comme le jesuite et janseniste personage de Trintignant, comme la triste et heureuse Maude. Belle Maude, veut elle coucher avec lui? Et lui avec elle? Oui, biensur. Et non, pourtant. Le désir n'est jamais simple chez Rohmer, qui aime le prolonger, le comprendre, le vivre, le contraindre, au lieu de l'assouvir. Plaisir de philosophe, de romancier et, surtout, de grand cinéaste. Oui, ce film est un chef d'oeuvre.
Le seul drame de ce film est qu'il nous manque à l'instant même ou il se termine. Les hommes parlent comme si la vie n'était qu'une quête philosophique. La force du scénario est de s'attarder sur un événement semblant insignifiant mais qui l'air de rien définit une existence. Un vrai plaisir.
Le film comporte un moment fort, évoqué dans le titre, une excellente soirée, où les protagonistes citent et commentent, naturellement, les Pensées de Pascal. Cette scène est un moment fascinant de cinéma. On retrouve sinon le thème habituel du réalisateur, la recherche de l'amour humain, évoquée ici avec un humour réussi - comme la petite annonce suggérée " cherche femme catholique et blonde"-.
A travers ce film, comme une littérature cinématographique, presque une pièce de théâtre, on peut mesurer à quel point les mœurs ont changé,je vois ce film en 2020, et je constate combien le poids des religions, de la morale, et di puritanisme sont omniprésent dans la vie de tout un chacun
*Ma nuit chez Maud* est un voyage entre les mots et les sentiments. Un petit chemin entre les pensés de renom avec cette fixation sur Pascal, et celle plus personnelles à l'image des questionnements du personnage de Jean-Louis, incarné par Jean-Louis Trintignant. Eric Rohmer s'approprie la notion d'immersion pour l'enlever des griffes de l'attraction, au profit d'une soirée que le spectateur passe en compagnie d'êtres replaçant l'amour à sa place la plus primordiale. Un *Manhattan* de Woody Allen délocalisé en Auvergne, où la potentielle répétition des citations et des références se délaissent au profit de personnages misant sur le : « et toi, qu'est ce que tu en penses ? ». On retourne à hauteur d'homme, un lieu où seule l’expression des sentiments peut triompher.
Quatrième volet des *Six contes moraux*, cette nuit chez Maud s’intéresse à la dimension de l'amour concernant un homme pris entre sa volonté de pureté religieuse et le désir inévitable d'aimer et d'épouser la liberté. Concernant le bonhomme Rohmer, j'avais pour ma part seulement eu affaire au premier épisode de cette petit saga philosophique. Ce fût *La Boulangère de Monceau* et il s’avérait déjà très intéressant dans le traitement de cette question cruciale des jeunes rapports amoureux : qui dois-je préférer, la personne qui comble mon désir et ma soif d'amour présente ou celle qui m'a toujours fait rêver ? Dans *Ma nuit chez Maud*, Eric Rohmer s’intéresse donc à ces volontés de vie opposées qui ne peuvent finalement que se rejoindre. Le désir naturel qui sublime chaque humains face à la pureté religieuse qui magnifie autant qu'elle questionne. Rohmer construit comme une articulation entre naturalisme et l'idéalisme avec entre les deux extrême, une très belle réflexion sur le coup de foudre. Poésie personnel et complètement universelle théorisée par le pari de Pascal, et illustrée par ces regards entre Jean-Louis et Françoise au sein de l'entre de Dieu.
Eric Rohmer construit son récit au fil des mots et des heures qui tournent. Nous sommes comme en communion avec les personnages, au rythme de cet éclaircissement somptueux sur l'amour. Qu'ils sont agréables ces moments où l'ont arrive face à une oeuvre en étant remplie d'incertitudes et où l'on en ressort éblouie et conquit par un fleuve de mots agençant les sentiments. Pouvoir d'un cinéma poétique remplie d’intelligence et de bonne volonté qui sait tailler ses personnages pour les ramener à de simple Homme échangeant sur la vie telle qu'elle fredonne.
Admirable résistance au temps d'un film qui a 51 ans ! Actualité brûlante des questionnements religieux et existentiels, des engagements, des choix, du sens de l'amour. Intemporalité des Pensées de Pascal, intelligibilité irréprochable de la diction des acteurs qui ar-ti-cu-lent, malgré la volubilité du dialogue rohmérien, au passage un hommage absolu à la langue française. Françoise Fabian, actrice sensible et irrésistible beauté indémodable, et Trintignant parfait comme toujours. Bref, quand on pense que ce film a vu le jour un an après Mai 68, c'est à dire à contre-courant absolu de l'anti-religiosité obligatoire du temps, il est rafraîchissant de constater qu'une oeuvre courageuse, qui se fout des mots d'ordre, est la seule qui demeure. Comme toujours, la caméra de Rohmer nous embarque dans ses contes, oui, mais partout pour de vrai.
Faire un film qui parle de philosophie, ça me semble un pari risqué. Mais réussir à le rendre aussi intéressant et captivant, ça tient du miracle. Pourtant, c'est le cas ici : une vraie oeuvre artistique à tout point de vue, tant au niveau de la qualité d'interprétation que de la réalisation.
Je suis loin d'avoir fait le tour complet de l'oeuvre de Rohmer. Je ne suis pas fan de tous ces films, mais j'ai beaucoup aimé l'esthétisme de "La collectionneuse". Ici ce sont les dialogues et les acteurs qui m'ont séduite. Je trouve ce film beaucoup plus réussi que "La femme de l'aviateur" ou "L'amour l'après-midi" vus récemment. Je le trouve plus abouti, mieux construit, et vraiment intéressant. Et puis il y a Clermont-Ferrand... J'y suis passée il y a quelques années et j'ai adoré voir via ce film comment était la ville dans les années 60. Donc pour Clermont-Ferrand, mais surtout pour Jean-Louis Trintignant, Françoise Fabian et Marie-Christine Barrault que j'ai adoré, et pour les dialogues ! Il y a une sincérité bouleversante et une vraie profondeur dans le personnage de Jean-Louis qui m'a touchée.