Je tire mon chapeau aux producteurs de ce long-métrage et à Philippe Le Guay, le réalisateur. Oser proposer un film sur le vieillissement, la dégénérescence dans un contexte où tout le monde veut du divertissement, moi, je dis, chapeau ! Il est certain que Jean Rochefort et Sandrine Kiberlain, vedettes d'une suite du "Transporteur", ça risque de ne pas le faire... Eux se contentent de mettre tout leur talent dans un film délicat et fragile, sur un sujet de société souvent tu (tout du moins au cinéma) : la grande vieillesse et ses aléas. Nous sommes dans une production, haut de gamme donc, où les personnes âgées croupissant dans une mansarde avec le minimum ou dans une maison de retraite bas de gamme ne se reconnaîtront pas complètement dans le personnage de Claude, ex industriel du papier, vivant dans une splendide maison non loin du lac d'Annecy. A lui les aide-ménagères à temps plein et qui en bave pas mal, voir les voyages en avion en Floride, ce qui permet sans doute de donner un peu de légèreté à cette situation pas toujours drôle. Sa fille, Carole, dirige l'entreprise familiale, quoique rachetée par des canadiens. Elle se partage entre l'usine, son devoir filial et un amant. Jongler avec tout cela n'est guère aisé, surtout que le père au cerveau partant en marmelade déraille pas mal. Le film fonctionne très bien dans sa description du quotidien de ses deux personnages principaux. La réalité vacillante du père nous est proposée avec tout ce qu'il faut de méandres, pour que le spectateur pénètre petit à petit son monde intérieur chaotique. Malgré quelques plongées dans l'enfance du vieillard peu convaincantes et un vague suspens peut-être pas essentiel, Claude passionne à l'écran car il bénéficie d'une réalisation sur le fil du rasoir, qui ne bascule jamais dans le pathétique ni dans le franchement comique. Bref, un très bon film dramatique