Loin d'être un passionné de NFL, l'idée d'évoquer les traumatismes, voire les morts provoqués par ce sport d'une importance exceptionnelle aux États-Unis était intrigante, laissant espérer une dimension critique, voire une remise en cause d'un pays prêt à tout pour faire fonctionner son capitalisme forcené. C'est en partie le cas durant la première moitié, où l'aveuglement, voire le mensonge assumé d'une ligue trop préoccupée par les intérêts financiers pour accepter le scandale sont évoqués, mais surtout la volonté d'un homme, totalement extérieur à ces enjeux, à vouloir faire éclater la vérité au nom de la science et de la santé des joueurs. Écrit comme cela, on penserait presque à John Ford ou Frank Capra : seulement, nous sommes en 2015 et le septième art a perdu beaucoup de sa superbe, à l'image d'un film correctement emballé mais souvent aseptisé, résolument moral et se sentant obligé de rajouter une histoire d'amour peu captivante, la personnalité presque autistique du docteur Omalu prenant également beaucoup de place. Alors que le sujet est original, la forme, le déroulement donne une impression de déjà vu (avec, peut-être, un peu plus de noirceur ici), la dimension médicale et les obstacles pour atteindre le but final étant toutefois décrits convenablement. On ne s'ennuie pas (trop), sans se passionner non plus, à l'image d'un Will Smith convenable mais cherchant manifestement (trop) la prestation la plus « oscarisable » possible : pas de bol, même pas de nomination, et ce n'est pas un scandale, celui-ci ayant visiblement fait en sorte que personne ne puisse lui faire de l'ombre côté seconds rôles, à la vague exception, peut-être, d'Alec Baldwin et surtout Albert Brooks dans l'un des rares protagonistes ayant un minimum de personnalité. Cela serait toutefois un peu mieux passé s'il n'y avait pas ce dernier tiers
« repentant », où l'Amérique retrouve in extremis sa grandeur, son intégrité pour célébrer le courageux combat de notre héros, qui souhaitera, bien sûr, garder sa liberté en refusant de travailler pour le gouvernement
... Après, je le répète : ce n'est pas inintéressant, notamment pour moi qui ignorais tout de cette histoire. Le côté « David contre Goliath » est, comme souvent, plutôt efficace. Mais surtout un biopic sans grande personnalité, beaucoup moins audacieux qu'il ne semblait le prétendre et donc finalement très politiquement correct : dommage.