Sous maquillage ad hoc, le très snob Stanley Crawford, pur produit de la gentry, habitant (évidemment) Belgravia, est "Wei Ling Soo", le David Copperfield de son époque (rompu à toutes les finesses de la grande illusion, lui fait disparaître sur scène, lors de ses tournées internationales triomphales, un véritable éléphant). On est en plein dans les "années folles", en 1928 (ce qui justifie un charleston-ritournelle, qui vrille rapidement les nerfs du spectateur). La reconstitution d'époque (ambiance "Gatsby" - ici chez les "happy few" en villégiature sur la riviera française) est ce qu'il y a de plus irréprochable (voitures étincelantes, garde-robes aux petits oignons, demeures somptueuses, et même une fête grandiose, digne d'un roman fitzgéraldien). Pour le reste.... Ce qui se voudrait une sorte de conte moral (Stanley, figure de Misanthrope anglais, "victime" d'une rouée, figure de Célimène américaine, actualisée en médium) s'enlise rapidement dans un récit bancal et languissant, tournant à la comédie "romantique", pâlotte, laborieuse et convenue. Colin Firth ("Stanley") réussit à être presque mauvais, tellement il est peu à l'aise, voire caricatural, dans sa posture d'atrabilaire amoureux, à diction de fausset.
Emma Stone ("Sophie") rappelle vaguement Mia Farrow au physique (celle par exemple du "Gatsby" de 1974 - celui de Jack Clayton), mais n'a en aucune façon sa grâce et son talent.... Des personnages secondaires n'émerge que "Tante Vanessa", incarnée par "dame" Eilleen Atkins, grande figure de la scène britannique, et actrice populaire des petits et grands écrans outre-Manche.
Le "cru" Woody Allen 2014 m'a plus déçue encore que "Blue Jasmine"...... Le maître new-yorkais, pour moi, s'essouffle notablement depuis son escapade romaine d'il y a 2 ans - le signe le plus patent étant la pauvreté des dialogues de ce "Magic in the Moonlight" (quand Allen était, naguère encore, réputé pour l'excellence de ceux-ci).