Le meilleur film d’un génie absolu, et l’un des grands chefs-d’œuvre de l’Histoire du cinéma. Rien que ça ! C’est donc peu dire que vous manquez une chose essentielle de notre monde si vous ne l’avez pas vu. Après Les Lumières de la ville et Les Temps Modernes (qui étaient déjà de tels chefs-d’œuvre qu’on eut du mal à croire qu’il ait pu les surpasser), Charlie Chaplin s’attaque en 1940 au pire tyran qui ait jamais souillé le monde de sa présence, avec ce pari fou de le tourner en dérision et de faire rire, malgré la tragédie qui est en train de se dérouler (la Seconde Guerre mondiale ne fait que commencer). Chaplin et Hitler sont alors les personnes les plus connues du monde : ils n’ont que quatre jours d’écart et ont en commun cette petite moustache, emblématique de l’un comme de l’autre.
« Toute ressemblance entre le barbier juif et le dictateur ne serait que pure coïncidence. »
À travers Le Dictateur, nous assistons à un duel au sommet : un duel entre ces deux moustachus qui ont conquis le monde, l’un en le faisant rire avec son génie créatif, l’autre en le terrorisant avec sa folie destructrice – un duel au sommet entre le Bien et le Mal. Et dans ce film, comme dans le monde en définitive, le Bien triomphe du Mal : au moment même où Hitler livre une guerre sanguinaire, Chaplin lance un des plus beaux appels à la paix ; alors qu’Hitler a sali la musique de Wagner, Chaplin la réhabilite, en l’illuminant de sa phrase finale :
« Look up, Hannah ! Look up… »
Un Chaplin au sommet de son art, proprement touché par la grâce (son amour pour Paulette Goddard, la sublime et céleste Hannah avec qui il partage l’affiche dans ce film, n’y est peut-être pas pour rien), dans des scènes devenues cultes et toutes plus éblouissantes les unes que les autres
– pour n’en citer que quelques-unes : la mythique scène du globe, le discours en charabia d’Hynkel, le pudding, l’incroyable chorégraphie du barbier sur la Danse hongroise n°5 de Brahms… et bien sûr, le discours final du barbier, véritable plaidoyer de Chaplin pour l’espoir (« Hope »), l’amour et la paix universelle, un discours intemporel et plus que jamais d’actualité, que chaque être humain devrait écouter et réécouter pour que le monde soit meilleur.
La portée politique et symbolique de ce long-métrage, les circonstances historiques qui entourent sa réalisation et sa diffusion, ainsi que le génie qui jaillit avec évidence tout au long de ces deux heures, font de ce film une œuvre essentielle, dont l’aura dépasse largement le champ du cinéma. Le Dictateur est bien plus qu’un film : c’est un moment dans l’histoire de l’humanité…