J’ai adoré, j’ai été scotché par ce film ambitieux et oppressant et magnifique
Ce film aurait pu être un chef d’œuvre, mais quoi qu’il en soit on ne peut que saluer le courage, la persévérance de Mélanie Laurent ; Car il y a bien un travail de mise en scène soigné qui crée une réelle atmosphère : une pesanteur s’installe, le poids du passé de chaque personnage se fait ressentir comme quelque chose prêt à exploser/imploser, accablé par leur destin, mais luttant contre la fatalité des déterminismes sociaux et psychologiques, s’accrochant à la vie, à leur vouloir vivre donnant un sens coute que coute / envers et contre tout à leur existence , animé par cette lueur d’espoir aussi blafarde soit elle, elle est là , toujours là (et Mélanie Laurent touche de manière délicate à l’universelle condition humaine à travers la ténacité de ses personnages auxquels nous nous attachons, car au fil du déroulement du film de ses péripéties, une psychologie des profondeurs s’installe , dans ce chaos, dans ce marasme glauque .) Et quand vient enfin ce moment de légèreté et de joie, cruellement la réalisatrice vient le briser, lorsque par la suite elle montre le visage meurtri et la position atroce du corps mort dans la souffrance et la déchirure du viol. C’est le sentiment de désespoir et de révolte qui submerge le spectateur « j’espère qu’il va tous les buter », mais cela ne sera pas aussi simple, pas de happy end vengeresque, Cependant, ouf cette dernière image de l’actrice, dans ce flou harmonieux seventies des films à la caméra tellement libérateur, car le film est bien écrasant et addictif à la fois. Si le film semble commencer comme un film de petites frappes et de règlement de compte de maffieux , c’est que très vite le film et là réside toute sa beauté et finesse, prend un caractère existentiel lugubre à travers la force des portraits psychologiques des personnages, tels que Mélanie Laurent nous les dépeint parfois avec lenteur dans des scènes assez statiques de la vie quotidienne comme au motel, mais aussi entrecoupées par des séquences brèves et intenses comme lorsque Raquel va chercher sa fille, et le coup de feu qui suit, la réaction tout à fait légitime de Roy
On ne peut que saluer le travail de Mélanie Laurent qui n’est pas loin de devenir une grande réalisatrice ,se détachant de la médiocrité arrogante des ersatz du pseudo cinéma français toujours stratifié dans la nouvelle vague ; Mélanie Laurent se rapproche là du cinéma américain d’un Scott Cooper par exemple
Mais ce que l’on peut reprocher, c’est peut être un travail plus précis au montage, créant quelques insuffisances scénaristiques, des scènes trop statiques et donc trop démonstratives de larmes par exemple, celle de la mère puis ensuite plus tard de la fille, avec des cadrages trop posés, donc aussi des clichés, mais qui restent tout à fait pardonnables tant la volonté de la mise en scène parfaite reste palpable de la part de la réalisatrice, malgré peut certains choix au montage qui nuisent quelque peu à la cohérence du film. Je dis bravo Mélanie Laurent qui ne doit absolument pas s’arrêter de travailler en tant que réalisatrice, vivement le prochain film. Un des meilleurs films de l’année français indéniablement