Le duo Paul Greengrass / Matt Damon rempile pour ce quatrième opus qui nous raconte la suite de l'histoire de l'ancien assassin amnésique le plus connu de la CIA : Jason Bourne. Je dis bien quatrième car je ne prends pas en compte le film de 2012 avec Jeremy Renner, car ce Jason Bourne en fait de même (ce qui n'est pas pour me déplaire). Commençons par parler des attentes : forcément un nouveau Jason Bourne avec Matt Damon 9 ans plus tard était attendu. Ceci étant dit, la promotion du film à été relativement légère avec une seule bande annonce de plus 30 secondes. Par conséquent le scénario était assez flou et on savait juste qu'on allait voir un nouveau Jason Bourne mais pas grand chose d'autre. Et on comprend mieux quand on voit le film car le scénario est le gros problème. Pourquoi ? Et bien parce que c'est du déjà vu, un peu à la Star Wars VII. Mais est-ce que ça marche ? Et bien la réponse est oui dans 80% des cas. Après tout on retrouve le schéma narratif d'un Jason Bourne, certes ça peut paraître redondant mais forcé de constater que même les trois premiers avaient le même schéma narratif global : la CIA qui poursuit Bourne, un vieux big boss lié au passé de Bourne, un "atout" (tueur de la CIA) envoyé traqué Bourne, au moins une course poursuite d'une durée importante et puis enfin un affrontement avec le fameux "atout" (il y a d'autres ressemblances mais c'est le gros en tout cas). Ici le vieux big boss de la CIA est porté à l'écran par Tommy Lee Jones et "l'atout" par le français Vincent Cassel. Nous reviendrons sur eux pour parler des personnages/acteurs, pour revenir sur le scénario : certes c'est répétitif par rapport aux précédents mais c'est toujours aussi bien mis en scène et toujours aussi plaisant à regarder. En plus ce côté répétitif montre que ça ne s'arrête jamais, que quand une tête de "l'Agence" tombe, deux autres repoussent, et ça dans un sens c'est intéressant, et ça excuse une partie (je dis bien une partie) du recyclage du film. Maintenant il reste 20% du scénario où le recyclage ne fonctionne pas ou mal. Et puis quand le scénario essaye d'incorporer de nouvelles choses, notamment autour de notre monde virtuel qui gravite avec Internet, la plupart du temps ça ne passe pas. Notamment l'intrigue autour du personnage de Riz Ahmed : celui-ci joue en effet un Steve Jobs de contrefaçon et se voit doté des scènes les moins intéressantes. Reste que ce scénario est loin d'être ennuyant et fait bien son taff dans l'ensemble. Parlons maintenant des personnages et des acteurs : autant la prestation de Cassel en tueur froid et sans pitié est parfaite et son "atout" est de loin le meilleur de la saga, autant le personnage de Tommy Lee Jones m'a laissé perplexe... Le jeu de l'acteur n'y est pour rien mais de tous les persos c'est celui que je trouve le plus "recyclé", rien ne différencie ce directeur de la CIA des précédents, donc forcément ça en devient chiant par moment. C'est là que la petite nouvelle, Alicia Vikander, vient apporter un vent de fraîcheur. Sa prestation est bien moins impressionnante que dans Danish Girl (qui lui a valu un Oscar), mais encore une fois la faute à son personnage qui est écrit comme calculateur et sans grande émotion. Cependant, celui-ci est bien plus intéressant que le directeur de la CIA. Reste maintenant la tête d'affiche : Matt Damon. Celui-ci livre une prestation de qualité sans pour autant être inoubliable, il joue son rôle mais c'est tout. Après est-ce qu'on lui en demande plus ? Personnellement non et c'était un réel plaisir de le retrouver dans le rôle. Pour ce qui est de la réalisation, Paul Greengrass est de retour en pleine forme et marque un point fort du film ! Malgré certains moments un peu trop illisible, notamment dans la dernière scène de course poursuite, tout le reste est extrêmement bien rythmé et dans plusieurs scènes le suspens est présent jusqu'au bout : on se demande vraiment ce qui va arriver, au final on a souvent raison mais il parvient à nous faire douter et ça c'est excellent. Mention spécial pour le combat de fin entre Damon et Cassel qui est parfaitement ficelé, à la fois brutal et esthétique : le meilleur combat de la saga. Pour terminer, parlons rapidement des décors : ils nous font voyager, ils sont nombreux et de qualités, avec cela dit moins de variété sur la fin avec beaucoup de villes. Rien à redire sur les costumes non plus. Pour la musique en revanche, j'ai eu quelques impressions de déjà vu lors des scènes d'action. Ceci étant dit, l'apparition du thème principal à la fin m'a fait très plaisir, tout comme le générique qui suivit à la fois stylisé et réussi. Et voilà c'est tout pour ce Jason Bourne. En résumé : si vous allez le voir pour voir du très neuf, n'y allez pas, vous seriez probablement dessus, essayez tout de même de le voir pour vous faire un avis. Sinon, si vous n'avez pas peur de revoir le même schéma narratif globale et que vous voulez revoir l'agent qui vous à fait vibrer il y a 9 ans : allez-y et profitez car la magie opère toujours même si elle est légèrement moins intense que dans les trois premiers volets. [Pour les plus courageux, je me permets une rapide comparaison avec le dernier gros film d'action-espionnage en date : Spectre. Que l'on soit claire : Spectre est bien plus mauvais que ne l'est Jason Bourne. Parce que oui l'idée de Spectre est plus originale et plus recherché mais elle très mal exploité. Spectre veut faire un traitement "old school", moins sombre et réaliste, mais il essaye quand même d'être sombre et réaliste pour coller à Casino Royale ou encore à Skyfall (qui sont deux films que j'adore). Bref il ne sait pas ce qu'il veut, ce qu'il fait, et ça se voit. Alors que Jason Bourne sait ce qu'il fait et sait où il va, certes il n'invente pas grand chose et ne fait en partie que ce qu'il sait déjà faire mais au moins il le fait bien. Et au final, ça donne un bien meilleur film. Et puis à un moment c'est quand même ridicule que Blofeld dans Spectre soit plus oubliable que "l'atout" de Vincent Cassel (et pourtant j'adore Christoph Waltz) ...]