Ready Player One, nouveau film de Steven Spielberg, est non seulement le retour du réalisateur virtuose qu'on ne présente plus au genre de l'aventure-SF et également l'adaptation du roman éponyme d'Enerst Cline, ayant acquis un statut culte ces dernières années. l'auteur condensait et reprenait tout un pan de l'histoire de la pop-culture pour l'implémenter dans une histoire à l'univers singulier et au ton enchanteur, titillant la fibre nostalgique là où ça fait du bien pour un résultat complètement immersif. Ernest Cline voulait Spielberg pour en faire l'adaptation (après tout, qui de mieux qualifié qu'une des grosses sources d'inspiration de l'auteur, et un des grands architectes du paysage cinématographique populaire des dernières décennies ?) impressionné par ce futur dystopique de 2045, où Internet a évolué et est remplacé par l'OASIS, un univers en réalité virtuelle où les seules limites de création sont l'imagination. A la fois un jeu de rôle multijoueur, la base de l'économie mondiale et une échappatoire du quotidien pour l'humanité, ce paradis vidéoludique où chaque individu peut devenir ce qu'il souhaite est la création de James Halliday, le plus grand concepteur de jeux vidéos de tous les temps, décédé en léguant derrière lui la promesse d'un demi-milliard de dollars et du contrôle total de l'OASIS à quiconque parviendra à trouver l'"Easter Egg", au moyen de 3 clés cachées et disséminées dans cet univers virtuel. Wade Watts aka Parzival, un orphelin des quartiers défavorisés de Colombus et interprété par un Tye Sheridan exemplaire, se retrouve embarqué dans cette course épique vers le futur de l'humanité, face à une organisation privée avide de contrôle nommée IOI. Le spectateur est rapidement plongé dans cet univers virtuel incroyable, où Spielberg n'a rien perdu de sa maestria en terme de narration et de réalisation : c'est virtuose, prenant, ébouriffant et ahurissant. On se prend une claque cosmique dès les 20 premières minutes, où le réalisateur nous montre qui est le patron, au moyen d'une présentation de l'OASIS et d'une course de voitures absolument incroyables, du jamais-vu tout simplement. Le monde dépeint fourmille de détails, de clins d'oeil, de références à des oeuvres (cinématographiques ou vidéoludiques) de ces 40 dernières années : Halo, Gears of War, Overwatch, shining, Robocop, Chucky, King Kong, Spawn, Lara Croft, Terminator 2, Aliens, Street Fighter, Superman, Men in Black, Christine, Star Trek, Mortal Kombat, Borderlands, Retour vers le Futur, Jurassic Park, Gundam, Perfect Dark, Ninja Turtles, Duke Nukem, Star Wars, Speed Racer, Starship Troopers, Batman, Citizen Kane et j'en passe, autant d'éléments présents de manière importante ou quasi indiscernable, et ce jamais de manière gratuite ou trop appuyée. Tout le monde n'aura pas forcément les bases ni le bagage nécessaire pour capter la richesse de ce qui nous est présenté, mais rien n'impacte la compréhension du film car mis à part quelques références plus explicites et servant toujours le récit ou la caractérisation des personnages, Ready Player One n'abuse en rien de cet héritage culturel et ne souhaite pas surfer sur une vague nostalgique pour en faire un film testament. Comme un Last Action Hero, tout ceci participe à une cohésion d'un univers virtuel paradoxalement vivant. Futuriste oui, mais ancré dans notre réalité et dans une démarche plausible de caractérisation de l'OASIS, sans volonté de sublimer des éléments comme la Delorean, la moto d'Akira ou le Géant de Fer, mais de les faire exister en tant que tel comme tant d'autres constituants de l'univers du film. Ready Player One enchaîne les morceaux de bravoure (à l'image de tout l'acte final, spectaculaire, gargantuesque et jouissif), les retournements de situation, les séquences de découverte de l'OASIS, les moments plus intimistes (notamment une scène de danse et de jeu de séduction vraiment enivrante) ou bien encore les mises en abîme. Concernant ces dernières, sachez que la meilleure scène du film relève du génie, tant en terme de construction que d'utilisation...absolument unique et inoubliable Visuellement, le film est une merveille totale, retranscrivant toute une grammaire et scénographie de dépiction d'univers vidéoludique, dans des décors ultra détaillés et magnifiés par les mouvements de caméra fluides de Tonton Spielberg. Le monde est tangible et terriblement accrocheur, peuplé par des avatars de joueurs tous plus riches les uns que les autres. La Performance Capture est fabuleuse,arrivant à retransmettre les mimiques et émotions de tous les acteurs à leurs avatars respectifs,si bien que les passages entre le monde réel et virtuel est organique,sans coupure ou impression de regarder des cinématiques : c'est terriblement impressionnant (et cela vient de quelqu'un de septique concernant certains designs éloignés de ceux du roman, et dont tous les doutes ont été balayés en 2 minutes Tye Sheridan, héros Spielbergien par excellence, porte le film à merveille. Olivia Cooke campe une Art3mis forte, déterminée, charmante et attachante. Ben Mendelsohn est excellent en Nolan Sorrento, l'antagoniste principal, présenté comme le corporatiste et rapace ultime, à défaut peut-être d'être complètement menaçant comme dans le roman éponyme. Mark Rylance, Simon Pegg, Hannah John-Kamen Lena Waithe, TJ Miller...le reste de la distribution est également très très bon. Alan Silvestri, déjà derrière les bandes originales de classiques comme Retour vers le Futur, Preadtor et Forrest Gump, revient composer une très bonne OST,qui ne restera peut-être pas dans les mémoires mais qui gratifie Ready Player One d'un excellent thème musical principal puis la bande originale complètement dingue (bee Gees, joan jett, van Halen et blondie) et de quelques variations vraiment agréables,nous rappelant l'époque Amblin. Presque parfait, le film n'évite pas quelques facilités (déjà présentes dans le récit de base) et autres raccourcis narratifs ou de développement de personnages affectant la narration de manière très peu significative avant le dernier acte. On pourrait également regretter l'absence de moments d'émotion vraiment poignants (bien qu'une ou 2 scènes vers la fin impliquant Rylance soient assez chargées de ce point de vue, et sublimées par la musique de Silvestri). Bref, quelques défauts extrêmement mineurs, là où Spielberg réussit à nouveau à nous faire croire à l'impossible, à faire de son film une représentation parfaite de ce qu'est la quintessence d'un jeu vidéo, en délivrant un message simple mais très actuel, à travers une aventure trépidante et aux personnages attachants. Sans aucune doute un des films les plus impressionnants jamais créés, Ready Player One est déjà un film culte, un véritable uppercut multi-référentiel, un grand roller-coaster visuel extraordinaire, une déclaration d'amour aux jeux vidéos, au cinéma, à la pop culture et une ode à l'imaginaire, à l'incroyable. A l'instar d'un Retour vers le Futur ou d'un Jurassic Park, Ready Player One fait partie de ces très grands divertissements innovants qui nous marque et qu'on oubliera pas de sitôt