Haewon et les hommes est un joli film qui convoque Rohmer, ses longs plans, ses héros bavards et statiques. On s'installe progressivement dans une durée qui s'étire pour mieux nous laisser observer les incompréhensions et les embarras dont sont faits les divers tête-à-tête d'Haewon avec ses amis, sa mère et, surtout, avec les hommes. Le personnage principal, qu'on soupçonne avec mépris d'être métisse (le titre original signifie littéralement "Haewon fille de personne"), est aussi introverti que fantasque. Quand elle s'étonne que des gens laissent leurs mégots allumés après les avoir jetés, Haewon résume son propre caractère, celui d'une jeune fille qui s'efforce tant bien que mal d'aller de l'avant en laissant derrière elle le passé, le poids des filiations et des responsabilités. Le résultat de cette quête permanente est un mélange de mélancolie et de fantaisie que le personnage communique au film lui-même, dont chaque scène semble se plier aux caprices de son héroïne, qu'elle décide brusquement de courir, de crier, ou qu'elle s'éclipse, saoule, d'un dîner entre amis. Le caprice ultime d'Haewon, c'est peut-être le rêve d'un quotidien teinté de magie, qui affleure par moments dans le film. Quand un étranger fait apparaître un taxi par la force de la pensée ou que Jane Birkin apparaît soudain dans son propre rôle pour disparaître tout aussi soudainement, on pressent la forme que pourrait prendre ce quotidien, léger, incohérent, presque absurde, auquel aspire cette "fille de personne".
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