Oh la la, mais quelle incroyable surprise de dingue !! Qui aurait pu croire que le troisième (et dernier) volet consacré au plus borderline des mutants serait une telle perle ?! A l’heure actuelle où tous les films estampillés « Marvel » utilisent la même formule (quelque chose d’ultra calibré pour correspondre avant tout aux attentes de fans, non pas de cinéma mais des comics dont est issu le film), proposer une intrigue inédite et non canon représente un joli petit exploit. Il n’est donc pas étonnant de retrouver derrière "Logan" le studio 20th Century Fox qui avait déjà ravi les fans tout en osant la classification R (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés) avec l’excellent " Deadpool". Mais si le film est aussi bon, c’est surtout grâce à un seul homme : James Mangold. Véritable auteur au sens propre du terme, Mangold est un cinéaste capable de réaliser tout et n’importe quoi : polar ("Cop Land"), biopic ("Walk the Line"), western ("3h10 pour Yuma"), romance fantastique ("Kate & Léopold"), drame intimiste ("Une Vie Volée"), comédie d’action ("Knight & Day") ou thriller claustro ("Identity"). Ces films disposent chacun d’une personnalité notable car Mangold se focalise toujours sur quelque chose de brut. Pour "Logan", même s’il se base au départ sur le comics « Old Man Logan », c’est sa propre vision de Wolverine que Mangold décide de mettre sur pellicule, et le plus merveilleux dans l’histoire, c’est que sa vision correspond à la vision de la plupart des fans de Wolvie : on se retrouve donc devant une péloche violente où les scènes intimistes l’emportent sur les explosions ; une sorte de drame mutant oscillant entre western, road movie et slasher. Un petit bijou qui, dans les mains d’un autre, aurait été certainement charcuté et re-shooté peu de temps avant sa sortie au nom de la « glorieuse Déesse commerciale » ! Car oui, "Logan" est violent : les scènes d’action sont extrêmement efficaces car brutales et viscérales. Les têtes tombent au sol, les membres sont tranchés et les chairs sont déchiquetées : les griffes en adamantium font des ravages, et la caméra nous montre le carnage sans concession pour une classification R hautement méritée tant on n’avait pu assister à un spectacle aussi puissant dans un film de super-héros depuis belle lurette ! Mais, aussi réussies soit-elles, les séquences d’actions ne sont pas les plus importantes du film, Mangold préférant privilégier l’émotion à l’action, ce qui fait que son métrage est plus centré sur l’homme que sur le super-héros (d’où le nom de Wolverine absent dans le titre) : un homme au bout du rouleau, qui a perdu ses valeurs et son entourage, qui ne croit plus en rien (que ce soit en lui-même ou en les autres) et qui a presque cessé de vivre, attendant patiemment que la grande faucheuse vienne le chercher. Malgré tout, il continue de s’occuper de celui qui demeurera à jamais la personne qu’il aura le plus respecté dans sa vie : Charles Xavier. L’amitié qui unit les deux hommes est un lien très puissant qui nous est exposé ici sans honte avec même une certaine pudeur : ils se soutiennent mutuellement dans leur dégénérescence et les voir diminués, alors qu’on les a connus au summum de leur force, constitue quelque chose de très touchant. Malgré la maladie ou la violence qui les habitent, ils louent toujours la vie et éprouvent toujours de l’espoir : jamais un film ne nous aura montré les mutants aussi humains. Une belle leçon de vie. A côté de cela, nous avons l’arrivée tonitruante dans leur vie de la petite Laura (alias X-23 pour les Marvelistes puristes), une fillette qui a subit elle aussi le projet X et qui fait figure de mini-Wolvie : si sont aîné est connu pour sa brutalité sauvage, celle de Laura n’a rien a lui envier tant elle compense son manque de puissance (et encore : cela est relatif !) par sa grande vélocité. Les voir combattre côte à côte relève du spectacle barbare jouissif qui n’est pas sans rappeler les combats de gladiateurs de l’antiquité. Autre originalité du film : le contexte. En effet, nous sommes en 2029, plus aucun mutant n’a été détecté ou est né depuis 25 ans, les autres ayant été enfermés ou exterminés, et un très petit nombre se cache (prouvant définitivement la non filiation du film avec les autres de la saga X-Men : dans "X-Men : Days of Future Past", l’Institut Xavier est toujours fréquenté par de jeunes élèves mutants en 2023). Et malgré cela, la société ne pouvait se passer de ces fabuleuses capacités :
le gouvernement a décidé de fabriquer lui-même ses propres mutants pour, ô surprise, se composer une petite armée de super soldats. Malheureusement, l’expérience foire et il se voit « obligé » de se débarrasser de ses « enfants »
. Tout comme dans les comics, l’ombre de l’Holocauste plane sur le récit qui se voit emprunt d’une certaine maturité ; ce qui lui permet d’accentuer l’évolution humaniste des personnages (
Xavier aura enfin la conviction d’avoir réussi son pari sur Logan, ce dernier va retrouver son héroïsme d’antan au contact de Laura, tandis que elle, elle va découvrir une sorte d’amour familial qu’elle n’a jamais connu
) et de provoquer facilement l’empathie nécessaire des spectateurs pour les apprécier. Au milieu de tout ça, Hugh Jackman est parfait et termine en beauté sa dernière incarnation du mutant aux griffes d’Adamantium : il peut largement « trancher dans le vif » sans se retenir pour nous livrer la meilleure représentation du personnage dont tous les fans rêvaient. Toujours fidèle, Patrick Stewart nous livre une prestation inattendue : le célèbre professeur Charles Xavier a tendance a devenir une sorte de papy rigolard et malicieux qui n’hésite pas à recourir encore une fois à ses monstrueux pouvoirs qu’il a de plus en plus de mal à contrôler pour venir au secours de ses proches. Un très beau rôle émouvant donc. Mais LA révélation du film, c’est bien sûr Dafne Keen qui incarne la petite Laura : petite sauvageonne au grand cœur particulièrement touchante, elle est incroyable de justesse et convaincante à 500%. Mieux : dans le genre fillette hardcore, elle arrive même à détrôner la p’tite Hit-Girl de "Kick-Ass" ! Une révélation je vous dis : j’ai hâte de la voir dans d’autres rôles. Avec "Logan", James Mangold a réussi un pari insensé : magnifique chant du cygne du mutant borderline le plus apprécié de l’univers Marvel, ce film restera dans les annales comme un film de super-héros unique. Violent, dramatique mais aussi léger, il apporte une conclusion magnifique tout en nous provoquant un énorme pincement au cœur…mais c’est ce qui fait sa grande force ! Un ultime baroud d’honneur parfaitement interprété par Hugh Jackman, qui sera à jamais James « Logan » Howlett, à jamais l’Arme X, à jamais Wolverine ! Merci….mille fois MERCI !!